Duras (Marguerite Donnadieu, dite Marguerite)
Publié le 01/04/2019
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Duras (Marguerite Donnadieu, dite Marguerite), 1914 -1996, née à Gia Dinh (Viêt-nam), écrivain et cinéaste français. Née dans l'Indochine de la colonisation française, près de Saigon, elle y vécut son enfance et son adolescence auprès de sa mère, qui devait être l'un des personnages majeurs de son oeuvre. Installée en France en 1932, elle fit des études de droit et de mathématiques. Après la guerre, pendant laquelle elle participa à la Résistance, elle se consacra à l'écriture, malgré des activités irrégulières dans le domaine de l'édition et du journalisme. Son troisième roman, Un barrage contre le Pacifique (1950), inspiré du drame vécu par sa mère qui, trompée par les colons français, acquit des terrains en bord de mer et tenta en vain de les transformer en champs cultivables en luttant contre l'océan, la fit connaître. Le suivant, le Square (1955), où des gens dialoguent à propos de tout et de rien, la fit classer, sans doute à tort, parmi les tenants du « nouveau roman », dont les principaux représentants cherchaient à en finir avec une littérature de sentiments.
Écrire la passion.
Au contraire, tout en se passant des techniques romanesques traditionnelles, Duras exprime des émotions souterraines, toutes relatives à la passion, dans une langue qui utilise des phrases courtes et obsédantes. L'amour, son attente, son accomplissement, sa mémoire, constituent le centre même de ses récits tantôt autobiographiques (l'Amant, 1984), tantôt inspirés de souvenirs liés à ses années passées en Indochine (le Ravissement de Lol V. Stein, 1964 ; le Vice-consul, 1965), ou bien parfois nés de l'observation de la réalité sociale et du fait divers, puis conduits d'une manière inattendue (Moderato cantabile, 1958 ; la Pluie d'été, 1990). Des livres très brefs - descriptions dilatées d'un court moment ou textes de théâtre à une voix (la Maladie de la mort, 1982) -complètent cette oeuvre littéraire abondante.
Celle-ci ne peut être dissociée d'une oeuvre cinématographique commencée avec le scénario de Hiroshima mon amour (Resnais, 1960) et poursuivie avec des réalisations souvent considérées d'avant-garde, où le texte est primordial : la Musica (1966), India Song (1975), le Camion (1977), les Enfants (1985)... ni d'une oeuvre théâtrale représentée dans le monde entier, où la scène est avant tout le lieu de la parole amoureuse : l'Amante anglaise (1968), Des journées entières dans les arbres (1975), l'Éden-Cinéma (1977), Savannah Bay (1983)...
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)DURAS (Marguerite Donnadieu, dite
Marguerite), romancière et metteur en
scène de théâtre et de cinéma française
(Gia Dinh, Cochinchine, 1914).
Son
enfance, elle la raconte dans l'un de ses
premiers romans, Un barrage contre le
Pacifique ( 19 50).
Jusqu'à 1' adolescence,
elle vit aux bords du Mékong, à Calcutta,
à Bombay, suivant les déplacements de
son père, fonctionnaire de l'État fran
çais.
Elle le perd quand elle est encore
très jeune, et sa mère, institutrice, se
ruine dans une mauvaise affaire de
terrains incultivables.
Elle a deux
frères; l'un est envoyé en France à la
mort du père; l'autre, Joseph, avec qui
elle a passé son enfance insouciante et
�auvageonne, meurt pendant la guerre.
Etre du ressassement, Marguerite Duras
revient souvent à cette vie, à ses lieux,
à sa chaleur hunlide : elle y situera
(l'Amant, 1984) la « scène primitive »
où toutes ses fictions prennent source.
Son écriture est immobile, conm1e la
carnéra quand elle fait des films.
Film
ou roman, elle part d'elle-même, rassem
blement d'énergies à projeter de ce point
unique ( « Le cinéma que je fais, je le fais
au même endroit que mes livres.
C'est
ce que j'appelle l'endroit de la passion.
Là où on est sourd et aveugle.
Enfin,
j'essaie d'être là le plus qu'il est possi
ble »).
Elle a pourtant commencé par la
traditionne �le narration (les Impudents,
1943 ; la Vze tranquille, 1944 ; le Marin
de Gilbraltar, 1952).
On peut dire qu'elle
s'est trouvée à partir des Petits Chevaux
de Tarquinia (1953).
Le fondement de
l'acte d'écrire, elle le si tue dans une
femme qu'elle a, de loin, connue :
Anne-Marie Stretter, pour qui un jeune
ho1mne s'est suicidé, par arnour.
Et ce
� :es � pas une banalité de dire que
l ecnture est, pour Marguerite Duras, un
acte d'a
rn
our (Moderato cantabile, 1958) .
condensations, ses ellipses, ses person
nages fantômes, vers ce « lieu idéal »
qui est celui de la parole (Savannah Bay,
1982 ; la Maladie de la mort, 1983 ; la
Douleur, 1985).
Aussi,
de femme en fenune, c'est le
même personnage, qu'il se nomme Véra
Baxter, Aurélia Steiner, Agatha, Loi
V.
Stein, Nathalie Granger.
Ce sont les
mêmes lieux aussi : de Trouville à
Melbourne et Vancouver; des souks de
Mé nihn ontant à Calcutta ; des rives du
Mékong aux peupliers de Bercy; de la
Seine au Gange.
Lieux souvent déserts,
désertés, lieux de la « vacance » , villes
d'eaux, casinos, hôtels des bains.
Les
titres de ses récits se ressentent de cette
sensibilité à l'espace : une maison est le
point de départ de l'Après-Midi de
monsieur Andesmas ( 1962) ; Hiroshima,
mon amour (à partir duquel Alain
Resnais a réalisé son filin, 1959) ; la
Femme du Gange (1973).
Ses textes
disent toujours la même donnée abomi
nable : la séparation entre les êtres, qui
passe par la demande d'arnour et se
répand dans le cri.
Raréfaction de l'écri
ture, silences sont à raison inverse de
l'intensification de l'appel : « J'aimerai
quiconque entendra que je crie » (les
Mains négatives, 1980).
On pourrait
croire que cette fixation a pour consé
quence l'absence de regard « politi
que ».
Or, Marguerite Duras est profon
dément « engagée » : en témoignent les
articles écrits
pour France Observateur
(regroupés dans Outside, 1981) et pour
Libération (l'Été 80, 1981).
Très atten
tive aux autres, elle part, souvent, d'une
lettre, d'un appel téléphonique, d'une
petite annonce, d'une bribe de conversa
tion entendue dans un café.
À l'immobi
lité dans les personnages et dans les
lieux répond une extrême mobilité dans
les genres empruntés; elle circule du
cinéma au théâtre, du roman au scéna
rio.
Ainsi le Ravissement de Lol V.
Stein
(roman, 1964) passe au cinéma : India
Song (1974), dont la musique, de Carlos
d'Alessio, provoque Ton nom de Venise
dans Calcutta désert ( 19 7 6).
Détruire,
dit-elle (pièce de théâtre et film, 1969)
est la suite du Vice-Consul (roman,
1965).
Les Mains négatives et Césarée
(1980) sont les plans abandonnés du
Navire-Night (film, 1978), qui exista
d'abord à l'état de nouvelle ; Agatha
( 1981) est un roman puis un film.
L'œuvre entière tend, à travers ses.
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