Devoir de Philosophie

Dom Juan étude du dénouement

Publié le 05/10/2024

Extrait du document

« LECTURE ANALYTIQUE REDIGEE : Dom Juan, acte V, scènes 5 et 6 I UN DENOUEMENT DES PLUS SPECTACULAIRES : 1. Le surnaturel est en partie à l’origine du caractère spectaculaire de ce dénouement : Le spectateur a son compte d’émotions ici car Dieu fait son apparition sur scène : c’est ce qu’on appelle un « Deus ex machina » (procédé de machinerie qui remonte au théâtre antique et qui permettait de faire intervenir sur scène dieux et déesses.

Cette confrontation avec le sacré ne pouvait qu’impressionner le public. Précisons que cette présence du surnaturel répond au goût de l’époque pour les « pièces à machines » (pièces où l’on mettait en scène des événements surnaturels à l’aide de toute une série d’effets spéciaux, de « machines ».       2. Le surnaturel se manifeste d’abord par le biais des personnages : Le spectre est un fantôme, il incarne les forces de l’au-delà, il est le porte-parole du monde des morts et vient avertir DJ du châtiment qu’il encourt.

Il détient des pouvoirs surnaturels qui alimentent le spectaculaire : il se métamorphose comme l’indique la didascalie « change de figure », ne peut être atteint par l’épée de DJ et se volatilise dans les airs : « il s’envole » (c’est paradoxalement grâce à DJ que nous comprenons que cet être est immatériel).

Ces phénomènes qui nécessitaient le recours à des effets spéciaux, devaient arracher des cris d’étonnement au public de l’époque. La statue animée est un autre personnage surnaturel : un objet ne peut être doté de vie ; il s’agit de la statue d’un mort : on retrouve donc le motif du revenant ; les morts viennent régler leurs comptes avec DJ situation qui était propre à inspirer respect et recueillement. Le surnaturel se manifeste aussi par des phénomènes inexplicables : Les coups de tonnerre et la foudre qui s’abattent mentionnés dans les didascalies symbolisent la colère divine et supposaient le recours à toute une série de bruitages : la puissance divine s’impose de façon éclatante, spectaculaire. Les flammes correspondent à la représentation traditionnelle de l’enfer et sont aussi une source de spectaculaire : « il sort de grands feux de l’endroit où il est tombé » Autre phénomène surnaturel : celui de l’abîme qui s’ouvre sous les pieds de DJ et dans lequel il tombe : « la terre s’ouvre ».

On retrouve ici le motif de la descente aux enfers ainsi que celui de la chute Ces phénomènes sont mentionnés dans les didascalies ce qui prouve que le spectateur les voyait.

Les bruitages et jeux de lumière devaient donc matérialiser la présence de Dieu sur scène.

On assiste à une confrontation entre l’humain et le divin qui donne force et intensité à cette scène. Une scène terrifiante : Le public de l’époque ne pouvait être qu’effrayé par cette scène : - C’est d’abord la présence de revenants qui contribue à inspirer la terreur : le spectre, la statue du commandeur, la faux qui symbolise la mort.

Ne pas oublier qu’au XVIIème, on a très peur de la mort ; c’est un thème fréquent dans la littérature et la peinture baroques cf les vanités, genre pictural qui représente la fuite du temps et la mort. - Le caractère terrifiant de cette scène tient aussi au fait qu’on assiste ici à la damnation de DJ puisqu’il sombre en enfer. On retrouve ici tous les symboles de l’enfer : L’abîme qui s’ouvre et happe littéralement le personnage : DJ est littéralement dévoré par la terre Le feu avec le champ lexical qui lui correspond : « feu invisible », « brasier ardent», « grands feux » : DJ brûle sur scène sous les yeux ébahis des spectateurs.

Notons la gradation qui fait que le feu d’invisible devient visible et finit par envahir l’espace scénique… Or, ce qui est saisissant c’est que DJ lui-même nous décrit les sensations qu’il éprouve ; le verbe « je brûle » avec le pronom de la 1ère personne et le présent de durée permettent une identification du spectateur au personnage et nous donnent l’impression de sombrer en enfer en même temps que DJ… Avec la référence à la sensation tactile nous ressentons très concrètement les effets de la damnation.

De plus cette souffrance terrible est éternelle.

Le spectateur est donc d’autant plus terrifié qu’il fait avec DJ l’expérience de la damnation. L’exclamation « Ô Ciel ! » a d’autant plus de poids qu’elle est prononcée par DJ un impie.

Elle fait écho à l’exclamation de Sganarelle et nous montre que désormais le libertin a bien eu la preuve de l’existence de Dieu même si cette rencontre avec Dieu est terrible.         Enfin, les réactions de Sganarelle, elles aussi ne font qu’accentuer ce caractère effrayant : Les phrases interrogatives expriment sa frayeur Ses exclamations : « Ô Ciel ! » Les impératifs de prière qu’il emploie pour que DJ se repente Or, il parvient bien sûr à communiquer son effroi au spectateur.

Moment qui doit inspirer une terreur sacrée. 3. Une scène de jugement dernier : Nous assistons, ici, au jugement dernier de DJ, moment que tous les chrétiens appréhendaient car selon eux, à notre mort, Dieu nous juge et décide si nous devons aller en enfer ou au paradis.

Le piège se referme sur DJ, l’heure du châtiment a sonné. Or, avant de le punir, Dieu lui rappelle tous les crimes qu’il a commis : chacun des pers surnaturels est là pour rappeler à DJ tous ses péchés.

Ici, le Ciel règle ses comptes avec DJ et dresse la liste de tous ses méfaits.   Premier péché auquel il est confronté : l’infidélité Le spectre qui apparaît d’abord sous les traits d’une femme voilée (cf didascalie) symbolise toutes les femmes qu’il a trompées et déshonorées ; on peut penser à Done Elvire qui porte le voile lors de sa dernière visite à DJ à l’acte IV ; la volonté de Dieu est de confronter le libertin à ses infidélités, à son inconstance. C’est aussi pour lui rappeler son infidélité et son mépris du mariage que symboliquement la statue lui demande sa main, à la scène 6 : « Donnez-moi la main ».

Il s’agit de lui remettre en mémoire le nombre de fois où il a profané le sacrement du mariage ; or, ici, la situation s’inverse : pour la première fois, c’est DJ qui donne la main ; on devine qu’il va payer pour toutes les humiliations qu’il a fait subir aux femmes qu’il a séduites puis abandonnées.  Autre crime : le péché d’orgueil et le refus d’admettre la mort DJ croit qu’il est tout-puissant ; ainsi, il a toujours voulu ignorer le temps et la mort : péché d’orgueil.

Il s’est donc toujours cru immortel en niant le temps et la mort, en vivant l’instant présent (on dit souvent que DJ est l’homme de l’instant ; il vit dans une sorte de présent éternel, homme sans mémoire qui nie la fuite du temps et la mort).

Or, ici, à travers l’allégorie du temps, Dieu renvoie DJ à son humanité, à sa faiblesse d’homme mortel ; la faux dont est munie l’allégorie du temps est censée lui rappeler que comme ses semblables il est mortel ; il s’agit bien de donner à DJ une leçon d’humilité.

Ici, on peut se référer au discours des prédicateurs de l’époque qui insistaient sur le caractère éphémère de la vie humaine, sur la fragilité des hommes, soumis au temps et à la mort.

Cette vision de l’homme comme d’un être foncièrement fragile et vulnérable apparaît dans les œuvres de Bossuet, en particulier dans son Sermon sur la mort et dans l’Oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre ( épouse du duc d’Orléans frère du roi)  Autre péché : l’incrédulité Dj incarne la figure de « l’esprit fort » (expression qu’on utilisait au XVIIème pour désigner les athées ) ; jusqu’au bout, il refuse de croire à l’existence du spectre, il reste sceptique :il croit reconnaître une voix et pense qu’il s’agit d’une plaisanterie de mauvais goût : « je crois connaître cette voix ». Utilisation à deux reprises du verbe « voir » : DJ ne croit que ce qu’il voit… Utilisation de son épée pour vérifier si c’est un « corps » ou un « esprit » Or, il va être puni de son incrédulité car c’est avec ses sens qu’il va faire l’épreuve de l’existence de Dieu.        Le meurtre commis par DJ : La statue du commandeur renvoie bien sûr DJ à l’assassinat qu’il a commis quelques années plus tôt ; le commandeur vient, ici, se venger de la mort que DJ lui a infligée ; mais la statue veut aussi se venger de l’affront que DJ lui a fait en l’invitant à souper : faute grave car c’est la transgression de la frontière séparant les vivants des morts (les morts ne mangent pas).

DJ est coupable d’avoir.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles