Dom Juan de Voltaire: ACTE III, SCÈNE 5 (DON JUAN, SGANARELLE)

« Le recul du comique Le comique est surtout lié à la présence deSganarelle.

Or, celui-ci n'apparaît qu'au début età la fin de l'acte.

La satire de la médecine,traditionnelle chez Molière, relève d'un comiqued'ordre social, et fait rapidement place à uneinterrogation sur Dieu.

Mais un sujet aussi graveserait peu supportable si la superstition du valetn'apportait une touche comique : Moine bourruet Loup-garou sont mis sur le même plan que le« Ciel », en ridiculisant beaucoup plus lepersonnage que la croyance (prudence deMolière ?).

La chute finale de Sganarelle achèvedans la farce ses raisonnements pleins de bonsens, écho populaire de la science et de laphilosophie du temps.

Quand le valet reparaît àla fin de l'acte, après s'être caché pendant larencontre de Don Juan avec les frères d'Elvire, lecomique reprend pour un instant ses droits, maisl'apparition du tombeau du Commandeur orientedéfinitivement la scène.

Un comique plus fin,plus inquiétant aussi, parsème cependant lesscènes précédentes : contraste malignementsouligné par Don Juan entre la piété du pauvreet sa condition misérable ; comique de situationprovoqué par le quiproquo lors de la rencontreavec Don Carlos. Le débat avec les hommes Pendant deux longues scènes, Don Juan estconfronté à ses pairs, pour de graves questionsd'honneur et de reconnaissance.

Il se comporteavec courage, générosité et noblesse, en dépitde sa ruse.

Don Juan, en effet, semble negarder, de son milieu et de son éducation, qu'unseul code, celui de l'honneur : il portespontanément secours à l'homme seul attaquépar des voleurs, il fait assaut de courtoisieverbale, et semble apprécier la magnanimité deDon Carlos.

Pourtant ce code connaît pour limitel'instinct de conservation, qui commande deruser ou de se taire quand il le faut, conduiteque Don Juan explicitera devant Sganarelle à l'acte V, après avoir payé de mots son propre père.

Quoi qu'il en soit, ce court instant, aucentre même de la pièce, où la conduite de Don Juan est conforme à celle que l'on attend d'un gentilhomme, évitede trop déshumaniser le personnage.. »