DOM JUAN DE MOLIERE: analyse de l'ACTE V de la pièce
Publié le 03/05/2011
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Nous sommes de nouveau dans un paysage campagnard, sans doute aux portes de la ville : ce qui expliquerait toutes les rencontres qui se produisent.
SCÈNE 1 : Coup de théâtre.
Les premiers mots de Don Louis, qu'on croyait bien ne plus revoir, stupéfient le spectateur. Molière a bien senti que ces interrogations successives étaient nécessaires, pour que l'auditoire pût en croire ses oreilles. Rien ne laissait présager un tel retournement, surtout pas les scènes 7 et 8 de l'acte IV. Aussi pressentons-nous bientôt que c'est un jeu de plus du virtuose... Mais cette aisance, cette facilité, cette désinvolture physique et morale donnent réellement le vertige. Nous sommes en présence de Lucifer. Don Juan, faisant l'hypocrite : l'indication scénique est capitale. Le comédien doit forcer, de façon que nous ne puissions pas croire à une métamorphose profonde, mais que nous admirions la maîtrise du héros diabolique.
«
La tirade donne l'impression d'un morceau d'auteur (Cf.
le monologue de Figaro).
On en critique la plausibilité à justetitre.
Cette intrusion dé l'auteur est exceptionnelle chez Molière.
L'analyse de l'hypocrisie.
(cf.
Tartuffe, II, 5).
L'hypocrisie est
a Un vice à la mode, ce qui justifie l'acharnement de Molièrecontre « le comble des abominations », et explique ses attaques contreles faux dévots (Tartuffe, Don Juan, Arsinoé),les faux savants(médecins),les faux raffinés (précieux), faux nobles (M.
Jourdain).
b Une puissance organisée :« Ce métier (...) d'abuser le monde »,« la profession d'hypocrite ».« On lie une société étroite avec tous les yens du parti (...)« Je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute la cabale ».
Cf.
Tartuffe « Font de dévotion métier etmarchandise ».
c Une puissance menaçante.« Je m'érigerai en censeur des actions d'autrui ».« Je ne pardonnerai jamais ».« Je ferai le vengeur des intérêts du Ciel».Et sous ce prétexte commode, je pousserai mes amis ».(Cf.
Arsinoé).Cf.
Tartuffe : sont prompts, vindicatifs, sans foi, pleins d'artifice.
« Et pour perdre quelqu'un couvrent insolemmentDe l'intérêt du ciel leur fier ressentiment ».
(v.
373-376)
d Une puissance inattaquable.« Ils se sont fait un bouclier du manteau de la religion; ils entraînent les vrais dévots (comme Orgon), qui « donnenthautement dans le panneau des grimaciers ».« C'est un art de qui l'imposture est toujours respectée, on n'ose rien dire contre elle ».
Le style.
a L'exaltation passionnée de la satire.C'est Molière qui parle.
Abondance de la tirade.
Mais c'est aussi Don Juan.b L'enthousiasme du joueur.«Et pourquoi non? »« Le personnage d'homme de bien est le meilleur », etc.c L'humour (propre à Don Juan).« Je ne quitterai point mes douces habitudes »« Je garderai tout doucement une haine irréconciliable ».d Le pittoresque de l'expression.« Quelques baissements de tête, un soupir mortifié et deux roulements d'yeux ».Les images (Cf.
Tartufe, I, 5) : l'hypocrisie « ferme la bouche à tous »; « donner dans le panneau »; « singer »; «masques »; « manteau de la religion »; « bouclier ».e La prose rythmée, parsemée de vers blancs.« Je ferai le vengeur des intérêts du Ciel ».« Je ne quitterai point mes douces habitudes ».
La postérité de cette satire.
— La Bruyère, Onuphre.— Marivaux, La vie de MarianneLe paysan parvenu (voir texte en fin de scène).
Ces deux romans s'attaquent aux personnages du faux dévot (quiaide Marianne avec l'intention d'en faire sa maîtresse) et du directeur avec une violence inégalée.
Les attaques des« philosophes » paraîtront légères à côté de cela..
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