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DOM Juan acte 1 scène 1 commentaire de texte

Publié le 02/10/2012

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juan
Sganarelle Eh ! mon pauvre Gusman, mon ami, tu ne sais pas encore, crois-moi, quel homme est Dom Juan. Gusman Je ne sais pas, de vrai, quel homme il peut être, s'il faut qu'il nous ait fait cette perfidie ; et je ne comprends point comme après tant d'amour et tant d'impatience témoignée, tant d'hommages pressants, de v½ux, de soupirs et de larmes, tant de lettres passionnées, de protestations ardentes et de serments réitérés, tant de transports enfin et tant d'emportements qu'il a fait paraître, jusqu'à forcer, dans sa passion, l'obstacle sacré d'un couvent, pour mettre Done Elvire en sa puissance, je ne comprends pas, dis-je, comme, après tout cela, il aurait le c½ur de pouvoir manquer à sa parole. Sganarelle Je n'ai pas grande peine à le comprendre, moi ; et si tu connaissais le pèlerin, tu trouverais la chose assez facile pour lui. Je ne dis pas qu'il ait changé de sentiments pour Done Elvire, je n'en ai point de certitude encore : tu sais que, par son ordre, je partis avant lui, et depuis son arrivée il ne m'a point entretenu ; mais, par précaution, je t'apprends, inter nos, que tu vois en Dom Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un Turc, un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, en pourceau d'Epicure, en vrai Sardanapale, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances chrétiennes qu'on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons. Tu me dis qu'il a épousé ta maîtresse : crois qu'il aurait plus fait pour sa passion, et qu'avec elle il aurait encore épousé toi, son chien et son chat. Un mariage ne lui coûte rien à contracter ; il ne se sert point d'autres pièges pour attraper les belles, et c'est un épouseur à toutes mains. Dame, demoiselle, bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop chaud ni de trop froid pour lui ; et si je te disais le nom de toutes celles qu'il a épousées en divers lieux, ce serait un chapitre à durer jusques au soir. Tu demeures surpris et changes de couleur à ce discours ; ce n'est là qu'une ébauche du personnage, et pour en achever le portrait, il faudrait bien d'autres coups de pinceau. Suffit qu'il faut que le courroux du Ciel l'accable quelque jour ; qu'il me vaudrait bien mieux d'être au diable que d'être à lui, et qu'il me fait voir tant d'horreurs, que je souhaiterais qu'il fût déjà je ne sais où. Mais un grand seigneur méchant homme est une terrible chose ; il faut que je lui sois fidèle, en dépit que j'en aie : la crainte en moi fait l'office du zèle, bride mes sentiments, et me réduit d'applaudir bien souvent à ce que mon âme déteste. Le voilà qui vient se promener dans ce palais : séparons-nous. Écoute au moins : je t'ai fait cette confidence avec franchise, et cela m'est sorti un peu bien vite de la bouche ; mais s'il fallait qu'il en vînt quelque chose à ses oreilles, je dirais hautement que tu aurais menti. Molière, Dom Juan, acte I, scène 1. N.B. : dans le commentaire, les lignes correspondent au livre Dom Juan, édition Bordas (Univers Des Lettres), n°210. Situation : Cette scène est une scène d'exposition : on apprend ce qu'il s'est passé et ce qu'il va se passer, les personnages principaux sont présentés, ainsi que l'intrigue et le dénouement. Elle s'ouvre sur Sganarelle, le valet de Dom Juan, et Gusman, l'écuyer d'Elvire. Sganarelle vient de faire l'éloge comique du tabac (attaqué par le Pape et la cabale des dévots). Puis on apprend la raison de la présence de Gusman : il veut savoir pourquoi Dom Juan est parti tout d'un coup alors qu'il vient de se marier. Sganarelle entretient un rapport de force dans cette scène : il joue au maître face à Gusman, c'est lui qui va lui apprendre les raisons de Dom Juan (→ comique car le valet jour au maître). Dom Juan est le personnage éponyme de la pièce car il lui a donné son nom. Son entrée est retardée afin de susciter la curiosité des spectateurs. Cela permet aussi aux autres personnages de donner des informa...
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« trouve rien de trop chaud ni de trop froid pour lui ; et si je te disais le nom de toutes celles qu'il a épousées en divers lieux, ce serait un chapitre à durer jusques au soir.

Tu demeures surpris et changes de couleur à ce discours ; ce n'est là qu'une ébauche du personnage, et pour en achever le portrait, il faudrait bien d'autres coups de pinceau.

Suffit qu'il faut que le courroux du Ciel l'accable quelque jour ; qu'il me vaudrait bien mieux d'être au diable que d'être à lui, et qu'il me fait voir tant d'horreurs, que je souhaiterais qu'il fût déjà je ne sais où.

Mais un grand seigneur méchant homme est une terrible chose ; il faut que je lui sois fidèle, en dépit que j'en aie : la crainte en moi fait l'office du zèle, bride mes sentiments, et me réduit d'applaudir bien souvent à ce que mon âme déteste.

Le voilà qui vient se promener dans ce palais : séparons-nous.

Écoute au moins : je t'ai fait cette confidence avec franchise, et cela m'est sorti un peu bien vite de la bouche ; mais s'il fallait qu'il en vînt quelque chose à ses oreilles, je dirais hautement que tu aurais menti. Molière, Dom Juan, acte I, scène 1. N.B.

: dans le commentaire, les lignes correspondent au livre Dom Juan, édition Bordas (Univers Des Lettres), n°210. Situation : Cette scène est une scène d'exposition : on apprend ce qu'il s'est passé et ce qu'il va se passer, les personnages principaux sont présentés, ainsi que l'intrigue et le dénouement. Elle s'ouvre sur Sganarelle, le valet de Dom Juan, et Gusman, l'écuyer d'Elvire. Sganarelle vient de faire l'éloge comique du tabac (attaqué par le Pape et la cabale des dévots).

Puis on apprend la raison de la présence de Gusman : il veut savoir pourquoi Dom Juan est parti tout d'un coup alors qu'il vient de se marier. Sganarelle entretient un rapport de force dans cette scène : il joue au maître face à Gusman, c'est lui qui va lui. »

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