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DIT DE LA FORCE DE L'AMOUR. Paul ÉLUARD

Publié le 16/09/2011

Extrait du document

amour

Entre tous mes tourments entre la mort et moi

Entre mon désespoir et la raison de vivre

Il y a l'injustice et ce malheur des hommes

Que je ne peux admettre il y a ma colère

Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne'

Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce2

Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir

Pour tous les innocents qui haïssent le mal

La lumière toujours est tout près de s'éteindre

La vie toujours s'apprête à devenir fumier

Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini

Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe

Et la chaleur aura raison des égoïstes

Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas

J'entends le feu parler en riant de tiédeur

J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert

Toi qui fus de ma chair la conscience sensible

Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé

Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure

Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre

Tu rêvais d'être libre et je te continue.

Paul ÉLUARD.

Vous ferez un commentaire composé de ce poème de Paul Éluard écrit quelques mois après la mort de sa femme Nusch. Vous pourrez, par exemple, vous demander comment par différents moyens stylistiques le poète exprime les nouvelles raisons de vivre qu'il trouve dans un engagement qui est fidélité à Nusch, réalisation de leur amour.

amour

« Le« Dit de la force de l'amour •, écrit quelques mois après la mort de sa seconde femme, Nusch, illustre bien l'attitude du poète.

La conscience du malheur des hommes écarte pour lui la tentation de la solitude et du désespoir.

Sa confiance dans l'homme, sa foi dans le triomphe final des forces du bien sur les forces du mal, vont dès lors le soutenir dans un engagement qui est fidélité â Nusch, réalisation de leur amour ...

« Nous ne vieUlirons pas ensemble Voici le jour En trop : Le temps déborde.

» C'est par ces accents tragiques qu'Éluard exprime son désespoir â la mort de « Nusch » (Maria Benz), celle dont la rencontre, en 1929, avait illuminé toute sa vie .

La voix du poète, telle qu'elle s'élève au début du« Dit de la force de l'amour •, trahit la même douleur.

Dès lors que la « raison de vivre • qu'était pour lui cet amour a disparu, comment ne pas s'abandonner au désespoir et ne pas souhaiter mourir â son tour? Pourtant, quelque chose s'op­ pose â cette tentation de la solitude et du malheur : « Il y a l'injustice et ce malheur des hommes Que je ne peux admettre il y a ma colère » ...

L'injustice, c'est tout d'abord l'injustice sociale, symbolisée par le « pain ,.

(vers 7).

C'est aussi, de manière plus générale, tous les malheurs de l'humanité, et en particulier la guerre, symbolisée par le « sang ,.

(vers 7).

Dans deux vers d'une très grande simplicité, soulignée par une construction parallèle, Éluard évoque deux épisodes récents qui l'ont profondément marqué : la guerre civile d'Espagne, au cours de laquelle il avait affirmé sa solidarité avec les forces républicaines (le bombardement de Guernica avait suscité en lui une réaction d'horreur et de colère), et la résistance grecque contre les forces d'occupation, pendant la Seconde Guerre mon­ diale -prolongée par la guerre civile qui avait éclaté vers la fin de 1946 (lâ encore, Éluard apportait son soutien actif aux guerrilleros grecs).

L'injustice, la guerre, le mal (vers 8) frappent des innocents dont Éluard ne peut que se sentir solidaire.

Dans un mouvement de révolte, il va soutenir leurs revendications fondamentales : le droit â la liberté (symbolisée par le «ciel ,.

-vers 7) et« le droit â l'espoir».. »

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