Devoir de Philosophie

Dissertation sur l'oeuvre de Colette - citation du critique Albéric Cahuet

Publié le 10/04/2024

Extrait du document

« Œuvre : Colette, Sido, Les vrilles de la vigne Parcours : « La célébration du monde » Sujet : « Sous la plume de Colette, tout vit et tout vibre : la pierre et le brin d’herbe, le seuil et le toit et, chez les êtres, le trait, la manie, l’expression et le souvenir ».

Dans quelle mesure cette citation du critique Albéric Cahuet (extraite de la revue L’Illustration du 25 octobre 1930) vient-elle éclairer votre lecture des deux ouvrages au programme de Colette ? Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur votre lecture de l’œuvre. Pistes de correction : I.

Effectivement, Colette dépeint la nature, les lieux et les êtres en les rendant vivants, dans une présence concrète, en laissant entendre leurs voix, leurs bruits, leur souffle. A/ Les portraits de ses proches que dessine Colette dans ces deux œuvres soulignent la volonté de les rendre vivants, encore présents, dans une forme de résurgence.

Les procédés utilisés pour obtenir cet effet de vivacité, de présence, sont nombreux dans les deux œuvres : usage de l’hypotypose pour dépeindre Sido dans son jardin, emploi du discours direct pour faire entendre les voix des membres de la famille prises sur le vif, incipit in medias res dans Sido qui fait surgir la mère sous les yeux du lecteur, emploi du présent descriptif dans le portrait du Capitaine : « La figure de mon père reste indécise, intermittente.

Dans le grand fauteuil de repos, il est resté assis.

Les deux miroirs ovales du pince-nez ouvert brillent sur sa poitrine, et sa singulière lèvre en margelle dépasse un peu, rouge, sa moustache qui rejoint sa barbe.

Là, il est fixé, à jamais.

».

Les habitudes et manies de ses proches sont révélées avec beaucoup d’intensité et de justesse : les prédictions météorologiques de Sido et ses injonctions à observer le monde et à être attentive aux signes de la nature : « Regarde ! » ou « Tu entends ?...

», ou encore l’attitude même des femmes d’une certaine classe sociale, les femmes du monde, de « toutes les Valentine », dépeintes sous la figure de son amie Valentine dans « De quoi est-ce qu’on a l’air ? », l’habitude du Capitaine de fredonner ou de conter des anecdotes grivoises… B/ Par ailleurs, Colette propose une conception panthéiste de la nature dans les deux œuvres au programme.

En effet, la nature est constamment animée, vivante, personnifiée même.

Dans Sido, Les mots « souffle », « haleine », ainsi que les personnifications qui décrivent les vents et les points cardinaux (« cousin du Nord »), peuvent évoquer une nature vivante, animée, dont les éléments sont allégorisés comme des esprits bénéfiques ou malfaisants.

Constamment, la nature « vibre » sous la plume de Colette, par la musicalité de sa prose.

L’oreille musicale de Colette est sensible à la matérialité sonore des mots.

« Le chant bondissant des frelons fourrés de velours » se fait entendre par l’allitération en [f] et [v], La modulation du chant du rossignol est reproduite par les voyelles éclatantes et les consonnes sonores dans « Les Vrilles de la vigne » : « Les notes d’or, les sons de flûtes graves, les trilles tremblés et cristallins, les cris purs et vigoureux.

».

Le bruit de la pluie dans « Sido » est évoqué par l’allitération en labiales [p] et [b] : « un bruit égal de perles versées dans l’eau et la plate odeur de l’étang criblé de pluie, vanné sur ses vases verdâtres ». L’harmonie imitative fait constamment entendre la nature, la rend perceptible et vivante. C/ Enfin, Colette fait des animaux dans ses deux œuvres de véritables personnages pleins de vie, ils ont une individualité complexe, des attitudes et des états d’âme changeants, et sont parfois dotés de la pensée et de la parole.

Ils ont eux aussi leurs « manies » et leurs caractères.

La personnification des animaux révèle la proximité de leur nature avec les hommes, et les rend particulièrement vivants.

Nonoche est « futile, rêveuse, passionnée, gourmande, caressante, autoritaire » dans le récit qui lui est consacré dans Les Vrilles de la vigne.

En outre, Colette donne une voix à ses animaux domestiques dans des textes polyphoniques de genre théâtral (« Toby-Chien parle » et « Dialogue de bêtes »).

Cela permet de les personnifier, mais sans leur enlever leur animalité, un peu stéréotypée : Toby-Chien reste « cabotin », et il se décrit dans une posture traditionnelle de chien : « couché sur mon coussin, je haletais un peu ».

Ainsi, Colette nous permet d’accéder aux émotions et sentiments des animaux vis-à-vis de « Elle » : la jalousie de Toby-Chien, l’attention affectueuse de Kikila-Doucette… II.

Toutefois, si tout prend vie sous la plume de Colette, son lyrisme déplore tout de même la perte, la disparition, le temps qui passe, la mort, des lieux et des êtres. A/ Colette parle de son enfance comme d’un paradis définitivement perdu.

Dans.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles