Dissertation Rabelais et le Rire
Publié le 10/03/2024
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«
Parcours « Rabelais Gargantua
La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle / Parcours : rire et savoir.
Dissertation
Sujet : « Le rire de Rabelais est en grande partie un superbe déguisement pour essayer de détourner les
ennemis, brouiller les pistes, éviter les censures si terribles alors.
» Dans quelle mesure ces propos de Michel
Butor dans Répertoire II s'appliquent-ils à votre lecture de Gargantua ?
Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur le livre de Rabelais
ainsi que sur votre culture personnelle.
Introduction :
1) Amorce : Gargantua s’inscrit dans une saga de 5 livres.
Les plus connus sont les 2 1ers : Gargantua et
Pantagruel (publié 2 ans avant Gargantua).
Ces œuvres sont inspirées de récits populaires qui circulaient à l’époque de Rabelais et dont l’objecti était de
faire rire.
2) Michel Butor présente le rire dans Gargantua comme une stratégie littéraire : « Le rire de Rabelais est
en grande partie un superbe déguisement pour essayer de détourner les ennemis, brouiller les pistes, éviter
les censures si terribles alors.
»
« un superbe déguisement » élaboré par Rabelais afin d'assurer l'existence de ce livre, c'est-à-dire de le
sauver des griffes de la censure : lexique de la parade : « détourner », « brouiller », « éviter.
» Gargantua est
en effet présenté par Rabelais dans le prologue comme un « livre-silène », un livre qui sous le rire
dissimulerait des matières moins « folâtres » qu'il n'y paraît, accréditant la thèse de Michel Butor.
3) Problématique : le rire n’est -t-il réellement qu’un déguisement ?
4) Annonce du plan : Il est vrai qu’à l’époque de Rabelais, exprimer des idées non conformes pouvait coûter
la vie et en ce sens le rire peut être vu comme un déguisement.
Cependant nous verrons que le rire a une
valeur intrinsèque et qu’il prend dans Gargantua diverses formes et qu’il peut se révéler insolent, subversif,
dénonciateur.
Pourtant chaque page du livre répète l’impossible solution de continuité entre rire et savoir.
I Le rire comme déguisement
1) Un « livre-silène »
Dans Gargantua, les deux textes qui précèdent le récit affirment
- deux projets contradictoires :
• Dans l'avis aux lecteurs, l'auteur annonce que son livre ne vise qu'à amuser son lecteur : « Vrai est qu'ici
peu de perfection / Vous apprendrez, sinon en cas de rire : / Autre argument ne peut mon cœur élire ».
• Pourtant, on découvre l'affirmation contraire dans le « Prologue de l'auteur ».
- Les « silènes », ces petites boîtes peintes pour « exciter le monde à rire » mais qui renferment de « fines
drogues », servent explicitement de comparant à Gargantua : « C'est pourquoi faut ouvrir le livre : et
soigneusement peser ce qui y est déduit.
Lors connaîtrez que la drogue dedans contenue est bien d'autre
valeur, que ne promettait la boîte.
C'est-à-dire que les matières ici traitées ne sont tant folâtres, comme le
titre au-dessus prétendait.
»
- le philosophe Socrate : très laid mais d’une intelligence sublime.
- La même idée est exprimée par le proverbe « L'habit ne fait point le moine » ou l’hidalgo à la cape
- la métaphore de l'os à moelle.
Le prologue multiplie ainsi les images et les déclarations explicites engageant le lecteur à ne pas se contenter
de l'aspect divertissant de ce récit, mais à y rechercher de « très hauts sacrements et mystères horrifiques,
tant en ce qui concerne notre religion, qu'aussi l'état politique et vie économique ».
2) Un livre qui développe de sérieuses critiques
- La religion : En effet, Gargantua recèle de réelles critiques religieuses et politiques.
Le chapitre 40 , par
exemple, intitulé « Pourquoi les moines sont refuis du monde, et pourquoi les uns ont le nez plus grand que
les autres », remet en cause avec virulence l'utilité des moines, appelés « mâchemerdes » et comparés au
singe qui ne fait que « tout conchier et dégâter ».
Ils n'ont ni l'utilité du paysan ni celle de l'homme de
guerre, du médecin, du docteur évangélique ou du marchand selon Gargantua.
Pire, lorsque Grandgousier réplique que les moines prient Dieu pour les hommes, Gargantua lui rétorque
qu'ils ne font que « marmonn[er] grand renfort de légendes et psaumes nullement par eux entendus ».
- la guerre : De même, la guerre contre Picrochole peut être lue comme une critique virulente de la violence
absurde des guerres.
- l’éducation scolastique : apprentissage par cœur.
Travail sur des traductions approximatives ou sur des
commentaires.
Le rire est donc un masque pour exprimer des idées, des critiques plus sérieuses.
Mais le rire existe dans Gargantua et il peut être perçu comme un rire de aussi un rire de pur divertissement.
II Un rire de divertissement
Le comique semble en effet être parfois de pur divertissement.
1) le rire grossier, scatologique : « le pipi/caca » dans lequel se vautre Gargantua enfant cf le chapitre 13 du
torche-cul, le rire au-dessous de la ceinture cf les allusions grivoises : implicites et explicites.
Le rire
déclenché est un rire gras.
Cf Thélème et les allusions grivoises / cf les nombreuses références à la braguette
etc…
2) les différents types de comique : sont mis en oeuvre
- comique de caractère :
• Le gigantisme : Gargantua se curant les dents avec la brache d’un arbre…
• Gargantua enfant se vautrant dans ses excréments / Au chapitre XVII, lorsque Gargantua arrive à Paris, il
est vite harcelé par les Parisiens et décide de leur payer « sa bienvenue et son proficiat » en les
« compissant » « par ris » avant de dérober les cloches de Notre-Dame.
• On pourrait citer aussi Picrochole toujours colérique ou le ridicule de Janotus de Bragmardo ou des maîtres
scolastiques Thubal Holopherne et Jobelin Bridé
- comique de situation :
• « Des chevaux factices de Gargantua », Gargantua mène le maître d'hôtel et le fourrier du seigneur
Painensac à ses écuries de chevaux de bois, avant de se montrer bon « causeur » en enchaînant pour eux
devinettes, plaisanteries et calembours.
Car le bon tour est souvent accompagné d'un bon mot.
• Gargantua au sommet des tours de Notre Dame et pissant sur les Parisiens
• Le précepteur faisant réviser sa leçon à Gargantua devant les toilettes
- comique de mots : bons mots, jeux de mots,
• style volcanique, éruptif, les énumérations
• onomastique personnages, les nombres astronomiques
• vocabulaire médical : médiastin, spondyles…
• chapitre X, « De ce qu'est signifié par les couleurs blanc et bleu », où Rabelais, se moquant des
interprétations symboliques des couleurs, n'hésite pas à accumuler les calembours.
De la même façon, il
invente des étymologies fantaisistes et humoristiques, comme pour le nom de la Beauce (« Je trouve beau
ce », chap.
XVI) ou celui de Paris (« par ris », chap.
I).
- comique de répétition : les énumérations qui ne font pas avancer l’action mais....
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