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Dissertation. La finalité de la littérature, pour le lecteur et pour l'écrivain, est-elle le bonheur ? Vous vous appuierez tout au long de votre devoir sur des exemples précis et variés d'extraits d'oeuvres littéraires.

Publié le 02/03/2020

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En outre, le rapport à l'écriture de nombeux auteurs ne se limite pas à la joie ou au plaisir : ils écrivent car ils le doivent, non en raison d'une obligation matérielle ou extérieure, mais en raison d'un besoin profond, nécessaire. Ainsi, certains écrivains s'identifient complètement à l'écriture : celle-ci n'est pas une activité, mais une identité. C'est le cas de Gustave Flaubert, qui se définit, dans sa Correspondance, comme un \"homme-plume\" : \"Je suis un homme-plume. Je sens par elle, à cause d'elle, par rapport à elle, et beaucoup plus avec elle\", écrit-il à Louise Colet, dans une lettre datée du 31 janvier 1852. Comment, alors, se contenter d'assimiler le bonheur ressenti par Flaubert à l'écriture (malgré ses nombreuses plaintes) à un plaisir, à une joie, à un état fugace ? L'auteur ressent du bonheur en écrivant car il s'accomplit en tant que personne.

 

 

            La littérature apporte du plaisir, de la joie et du bien-être ; mais il paraît risqué d'affirmer que ces émotions seraient sa finalité, son objectif, son but ultime, puisque la littérature amène aussi le lecteur comme l'écrivain vers des émotions plus négatives : la détresse, la tristesse, la colère face à l'impuissance. Si on peut parler du bonheur comme d'une finalité de la littérature, c'est avant tout car la littérature apporte un bonheur profond, durable, qui comprendrait plaisir et douleur, puisqu'il correspond à l'accomplissement d'une nécessité : on lit, on écrit, parce qu'on le doit, pour répondre à un besoin, une nécessité. En ce sens, lire ou écrire nous permettent d'affirmer notre humanité, car, si la culture écrite n'est pas universelle, la littérature est pourtant, par essence, humaine.

« procure un plaisir presque sensuel, similaire à celui ressenti par le lecteur.

Ainsi, pour Roland Barthes, le plaisir de la lecture est in trinsèquement lié au plaisir de l'écriture : "Si je lis avec plaisir cette phrase, cette histoire ou ce mot, c'est qu'ils ont été écrits dans le plaisir (ce plaisir n'est pas en contradiction avec les plaintes de l'écrivain)" ( Le Plaisir du texte ).

Ce plai sir de l'écriture, dont les grands auteurs, dans leur grande majorité, témoignent, devient palpable lorsque l'écriture se fait jeu : c'est le cas des auteurs de l'Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle), association cofondée par l'écrivain Raymond Quen eau, où les écrivains appliquent à leur écriture des contraites, faisant de l'écriture un exercice ludique.

Ainsi, dans la Disparition , Georges Perec applique au roman entier la figure du lipogramme : il écrit son texte sans la lettre "e".

Lorsque l'écritu re est jeu, le plaisir d'écrire est évident. Enfin, si la finalité de l'écriture est un bonheur, en ce qu'il est une joie, un soulagement, nous devons également évoquer le bonheur des autres : une certaine littérature cherche le bonheur des autres, le bon heur de la société .

Ainsi, des romanciers font de leurs textes des espaces de dénonciation de situations sociales qu'ils déplorent, et la littérature devient alors manifeste pour un monde meilleur, un monde plus heureux.

C'est le cas d'Emile Zola, qui, dan s sa série romanesque des Rougon - Macquart, décrie l'injustice sociale : dans Germinal , il évoque ainsi les mineurs, victimes de leurs conditions de travail ; dans l'Assommoir , il évoque la misère et son lien à l'alcoolisme...

Derrière ces évocations romane sques réside l'espoir d'un monde meilleur, un monde où l'autre, qui n'est pas forcément l'auteur ni le lecteur, pourrait également accéder au bonheur. Il y a un bonheur de la littérature, en ce qu'elle est joie, enthousiasme, espoir, pour le lecteur, l'écrivain, ou encore la société.

Pourtant, cette joie de la littérature est indisociable d'émotions qui lui sont contradictoires. Il semble difficile de limiter la finalité de la littérature à la joie et au bien -être, étant donné qu'elle confronte aussi le lecteur et l'auteur à des situations et à des émotions difficiles, voire insupportables. Ainsi, si la lecture procure joie et bien -être au lecteur, elle lui fait ressentir également le malaise, la tristesse, la détresse .

Si le lecteur s'attache aux pers onnages du roman qu'il parcourt, il prend toujours le risque de les voir souffrir, de les voir mourir, et de partager, le temps de quelques pages, leur souffrance ou leur détresse.

Que ressent le lecteur du Père Goriot de Balzac, au moment de la mort du pe rsonnage principal, dans la misère et l'indifférence ? Que ressent le lecteur des Misérables de Victor Hugo, en regardant mourir le jeune Gavroche, avatar des gamins révoltés des rues parisiennes ? L'émotion ressentie à la lecture ne se limite jamais à la joie, au "confort" dont évoquée par Barthes : la lecture est aussi le risque de la douleur. En outre, l'écriture ne peut se limiter au plaisir ludique, sensuel, évoqué par certains auteurs : elle est parfois douleur, voire exorcisme .

C'est par l'écriture que certains auteurs témoignent. »

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