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dissertation des cannibales et des coches

Publié le 10/06/2022

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« “Notre monde vient d’en trouver un autre”.

Cette citation de Montaigne dans “Des coches” des Essais renvoie “au Nouveau Monde”.

En 1492, Christophe Colomb découvre l’Amérique.

Ce voyage bouleverse et fascine l’Europe, tout en remettant en question de nombreuses certitudes.

Le mouvement humaniste est né dans ce contexte de révolution intellectuelle.

Cette pédagogie nouvelle développe une image de l’homme qui est placé au centre de toutes les préoccupations morales et philosophiques.

Il veut rompre avec le Moyen-Âge pour pouvoir retrouver la splendeur de l’Antiquité, mais aussi l’intelligence et le savoir dans un contexte de guerres de religion.

Or, l’ethnocentrisme et la supériorité des Européens face aux peuples du Nouveau Monde dans cette Europe de la Renaissance, ne cessent de se développer.

Montaigne, de son vrai nom Michel Eyquem, auteur humaniste et inventeur des essais, marque une rupture en littérature.

Il reçoit une éducation humaniste de la part de son père, homme très cultivé, et notamment par sa lecture du traité sur l'éducation du penseur humaniste Erasme.

Son intérêt pour les peuples du Nouveau Monde et ses contrées le conduisent à s’engager contre l’arrogance et la violence des Européens. Ainsi, en quoi l’analyse méliorative et élogieuse du Nouveau Monde par Montaigne est-elle au service de la critique de notre propre civilisation européenne dans les deux chapitres des Essais ; “Des coches” et “des cannibales" ? Pour répondre à cette question, tout d’abord, nous examinerons l’idéalisation du Nouveau Monde faite par Montaigne, puis la dénonciation des abus des européens face au Nouveau Monde.

Pour finir, nous évoquerons la défense des peuples du nouveau monde de la part de Montaigne, malgré leur cannibalisme et leur propension à la violence. I- Idéalisation du nouveau monde Montaigne en tant qu’humaniste, nous dresse un tableau en contradiction avec la pensée commune de l’époque, dans la mesure où il valorise le Nouveau Monde, voire l’idéalise parfois. a.

“Un monde enfant” innocent En effet, il nous fournit l’image d’un monde pur, naïf, avec des terres vierges, tel un monde enfant innocent.

Ces terres n’ont pas été corrompues par la culture.

Elles sont restées à l’état naturel.

Montaigne nous les décrit comme un jardin d'eden où les habitants sont pleins de bonté et ont le sens de la générosité et du partage.

Or, Montaigne cible surtout leurs différences face à la civilisation européenne et au prétendu raffinement de celle-ci.

Les indigènes sont des peuples à l’état brut qui n’ont pas été “civilisés”, c’est pourquoi ils sont qualifiés de barbares.

“Ces nations me semblent donc ainsi barbares pour avoir reçu fort peu de façon de l’esprit humain, et être encore fort voisines de leur naïveté originelle”.

(I, 31).

En effet, la seule barbarie de ces peuples selon Montaigne est d’être resté attaché à la nature originelle.

Par ailleurs, Montaigne nous fait réfléchir sur les vertus de la civilisation car les sauvages, finalement, sont restés à l’état de nature selon lui, alors que les Européens sont passés de l’âge d’or à l’âge de fer, ce qui les a corrompu avec le temps. L’état cannibale que décrit Montaigne dans le chapitre I, 31 ignore les lois et l'argent; il se définit par le respect de l'expérience des anciens et par le sens de la fraternité: il s'agit donc déjà dans un état social (c’est cet état que Rousseau prise le plus dans le contrat social). De plus, Montaigne dans de nombreux essais, décrit ces contrées sauvages tel un lieu où l’on vit en contact avec la nature, et où tout est simple et sans artifices.

Ils sont présentés comme heureux, épanouis “Toute la journée se passe à danser”.

(I, 31) Ces peuples que la pensée commune européenne juge si barbare, ont une spiritualité parfois aussi présente que chez les chrétiens.

“ils croient les âmes éternelles, et celles qui ont bien mérité des dieux être logées à l’endroit du ciel où le Soleil se lève, les maudites, du côté de l’Occident.” Ils ont le sens de l’honneur et du respect pour leurs guides spirituels et respectent un certain nombre de rites.

“Ils ont je ne sais quels prêtres et prophètes qui se présentent bien. »

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