Dissertation de littérature française : A la recherche du temps perdu de Proust « Toute l’expérience de la vie chez Proust se résume à celle de ses déceptions » -Grimaldi
Publié le 06/09/2018
Extrait du document
L’art de Proust est donc conforme à son dessein. Ce que le temps fragmente et désagrège, le moi et l’art peuvent le reconstruire. Le lecteur, perdu dans les méandres des longues phrases, est tout d’abord perplexe, mais à la fin du récit, il comprend enfin quelle cathédrale il vient de traverser. Comme en une immense symphonie, les thèmes croisés et repris, se résolvent, et le caractère impressionniste du style se justifie tout à fait par l’esthétique de l’artiste, qui veut traduire des sensations pures. Les dialogues, les personnages, tout est fondu dans le fleuve des phrases et de la durée, dont émergent cependant de riches métaphores*, qui rapprochent enfin les réalités que le temps ou l’esprit éloignent d’ordinaire. Fresque, cathédrale ou symphonie, cette œuvre est quoi qu’il en soit une des plus belles de ce temps.
«
ou des chapelles, qui construisent un certain style, un comportement particulier : un habitus social.
Outre
ces milieux, organisés selon la hiérarchie sociale verticale, Proust révèle aussi des milieux transversaux, plus
cachés, quoique partout présents, les Juifs et les homosexuels, sur lesquels lui-même, ayant sa place chez les
uns et les autres, pouvait avoir quelque lumière.III-
3:L'EXPÉRIENCE DE L'ART
L’art est l’un des thèmes récurrents du récit.
La rencontre de Bergotte, Vinteuil et Elstir, l’écrivain, le
musicien et le peintre, donne au narrateur l’occasion de préciser ses vues sur ce sujet.
L’art répond à un
besoin constant : échapper à la fuite du temps.
Avec le temps, le bonheur d’autrefois, les êtres chers,
l’amour, la jeunesse, tout s’efface peu à peu.
Mais le passé demeure, prêt à surgir à la conscience, et une
madeleine trempée dans le thé, ou les pavés inégaux sur lesquels on trébuche, rappellent à la mémoire
affective, mémoire involontaire du narrateur, mille impressions diverses jusqu’alors oubliées.
Mais ces «
fragments d’existence soustraits au temps » peuvent être éternisés par l’art.
Tel est le sens de l’œuvre.
Dans
la mesure où l’impression est le seul critérium de vérité authentique, l’œuvre doit traduire ces impressions
et triompher ainsi du temps.
« La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c’est la
littérature.
Cette vie qui en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez
l’artiste.
Mais ils ne la voient pas, parce qu’ils ne cherchent pas à l’éclaircir.
Et ainsi leur passé est encombré
d’innombrables clichés qui restent inutiles parce que l’intelligence ne les a pas “développés”.
Notre vie et
aussi la vie des autres car le style pour l’écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question
non de technique mais de vision [...].
Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se
multiplier, et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus
différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini.
»
L’art de Proust est donc conforme à son dessein.
Ce que le temps fragmente et désagrège, le moi et l’art
peuvent le reconstruire.
Le lecteur, perdu dans les méandres des longues phrases, est tout d’abord perplexe,
mais à la fin du récit, il comprend enfin quelle cathédrale il vient de traverser.
Comme en une immense
symphonie, les thèmes croisés et repris, se résolvent, et le caractère impressionniste du style se justifie tout
à fait par l’esthétique de l’artiste, qui veut traduire des sensations pures.
Les dialogues, les personnages, tout
est fondu dans le fleuve des phrases et de la durée, dont émergent cependant de riches métaphores*, qui
rapprochent enfin les réalités que le temps ou l’esprit éloignent d’ordinaire.
Fresque, cathédrale ou
symphonie, cette œuvre est quoi qu’il en soit une des plus belles de ce temps..
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