Dissertation : Arlequin Poli par l’amour.
Publié le 13/09/2018
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Pour finir, on peut aussi parler de la bande-son et des effets sonores, car eux aussi sont créateurs d’ambiance. Par exemple, lors du baiser des deux amants, nous pouvions entendre une musique de rock douce, qui contribuait à immortaliser le moment du baiser, comme nous l’avons déjà dit précédemment, et à le mettre en valeur ; puisque c’est à partir de ce moment que nous avons une coupure. Une coupure, ou plutôt un changement dans l’attitude de Silvia, mais surtout d’Arlequin qui a grandi et muri. Mais, le plus important, ce sont ces petits bruitages que nous pouvions entendre lors des apparitions de la fée. Ceux-ci étaient inquiétants et nous pouvions les ouïr même lorsque la fée était sensée ne pas être vue des autres personnages ; c’est-à-dire lorsqu’elle se rendait invisible. De plus, c’est le personnage qui possédait la diction la plus forte. Cela contribuait donc à insister sur son côté maléfique. Et lors de la dernière scène, il me semble que nous entendions des petits bruits de tonnerre, qui symbolisaient son anéantissement. On peut aussi souligner l’importance du chant présent dans le texte de Marivaux avec les paroles « beau brunet l’amour t’appelle…. », mit ici en valeur par l’accompagnement d’un piano. Nous avions donc un passage chanté en direct.
***
Pour conclure, nous dirons qu’il s’agit là d’une mise en scène contemporaine, qui nous propose une nouvelle lecture d’Arlequin poli par l’amour, en transposant l’intrigue dans un univers de conte fées certes, mais de conte moins idéalisé et stéréotypé. Ici, peu de décors, mais une grande place à la lumière et à des procédés simples mais efficaces, qui permettent de nous plonger dans le rêve et la magie. Thomas Jolly renouvelle la notion du conte de fées grâce à des costumes plus pêchus et moins classiques, qui contribuent à nous faire comprendre que le texte parle encore aujourd’hui. De plus, la présence de musique jouée et chantée en direct, d’une bande-son aux aspects rock et des bruitages significatifs, nous font parfois penser que la pièce pourrait ressembler à une comédie musicale.
Pour finir, j’ajouterai que j’ai passé un bon moment en assistant à ce spectacle. Lors des premières minutes, j’ai été effrayé par la dimension contemporaine que prenait la représentation. Je n’arrivais pas à cerner l’univers de Marivaux sous cette nouvelle forme. Mais, peu à peu, grâce à la beauté des effets de lumières avec ces ampoules et ces guirlandes lumineuses qui se balancent dans l’espace et l’aspect festif qu’apportait le chant, je suis entrée dans cette nouvelle adaptation du texte. La force du texte était toujours présente, avec la fée figure du pouvoir absolu auquel sont soumis Silvia et Arlequin. Mais si les deux se révoltent, c’est bien parce que l’amour semble être plus fort que tout et ils ne s’imaginent pas vivre séparés l’un de l’autre. Le point fort que je retiens de cette mise en scène est, qu’avec peu et même pas de décors matériels, elle réussit tout de même à nous introduire dans un univers de conte de fées, certes réactualisé.
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de l’âme de ce petit être simple d’esprit.
On remarque alors un étrange élément de décor situé à jardin : une
sorte de machine avec une poignée.
La fée baisse cette poignée et surgit alors sur scène un piano autour
duquel s’attroupent des chanteurs.
On assiste ici à un moment chanté, sous un jeu de lumière intéressant
qui meuble le plateau en le colorant de différentes couleurs chaudes : rouge, jaune, orange.
Cela donne un
petit aspect de comédies musicales et permet de montrer le double jeu du personnage de la fée, qui cache
son maléfice devant Arlequin qu’elle tente d’épater.
Nous passons donc d’un univers sombre vers quelque
chose de plus festif.
Cependant, on change encore une fois de décor pour la scène IV.
Et ce, une nouvelle fois
à l’aide de la machine à jardin.
C’est un comédien lui-même qui l’active et aussitôt le plateau se trouve
plongé dans une verdure, permise encore une fois par les jeux de lumière.
Cet engin participe bel et bien à
ancrer le spectacle dans un univers féérique.
En effet, le fait de lever ou d’abaisser le levier permet d’envoyer
un signal aux techniciens qui s’occupent de la lumière, pour qu’ils procèdent aux changements nécessaires.
Mais, en tant que spectateur, nous sommes pris dans l’illusion, et le fait que l’activation de la machine
puisse faire apparaître un nouveau décor, nous épate.
Cela nous permet d’assister directement à « la
magie » en nous émerveillant, et non pas à feindre d’y croire comme lorsque le décor change après la baisse
et le lever de rideau.
Pour bien appuyer sur cet aspect de conte de fées, différents petits procédés entraient
en jeu.
Par exemple, lors de la scène du baiser entre Arlequin et Sylvia, nous assistons un moment empli
d’amour, digne de féerie.
Les deux amants s’embrassent longuement sous des éclairages clignotants,
auxquels deux ventilateurs sont venus s’ajouter sur scène afin de faire virevolter des petites paillettes d’or
(placées devant pour mieux s’envoler).
Cela permet à la fois d’immortaliser le moment et de souligner la
magie que peut opérer l’amour.
Tout ceci nous montre bien que nous n’avons pas forcément besoin de
décors « monstres » ou réalistes pour faire part de l’enchantement.
Comme ici, on peut très bien à l’aide
d’éléments basiques créer le rêve et la féerie.
On peut citer encore le recours à un long drap blanc, qui
délimitait l’avant-scène du lointain à partir de la scène V (il est tombé du dessus de la scène au moment du
baiser entre les amants, rajoutée par rapport au texte), et qui comme le théâtre élisabéthain permet de
délimiter différents espaces de jeu.
Ainsi, Il permettait à la fée (scène XI) puis à Trivelin (scène XVIII) ,
situés derrière, d’observer sans être vus, Arlequin et Silvia devant, se trouvant dans le jardin de la fée.
Même
placés derrière, les acteurs n’étaient pas invisibles.
Au contraire, grâce à sa couleur blanche, le drap
permettait de sculpter leurs silhouettes et de nous proposer un jeu d’ombres, relevant encore une fois des
contes de fées où ces présences sont souvent évoquées.
C’est donc autour de procédés intéressants, qu’évoluait l’espace scénique en nous plongeant tantôt
dans une atmosphère joyeuse lorsque les amants sont réunis, et tantôt dans une sombre, lorsqu’apparaît la
fée.
Mais, au fur et à mesure que la pièce avance, les jeux de lumière s’obscurcissent, témoignant alors du
maléfice auquel la fée soumet les deux jeunes amoureux.
Nous avons ici un vrai renouvellement, grâce aux
jeux de lumière qui permettaient de nous transporter dans un univers magique plutôt sombre.
Nous
sommes donc loin de la féerie puérile et stéréotypée.
***
Mais, c’est aussi à l’aide des costumes, que nous avons pu percevoir cette envie de renouveler les codes
du merveilleux et de mettre de côté le « convenu » de Marivaux.
En effet, l’univers du conte de fées est
détourné de sa vision habituelle.
Nous sommes loin, même très loin des costumes à paillettes qui font rêver
les petites filles.
Ici, nous sommes plus dans un univers gothique et rock and roll avec beaucoup de teintes
noires et rouges sur les habits.
Cela, contribue aussi à montrer que cette mise en scène mène une réflexion
autour du langage de Marivaux (qui dans cette pièce aborde la découverte de l’amour, l’expression de la
jalousie, la méprise, la fidélité, le malentendu, la manipulation, la trahison, etc… ) puisque ces couleurs.
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