discutez cette opinion de Destouches : La critique est aisée et l'art est difficile
Publié le 12/02/2012
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Nous sommes à ce pont habitués à voir, dans les proverbes, l'expression de la vérité et à y souscrire sans les discuter comme il conviendrait, que volontiers nous accordons cette même adhésion complaisante à toute idée exprimée sous une forme brève, sentencieuse. Souvent de telles pensées opposent deux jugements symétriques. ; pour peu que l'exactitude de l'Un éclate évidente, nous nous faisons, facilement illusion sur la justesse de l'autre et sur leur rapport réciproque....
«
sion claire et comme lumineuse, émotion puissante qui en déterminent
la délicatesse et la vie; moralité générale enfin, atteinte non par une subor
dination nécessaire, mais par une conséquence naturelle de tant de dons
èxœllents.
Après: Ies âmes- des·-héros de:· la sainteté, Dïeu--ne ·nous a rien
révélé de plus beau que le génie des artistes; mais rien n'est plus rare .
.
~.
n ne s'agit ·pas, en effet; d'effbrts toujours possibles de la volonté pour
réaliser l'idéal moral; il faut à l'artiste une illumination intérieure que
rien ne remplace, bien qu'elle ne le dispense pas d'un labeur assidu pour
traduire par la parole, les couleurs, le marbre ou les sons, ce qu'il a conçu.
Facilement, - tant ils o~t conservé de naturel et de vérité dans leurs
œuvres, - on se ferait illusion sur les obstacles qu'ont dû vaincre les
suprêmes artistes que sont Homère et Virgile, Dante et Racine, Raphaël
et Lesueur, Mozart et.
Beethoven; mais pour eux, comme pour tous ceux
qui les suivent de loin, l'art est difficile.
* *'*
Difficile est aussi l'exercice de la vraie critique.
Pas n'est besoin de
faire remarquer que la critique est autant éloignée de l'appréciation banale,
qui ne met en lumière aucun mérite ni aucun défaut précis, que du déni
grement jaloux, honteuse revanche de la médiocrité contre le génie qui la
domine.
Elle est le jugement motivé que porte sur l'œuvre d'art un juge
capable d'en comprendre l'ensemble et les détails, et de les comparer avec
la réalité ou l'idéal même qu'il s'agissait de traduire ..
Y a-t-il donc tant
d'appréciateurs compétents en matière de poésie et de théâtre,.
de musique
et de peinture, que l'on puisse croire aisée la critique qu'ils exercent?
«Un critique, dit Voltaire, est un artiste qui aurait beaucoup de science·
et de goût, sans préjugés ni envie.
» Homme de science, il joint à une
connaissance profonde de l'art sur lequel il se prononce, des connais
sances générales qui lui permettent de situer l'œuvre dans l'histoire et de
la juger sans étroitesse d'appréciation; homme de goût, il a le sentiment
vif des délicatesses esthétiques, la promptitude de la raison qui saisit
l'universel sous le particulier, l'idéal sous le sensible.
S'il juge l'œuvre de
l'artiste, c'est à la fois avec bienveillance pour l'homme, avec détachement
de tout esprit de parti, avec la liberté d'une intelligence qui s'attache plus
à comprendre qu'à blâmer, à admirer le mérite de l'ensemble qu'à mettre
en relief l'inexactitude d'un détail.
« Si j'étais un critique, .
dit Lessing,
dans la Dramaturgie, et qu'il me fût permis de suspendre à la porte mon
enseigne, j'y écrirais : Je suis doux et caressant pour les maîtres, rebu
tant et dur pour les bousilleurs, .ironique contre les vantards et enfin acerbe
autant que possible contre les intrigants.
» Le critique, en effet, réserve
ses sévérités pour celui qui cherche à surprendre la bonne foi du public
et qui manque de conscience à l'égard de son art.
Sa mission est noble : répandre le goût intelligent du beau; elle est pé
rilleuse, la susceptibilité des auteurs lui pardonnant moins la franchise
d'un blâme qu'elle ne lui tient compte des éloges dont il l'entoure.
S'il
était encore besoin d'ajouter une preuve de la difficulté de la critique,.
»
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