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Discutez ce jugement de J.-J. Rousseau sur Molière : « Voulant exposer à la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l'homme aimable, de l'homme de société, après avoir joué tant de ridicules il lui restait à jouer celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu; c'est ce qu'il a fait dans « le Misanthrope ).

Publié le 18/07/2010

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rousseau

Nul sujet ne montre mieux l'utilité et même la nécessité de l'explication complémentaire de la discussion. Nul doute que Rousseau se soit trompé. Molière n'a certes pas joué le ridicule de la vertu, ni consciemment, ni inconsciemment. Alceste est un homme vertueux qui a des travers et des maladresses. Molière a voulu peindre ces travers et ces maladresses plutôt même que s'en moquer ; car Alceste reste fort sympathique. La critique de Rousseau n'est qu'un paradoxe insoutenable. Comment donc a-t-il pu le soutenir avec tant de raideur et d'âpreté? On le sait et il faut nécessairement le dire. Rousseau voit dans Alceste sa propre image. Comme Alceste, il, déteste les hypocrisies mondaines, la politesse menteuse des salons, dans lesquels d'ailleurs il se sent gauche et dépaysé ; comme lui il est allé vivre dans un désert; comme lui il voudrait voir régner sur terre la franchise et la justice absolues ; il ne veut pas accepter les concessions sans lesquelles la vie sociale serait impossible. En défendant Alceste, c'est donc lui-même qu'il défend. Et c'est là ce qui trouble son jugement et le pousse au paradoxe.

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