Discussion : Peut-on parler de sujets sérieux en faisant rire ?
Publié le 18/02/2022
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Discussion : « Peut-on parler de sujets sérieux en faisant rire ? »
Le rire est le propre de l'Homme.
Il nous permet de nous détendre, de dédramatiser et de combattre
les inquiétudes et les angoisses de la vie quotidienne.
De par ses vertus curatrices, on est en droit de
se demander si le rire peut être utilisé pour traiter des sujets sérieux en se posant la question
suivante : « En quoi le rire est-il un instrument légitime pour aborder des sujets sérieux et faire
réfléchir ? ».
Dans un premier temps, nous verrons que le rire est en effet un sujet permettant
d'aborder des thématiques graves pour voir dans un second temps quels peuvent être les problèmes
liés au fait d'aborder ces sujets par le rire.
L'histoire nous démontre que le rire a avant tout une portée dénonciatrice sur le plan politique.
Par
exemple, lorsque Honoré Daumier caricature dans sa lithographie Gargantua le roi Louis-Philippe
en train d'avaler des sacs d'or prélevés au peuple et de déféquer des titres qui s'échappent de la
chaise sur laquelle il est assis, il utilise le rire dans des conditions sérieuses puisqu'il cherche à
dénoncer le régime de l'époque qui favorise uniquement l'élite au pouvoir au détriment du peuple
qui s'en retrouve indigent.
On retrouve également cette volonté de dénonciation par le rire dans le
film Le Dictateur de Charlie Chaplin réalisé en 1940 où le réalisateur décide de parodier Adolf
Hitler en créant le personnage d'Adenoïd Hynkel.
Il utilise ce moyen pour dénoncer les abus du
régime nazi et le danger qu'il fait peser sur la paix mondiale en imitant grossièrement l'apparence, le
ton, le comportement et tout ce qui caractérise le Führer.
Ensuite, le rire peut aussi être utilisé pour contester des faits sociétaux en les exposant
volontairement de manière ridicule.
En témoignent les œuvres dites satiriques qui ont pour objectif
de critiquer de façon railleuse, souvent dans le but de provoquer ou de prévenir un changement.
Ainsi, Les Obsèques de la lionne de Jean de La Fontaine comporte une morale qui dénonce
l'hypocrisie des courtisans tout autant que la vanité et la naïveté des rois comme ce passage
l'atteste : « Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges, Quelque indignation dont leur cœur soit
rempli, Ils goberont l'appât ; vous serez leur ami ».
Cela signifie qu'à partir du moment où le
mensonge plaît au roi, celui-ci y croira.
En remettant en cause l'intégrité du roi de manière
moqueuse, La Fontaine répond aux codes de la satire.
Enfin, le rire peut servir à dédramatiser, à alléger le lourd fardeau de la condition humaine en
mettant en avant les défauts de l'Homme pour mieux les combattre par la suite.
C'est ce que fait
Molière dans sa pièce L'Avare, une comédie de caractère qui met en scène Harpagon, un
personnage caractérisé par son avarice caricaturale.
Il économise sur tout, il refuse de faire la
moindre dépense et il reste persuadé que tout le monde essaie de le voler.
Ces traits de sa
personnalité sont tellement poussés à l'extrême qu'il devient évident que ces fixations sont ridicules
et qu'elles auraient tendance à nous nuire bien plus qu'elles ne nous protégeraient.
Nous l'avons vu, le rire permet aussi bien d'aborder des sujets sérieux que de prendre de la distance
vis-à-vis de nous-mêmes et des aléas de l'existence.
Toutefois, si l'on prend en compte ses vertus, on
ne peut pas nier que les sujets sur lesquels le rire est permis peuvent être limités..
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- La Fontaine a évoqué son apport personnel dans le domaine de la fable en décla¬rant qu'il y avait introduit la gaieté. Il précise ainsi cette notion : « Je n'appelle pas gaieté ce qui excite le rire ; mais un certain charme, un air agréable qu'on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux » (Préface du pre¬mier recueil, 1668). Votre lecture des Fables (livres VII à XII) vous permet-elle de souscrire à ce jugement ?
- La Fontaine a évoqué son apport personnel dans le domaine de la fable en déclarant qu'il y avait introduit la gaieté. Il précise ainsi cette notion : « Je n'appelle pas gaieté ce qui excite le rire ; mais un certain charme, un air agréable qu'on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux » (Préface du premier recueil, 1668). Votre lecture des Fables (livres VII à XII) vous permet-elle de souscrire à ce jugement ?
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