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DIÉGÈSE, DIÉGÉTIQUE (Histoire de la littérature)

Publié le 22/11/2018

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histoire

DIÉGÈSE, DIÉGÉTIQUE. Emprunté au grec diègèsis (« récit »), le substantif a été utilisé par Étienne Souriau dans l'Univers filmique (1953) pour qualifier «tout ce qui appartient » dans l’intelligibilité « à l’histoire racontée, au monde supposé ou proposé par la fiction ». Gérard Genette a repris ce terme dans Figures III (1972) pour qualifier « le signifié ou contenu narratif » d’un texte.

 

Le concept

Dans l’analyse textuelle, la diégèse (ou histoire) se distingue du récit (ou énoncé) par le temps et le mode, alors que la voix établit entre elle et la narration (qui qualifie « l’acte narratif producteur » ou énonciation) des rapports de relation et de niveau.

« Le récit est une séquence deux fois temporelle : il y a le temps de la chose racontée et le temps du récit » (C. Metz). Or, le récit ne se contente pas d’enregistrer la chronologie de l’histoire : bien souvent il en bouleverse l’ordre, soit en anticipant, soit en différant la relation d’un événement. Témoin ce passage de l'Aurélia (I, 7) de Nerval : « Ce rêve, si heureux à son début, me jeta dans une grande perplexité. Que signifiait-il? Je ne le

 

sus que plus tard. Aurélia était morte ». Du point de vue diégétique, la mort est antérieure au rêve, qui lui-même précède son élucidation; or, le récit présente tout à partir du rêve qui devient le point de référence temporelle au-delà (l’élucidation) et en deçà (la mort) duquel se distribuent les événements. D'autres données temporelles peuvent dans le récit s’écarter de leur situation dans la diégèse : ainsi la durée, qui peut aller de l’écart maximal (ellipse ou pause) à la simultanéité totale (scène); ainsi encore la fréquence, et l’on sait tout le parti que le roman épistolaire d’un Laclos tire de la répétition d’un même événement rapporté par des narrateurs différents ou par un même narrateur à des narrataires différents.

 

On voit ainsi que l’acte narratif n’est jamais neutre : quatre paramètres peuvent intervenir, fixant les rapports du narrateur et de la diégèse — « homodiégétisme » (voire « autodiégétisme »)/« hétérodiégétisme », selon que le narrateur est/n’est pas celui dont il rapporte les aventures — ainsi que les relations du narrateur à sa narration — « extradiégétisme/intradiégétisme » selon que le récit est/n’est pas contenu dans un autre. Gérard Genette a pu dresser un tableau regroupant ces quatre termes (Figures III, p. 256) :

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« Ainsi, le concept de diégèse (et ses dérivés), qui per­ met de rendre compte des rapports entre discours et récit, est-il aussi un instrument précieux pour l'analyse de l'instance narrative: c'est par lui que l'on peut linguisti­ quement distinguer.

sous l'apparence monolithique d'un «je » omniprésent, les diverses voix qui organisent un récit -et par conséquent lui donnent son sens [voir Aurélia, sous l'entrée NERVAL].

BIBLIOGRAPHIE L'exploitation du concept a surtout été menée par Gérard Genette à propos de Prousl dans Figures Ill.

Paris, Le Seuil, 1972 (aspect théorique, définition et mise en pralique sur les­ quels reviendra l' aUleur dans la discussion du Nouveau Discours du récit.

Le Seuil.

1983).. »

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