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Diderot - Discours sur la poésie dramatique

Publié le 11/11/2013

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Présentation 

Le Discours sur la poésie dramatique fut publié en novembre 1758. Il se  compose de vingt-deux chapitres consacrés à tout ce qui touche au théâtre dans ses  aspects les plus variés. Ainsi, Diderot étudie d'abord les genres (comédie sérieuse,  drame moral, drame philosophique, drame burlesque) puis les problèmes de plan, de  dialogue, d'exposition. Il envisage le découpage en actes et en scènes, le ton, les  mœurs, s'intéresse aux costumes et aux décors, à la pantomime. Le dernier chapitre  est consacré aux « Auteurs « et aux « Critiques «. Le passage consacré à l'inspiration  se situe dans le chapitre XVIII intitulé « Des mœurs «, chapitre dans lequel Diderot  analyse les relations entre les mœurs d'un pays et la nature de ses créations poétiques  (le terme « poétique « étant à prendre dans le sens très large de création esthétique).  C'est dans ce chapitre qu'il affirme en particulier : « En général, plus un peuple est  civilisé, poli, moins ses mœurs sont poétiques ; tout s'affaiblit en s'adoucissant. « 

 

DIDEROT, De la poésie dramatique, 1758 

« La poésie veut quelque chose d'énorme, de barbare et de sauvage «  Qu'est-ce qu'il faut au poète ? Est-ce une nature brute ou cultivée, paisible ou  troublée ? Préférera-t-il la beauté d'un jour pur et serein à l'honneur d'une nuit  obscure, où le sifflement interrompu des vents se mêle par intervalles au murmure  sourd et continu d'un tonnerre éloigné, et où il voit l'éclair allumer le ciel sur sa tête ?  Préférera-t-il le spectacle d'une mer tranquille à celui des flots agités ? Le muet et  froid aspect d'un palais, à la promenade parmi des ruines ? Un édifice construit, un  espace planté de la main des hommes, au touffu d'une antique forêt, au creux ignoré  d'une roche déserte ? Des nappes d'eau, des bassins, des cascades, à la vue d'une  cataracte qui se brise en tombant à travers des rochers, et dont le bruit se fait  entendre au loin du berger qui a conduit son troupeau dans la montagne, et qui 

l'écoute avec effroi ?

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« PRÉSENTATION D U TEXTE Dans l'essai intitulé Discours sur poésie dramatique, Diderot mène une réflexion sur deux genres auxquels il est particulièrement attaché, le genre dramatique et la poésie épique.

Il s'interroge sur les conditions qui ont pu et qui pourraient, de n ouveau, favoriser l'éclosion de ces genres.

Il fait là une analyse qui présente deux caractéristiques : d'une part elle s'intègre à une réflexion sur son temps, sur la création contemporaine, et s'inscrit à ce titre dans les recherches esthétiques qu'il mè ne dans différents domaines (peinture, poésie, dramaturgie), d'autre part elle est représentative de l'importance que le philosophe accorde à l'émotion et aux passions, à l'expressivité, au mouvement, à la vie. L'extrait donné ici est construit à partir d' interrogations et de réponses qui ponctuent le texte et l'orientent d'une réflexion sur l'inspiration à une question historique étrangement prémonitoire.

Cette structure fait apparaître une véritable logique (ce qu'il faut aux poètes, ce qu'il faut à la po ésie, annonce de l'avènement d'une poésie nouvelle) qui n'exclut pas, cependant, par son aspect de réflexion théorique et théorisante, l'expression d'un lyrisme fougueux et passionné.

L'évocation des thèmes d'inspiration et des circonstances favorables à l 'éclosion de la poésie constituent en effet une véritable mise en images.

Comme bien souvent chez Diderot, la théorie s'estompe au profit d'une expression chargée d'émotion qui traduit une sensibilité toujours présente et une manière « sensible » de traite r les problèmes. On pourra montrer comment la réflexion esthétique et historique sur les conditions d'un renouvellement poétique traduit la sensibilité et la passion de Diderot. LES CONDITIONS D'ÉCLOSION DE LA POÉSIE : UN JEU D'OPPOSITIONS ENTRE LA TRANQUI LLITÉ ET LES BOULEVERSEMENTS, ENTRE LA PAIX ET LA GUERRE Deux des trois articulations du texte — « Qu'est -ce qu'il faut au poète ? » (l.

1), « La poésie veut quelque chose d'énorme, de barbare et de sauvage » (l.

10), « Quand verra -t-on naître des poètes ? » (l.

15) — sont suivies d'une série d'oppositions reprenant les mêmes thèmes et proposant la même alternative : paix ou guerre, tranquillité ou bouleversement, douceur ou horreur.

La troisième (l.

15) reprend sous forme de réponse définitive l'une des sé ries de termes en éliminant l'autre.

Le découpage du texte en trois étapes fait apparaître une réflexion sur les thèmes d'inspiration (mais il peut s'agir également, dans les lignes 1 -9, des circonstances de développement de la poésie) puis l'énoncé des ci rconstances historiques de l'éclosion poétique, et enfin l'évocation visionnaire des temps à venir.

On peut, dans ces différentes étapes, étudier le jeu constant des oppositions qui va conduire au choix final. Le calme, la tranquillité, la paix Ces notion s sont traduites tout au long du texte par le développement d'un champ lexical de la tranquillité sous différentes formes et dans différents domaines. • Domaine de la nature et de sa relation avec l'homme : il est question de nature « cultivée » (l.

1), c'est -à-dire maîtrisée par l'homme et caractérisée par sa sérénité (« paisible », l.

1 ; « jour pur et serein », l.

2).

Sont aussi évoqués les éléments apaisés (« mer tranquille », l.

4), et les constructions humaines qui soulignent l'intervention de l'hom me dans le domaine de la création (« palais », « édifice construit » « espace planté », « nappes d'eau », « bassins », l.

5 -7).

L'insistance sur la présence et sur le travail humain soulignent ici une « domestication » de la nature qui lui a fait perdre se s caractères authentiques et sa barbarie.. »

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