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DIB Mohammed : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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DIB Mohammed (né en 1920). Écrivain algérien de langue française. Il est né à Tlemcen dans « une famille bourgeoise ruinée». Son père meurt en 1931. Dib ne fréquente pas l’école coranique, mais, à quelques années de distance, il a pratiquement deux langues maternelles : l’arabe et le français. Il écrit des poèmes depuis l’âge de quinze ans et il peint aussi beaucoup à cette époque. En 1939-1940, il est instituteur à Zoudj Beghal, près de la frontière marocaine. En 1940-1941, il est comptable à Oujda, dans les bureaux de l’armée; en 1942, il est requis au Service civil du génie et, en 1943-1944, affecté comme interprète anglais-français auprès des armées alliées à Alger. De retour à Tlemcen en 1945-1947, il gagne sa vie en dessinant des maquettes de tapis. En 1948, il prend part aux rencontres de Sidi Madani, près

« de Blida, où il fait la connaissance d'écrivains français.

Sa vocation de romancier se précise alors.

Son premier voyage en France date de cette année-là.

En 1950-1951, il travaille au journal Alger républicain; il écrit aussi dans Liberté, organe du parti communiste.

Il se marie en 1951 et voyage en France en 1952.

Son premier roman paraît alors.

Il travaille comme correspondant commer­ cial de 1956 à 1959, date où il est expulsé d'Algérie, en pleine guerre.

Il voyage dans les pays de l'est de l'Eu­ rope.

En 1960, il se rend au Maroc.

En 1964, il s'établit dans la région parisienne, à Meudon-la-Forêt, puis à La Celle-Saint-Cloud, où il réside.

En 1974, il est nommé «Regent's Professer>> à l'université de Californie-Los Angeles (UCLA).

On peut distinguer trois périodes dans la production littéraire de Mohammed Dib : discontinuité dans la forme mais continuité certaine dans la visée profonde qui sous-tend l'œuvre.

Du réalisme populiste en même temps que poétique des premiers romans, il passe à une prose plus dense et plus évocatrice de symboles.

«Je suis essentiellement poète», disait-il en 1961.

Sa trilogie « Algérie» est composée de la Grande Maison (1952), l'incendie (1954) et le Métier à tisser (1957).

Elle dévoile les réalités algériennes des années 1939-1956 environ.

Avec Qui se souvient de la mer (1962), le lec­ teur est plongé dans l'univers apocalyptique de la guerre.

Puis Dib est ramené à ses propres problèmes intérieurs, «ayant été africain quand il fallait l'être», disait-il.

Cours sur la rive sauvage (1 964) et la Danse du roi ( 1968) sont à la fois introspection personnelle et regard interrogateur sur l'Algérie, tandis que Dieu en barbarie (1970) et le Maître de chasse ( 1973) abordent des problè­ mes de l'Algérie indépendante.

Habel (1977) est comme l'aboutissement d'un long itinéraire où il faut se quitter soi-même pour renaître de nouveau : sorte de roman­ bilan de l'écrivain.

Ses recueils de poèmes (Ombre gar­ dienne, 1961; Formulaires, 1970; Feu beau feu, 1979) évoluent vers un dépouillement de plus en plus poussé.

Toute cette œuvre est importante tant par ce qu'elle dit que par la manière dont Dib entend Je dire, ou le chuchoter, ou le faire entendre par des voix diverses.

De plus en plus intériorisée et réfléchie, elle se veut une investigation toujours plus approfondie de l'homme, de sa destinée, de l'au-delà, du couple, du bonheur (ou de ce qu'on croit être le bonheur), de la liberté.

Moham­ med Dib parle à l'homme algérien et aussi à tout homme quel qu'il soit, où qu'il se trouve.

Humaniste, Dib recher­ che une humanité réconciliée et l'homme libéré et nu dans sa vérité totale.

Il atteint les profondeurs de 1' in­ conscient, non seulement parce qu'il est influencé par les lectures de Jung et de Gérard de Nerval, mais encore parce qu'il veut creuser de roman en roman ce qu'est réellement pour l'homme cette libération de tous les fan­ tasmes qui Je tiennent prisonnier.

Outre des romans (voir ci-dessus, et aussi Un été afri­ cain, 1959), Mohammed Dib a aussi écrit des nouvelles (Au café, 1955; le Talisman, 1966), des textes pour le théâtre (Mille Hourras pour une gueuse, 1980; la Fian­ cée du printemps, 1984) et des contes pour enfants (Baba Fekrane, 1959; Le chat qui boude, 1974).

[Voir aussi MAGHREB.

Littérature d'expression française].

BIBLIOGRAPHIE J.

Déje ux , Mohammed Dib, écrivain algé rien, Sherbrooke, Naaman, 1977; C.

Bonn, le Roman algérien de langue française, Paris, L'Harmattan, 1985, pp.

29-50, 298-322; id., Lecture pré­ sente de Mohammed Dib, Alg e r, E.N.A.L., 1986; J.

Déjeux, Mohammed Dib, Philadelphia, CELFAN, 1987; B.

Chikhi, Poéti­ que de l'écriture dans l'œuvre romanesque de Mohammed Dib.

Alger, Office de publication universitaire, 1989.. »

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