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Deuxième Partie de Pêcheur d'Islande de Pierre Loti (analyse et résumé)

Publié le 22/03/2011

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   Cette seconde partie commence en Islande, par un matin sinistre, où le soleil, qui a changé d'aspect et de couleur, annonce par de grands rayons, « qui traversaient le ciel comme des jets «, la proximité du mauvais temps. La brise souffle de plus en plus fort et agite toute chose. Il s'agit moins de penser à la pêche qu'à la manœuvre. Il faut trouver un abri dans les fiords ou dans la sécurité plus grande du large. Ce sont les lames, d'abord petites, puis « frisées en volutes « et plus hautes, puis blanches de bave, puis furieuses, puis énormes et folles, qui font le décor de ce tableau où les détails précis d'un crescendo admirable donnent à Pierre Loti les éléments d'une tempête qu'on sent écrite d'après nature. 

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« discrétion presque anodine n'en ouvre pas moins une large perspective sur le danger qui guette les « coureurs demer » engagés dans des pêches lointaines.

Yann est rentré à Pors-Even.

Depuis son retour, Gaud ne l'a vu, sanspouvoir lui parler, qu'autour de la diligence qui Va conduire Sylvestre jusqu'à Brest, où il doit faire son service.Toujours sauvage, il a, cette fois encore, détourné les yeux.

Sylvestre, dans une dernière causerie, avait expliqué àsa manière, celle des fiançailles promises par plaisanterie à la mer, cette sauvagerie qui conservait pour Gaud, deplus en plus enamourée, l'angoisse d'un mystère.

N'y tenant plus, elle prit la résolution de faire la grande course duPloubazlanec pour se rendre chez les Gaos sous le prétexte de régler une vieille affaire d'argent qui existait entreson père et celui de Yann. Le chemin était long, avec partout des calvaires.

A un carrefour, elle fut tirée d'embarras par une petite sœur deYann, en ce moment absent de la maison.

Cette absence la fit hésiter.

Pourtant, comme elle devait être courte,l'espoir ne l'abandonna pas et elle poursuivit sa route dans un pays où « les choses devenaient toujours plus rudeset plus désolées ».

Elle arriva à la chapelle de Pors-Even. « C'était une chapelle toute grise, très petite et « très vieille ; au milieu de l'aridité d'alentour, un « bouquetd'arbres, gris aussi et déjà sans feuilles, « lui faisait des cheveux, des cheveux jetés tous du « même côté, commepar une main qu'on y aurait « passée. « Et cette main était celle aussi qui fait sombrer « les barques des pêcheurs, main éternelle des vents « d'ouest quicouche, dans le sens des larmes et de « la houle, les branches tordues des rivages.

Ils « avaient poussé de traverset échevelés, les vieux « arbres, courbant le dos sous l'effort séculaire de « cette main-là. « Un petit mur croulant dessinait autour un « enclos enfermant des croix.

» Ces croix portaient des plaques funéraires, où les noms et les prénoms des Gaos naufragés dans les mers d'Islandeaccablaient son regard et son cœur.

L'Islande, — toujours l'Islande ! Elle eut pour Yann « des élans de tendressedouce et un peu désespérée aussi ».

Serait-il jamais à elle ? Comment le disputer à la mer ? Elle pria dans la lugubrechapelle, tandis que dehors, le vent « commençait à gémir, comme rapportant au pays breton la plainte des jeuneshommes morts ». Chez les Gaos, où toute la maisonnée travaillait à tailler des costumes de coton neuf pour la prochaine saisond'Islande — l'Islande, toujours et partout l'Islande ! — il n'y avait encore ni Yann ni son père, mais des garçons etdes filles dont une toute petite, « blonde, triste et proprette », qui ne ressemblait pas aux autres. « Une que nous avons adoptée l'an dernier, expliqua la mère ; nous en avions déjà beaucoup « pourtant mais, quevoulez-vous, mademoiselle « Gaud ! son père était de la Marie-Dieu-t'aime, « qui s'est perdue en Islande à la saisondernière, « comme vous savez, — alors entre voisins, on s'est « partagé les cinq enfants qui restaient et celle-ci «nous est échue.

» La maison respirait l'aisance et la santé.

Il y avait une chambre payée sur le produit d'une épave, une chambre «jolie et gaie dans sa blancheur toute neuve » dont on fit avec fierté les honneurs à la demoiselle, obsédée par lesouvenir de Yann.

Un pas lourd la fit tressaillir.

Non, ce n'était pas Yann, mais son père, qui lui ressemblait.

L'affaireà peu près réglée, Gaud prolongeait sa visite, le cœur serré, attendant Yann, qui ne revenait toujours pas deLoguivy, et dont l'absence, mal expliquée par un achat de casiers pour prendre les homards, la faisait souffrir.

Lesenfants avaient l'air maintenant de s'étonner qu'elle ne s'en allât pas.

Quand elle prit congé, le vieux pèrel'accompagna un bout de chemin jusqu'à la croix de Plouëzoc'h.

Prise pour lui d'une sorte de tendresse respectueuseet confiante, elle avait envie de lui parler comme à un père, mais ils se quittèrent sans qu'elle lui ait fait l'aveu del'angoisse amoureuse qui lui étouffait le cœur.

L'occasion de s'expliquer avec Yann était manquée.

Reviendrait-elle ?Et qui sait quand elle le reverrait ? Le père de Yann avait deviné, « avec sa finesse de vieux matelot », que son fils n'était peut-être pas indifférent àcette belle héritière.

Au cours de la visite, il avait souvent parlé de lui avec une insistance calculée.

Mais Yann,revenu tard au logis, n'entra pas dans les espérances de ses parents.

C'était son idée à lui de ne pas se marier, niavec celle-là ni avec une autre, et moins peut-être avec celle-là.

«...

Une fille si riche, en vouloir à de pauvres genscomme nous, ça n'est pas assez clair à mon gré ».

Evidemment, il avait deviné l'amour de Gaud, mais il necomprenait pas et son « indépendance farouche » s'accordait mal avec ce qui ne lui paraissait pas clair. ...

Sylvestre, « dépaysé », était depuis quinze jours à Brest.

Il regrettait sa vieille grand'mère, dont le souvenir etcelui de sa fiancée avaient protégé sa sagesse contre les excitations et les tentations des amours vénales.

Il étaitresté l'enfant innocent d'autrefois.

Mais ses camarades ne se moquaient pas de lui, « parce qu'il était très fort, cequi inspire le respect aux marins ».

De haute taille, il était d'ailleurs superbe sous son costume militaire, crânementporté. Un jour il fut averti qu'il faudrait, en moins d'une semaine et sans pouvoir obtenir une permission, avoir fait son sacpour aller rejoindre en Chine l'escadre de Formose.

Il s'y attendait. « Pourtant, il lui vint un trouble extrême : c'était « le charme des grands voyages, de l'inconnu, de « la guerre :aussi l'angoisse de tout quitter, avec « l'inquiétude vague de ne plus revenir.

». »

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