« de tous les luxes, la culture est le moins réservé à l'argent, le plus propre à nier toute hiérarchie sociale » J. de Romilly
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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Reformulez la thèse de l'auteur.
Diverses possibilités : la nuancer, n'en retenir qu'une partie, poser des conditions,proposer d'autres solutions que les siennes pour atteindre le même but.
Nous allons développer une troisième démarche, non par crainte de nous engager pour ou contre l'opinion del'auteur, mais pour tenir compte des remarquesfaites plus haut et donc adopter une position plus nuancée que lasienne.
Dans un monde en évolution, nombreux sont ceux qui, jugeant la culture générale déconnectée des besoins réelsde l'existence comme de ceux de l'économie, proposent de revoir l'organisation des études pour y introduire desapprentissages plus rentables.
Par ailleurs, depuis les événements de mai 1968, les démocrates la soupçonnent derenforcer les inégalités.
Ainsi, on a pu qualifier les étudiants d' «héritiers», profitant d'avantages acquis par leursaînés.
Faisant front contre ces attaques, une universitaire, Jacqueline de Romilly, a lancé depuis quelques années unmouvement de réhabilitation de la formation générale qui s'inscrit dans un cadre démocratique.
Pour elle, laculture n'est pas le privilège des riches, elle est même particulièrement propre à nier et à transcender toutehiérarchie sociale.
Après avoir examiné de près les affirmations de J.
de Romilly, nous nous demanderons dans quelle mesure laculture est capable de nier, d'effacer les inégalités sociales fondées sur la richesse.
Puis nous verrons qu'ellepermet peut-être de transcender celles-ci et de poser d'autres valeurs.
Jacqueline de Romilly, enseignante en Lettres, universitaire passionnée par son métier, prend ici position sur le rôlede la culture face aux inégalités de la société française actuelle.
On peut considérer qu'elle est à la fois juge etpartie.
Son opinion se présente comme un paradoxe.
Elle a donc le mérite de stimuler la réflexion, en remettant encause les clichés sur la culture apanage des riches.
On peut remarquer aussi que sa prise de position estcatégorique, sans nuance.
Peut-être cherche-t-elle à contrebalancer les condamnations sans appel prononcéesdepuis mai 1968 contre la culture héritage.
Quel est son objectif ?Comme l'indique l'ensemble du texte, réduire lesinégalités, faire partager les privilèges, instaurer davantage de démocratie, «nier et dépasser toute hiérarchiesociale».
Le contraire de l'élitisme donc.
Quel moyen préconise-t-elle pour y parvenir ? La culture.
La possibilitépour tous d'accéder à l'enseignement général, passant par le maintien et la promotion de celui-ci dans le sein del'Éducation Nationale.
On peut aussi remarquer comme la démarche de J.
de Romilly est habile: ayant montré quela culture n'est pas superflue, elle concède qu'elle est un privilège.
Cependant, pour elle, les inégalités culturellesne reproduisent pas les inégalités du niveau de vie.
Elle va même jusqu'à présenter la culture comme la meilleurearme possible contre toute hiérarchisation des citoyens.
Dans quelle mesure peut-on partager les convictions de l'auteur ? Ne procèdent-elles pas de l'utopie ?L'observationdes faits leur apporte-t-elle au moins un début de confirmation ?
Il semble que la culture soit liée à l'argent.
Si l'on envisage d'abord l'étape d'acquisition de celle-ci, on est frappépar les avantages dont jouissent à l'école les élèves issus de familles aisées.
Même si tous ne les mettent pas àprofit.
Ils peuvent pousser plus loin leurs études, être soutenus par des cours particuliers, ou tenter leu r chance,s'ils ont échoué, dans un établissement privé.
Au contraire, l'élève pauvre, se sentant souvent à la charge de sesparents, s'orientera plus précocement dans une section technique, ou cherchera des petits boulots après laclasse.
Pour rejoindre un établissement technique, II devra en général supporter de longs trajets dans lestransports
en commun.
Les parents aisés sont plus vigilants, ils investissent davantage dans la réussite scolaire de leursenfants.
Il sont en général aussi mieux renseignés, ayant eux-mêmes poursuivi de longues études, ne craignentpas de rencontrer les enseignants si un problème se pose.
L'élève se trouve, dans ces conditions, mieux guidé etplus motivé.
Une fois sorti de l'école, l'individu quia acquis une solide formation générale aspire plus volontiers à desloisirs sans doute plus épanouissants que les séries télévisées américaines.
Mais pour se rendre au théâtre, auconcert, à plus forte raison en Grèce ou en Egypte, il faut disposer d'un budget assez large.
Faute de quoi, ondevra, bon gré malgré, se contenter de la télévision et des vacances pour tous.
Et si l'on souhaite ardemmentdéguster le dernier Le Clézio avant sa sortie en collection de poche, il faudra débourser une centaine de francs.
Enfin, on peut penser qu'aujourd'hui acquérir et entretenir sa culture impliquent de pouvoir voyager.
Quand on estau lycée, pour faire connaissance avec les pays et les gens dont on apprend la langue et tâcher de prendrel'accent.
Plus tard, pour voir dans leur cadre les trésors archéologiques, artistiques étrangers et confronter lesidées toutes faites que l'on a, de loin, sur les autres peuples et les autres modes de vie.
Cela sera, dans l'avenir,de plus en plus vrai.
Certes, rien n'interdit aux enfant de milieu modeste d'aller à l'école.
Celle-ci est gratuite, en principe.
Des boursespeuvent être demandées.
Les enseignants dans leur ensemble sont heureux de soutenir un enfant défavorisé,surtout si celui-ci considère la culture comme un merveilleux privilège.
Tout le monde a entendu parler d'un filsd'ouvrier ou d'employé quia réussi à entrer à Polytechnique ou d'un fils d'immigrés qui a décroché la première placeà l'agrégation de Lettres.
Mais ce sont là, les statistiques le prouvent, des exceptions qui ne doivent pas endormirles ennemis des inégalités.
Souvent, un système d'auto-sélection fonctionne: la crainte d'échouer après avoirproportionnellement tant investi, dans un enseignement qui ne peut en rien déboucher sur un emploi, incite à.
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