De l'exotisme à l'anticipation : essor de la science-fiction

« d'aventure qui élargissent peu à peu leur espace dramatique au-delà de la Terre et du temps présent.

L'évolution de ce secteur particulier de la littérature est caractéristique de l'époque : en gros, après 1860 et surtout après 1890 dans les œuvres de pure fiction la science commence à prendre la relève de la magie.

Ce que le merveilleux et le «féérique» des 1 79 et 18 9 siècles avaient en commun avec le fantastique ou le« frénétique» si florissants à l'époque romantique, c'était une invraisemblance en grande partie garantie par l'liypothèse d'un surnaturel : fées ou diables, évoqués ou non par quelque sorcier, les «esprits» ou des forces inconnues se voyaient attribuer la responsabilité des phénomènes insolites dont vit cette sorte de romanesque.

Quand meurt le siècle, à l'alchimiste, à l'initié, se sont substitués peu à peu le savant et le technicien.

Il s'agit d'un phénomène mondial.

Outre Wells, rappelons autour de 1900 les noms de l'Allemand Kurd Lasswitz, mathématicien et romancier (Sur Deux Planètes), du Polonais Jerzy Zulawski (Sur l'astre d'argent), de l'Américain Hugo Gernsback (Ralph 124 C41 +, 1911).

Ce recours à l'hypothèse scientifique et aux inventions d'une technologie de plus en plus audacieuse prétend s'inscrire et s'inscrit en effet d'une manière générale, dans le cadre d'un rationalisme positif (voire positiviste) ; le progrès des connaissances ne cessera de l'accentuer.

On arrivera, au cours de notre 20 9 siècle et d'abord parmi les pays anglo­ saxons (qui les premiers s'installent dans une civilisation scientiste-technocratique) à cette littérature baptisée, à l'anglaise, , -les spécialistes d'aujourd'hui disent tout simplement S-F.

On peut la définir comme un romanesque qui s'appuie sur le savoir scientifique pour tenter de cautionner l'existence du monde étrange et des héros extraordinaires dont il nous présente les décors et les aventures imaginaires.

Sur cette base, toutes.

les constructions sont possibles, avec toutes les nuances, du conte bleu au roman noir.

On peut néanmoins considérer une évolution : jusque vers 1890 l'anticipation est plutôt optimiste, c'est-à-dire que l'Homme y triomphe de la Nature et du Mystère, en accord avec le progressisme scientifique confiant dans les pouvoirs de la Raison; par la suite, alors que la civilisation connaît de dures secousses, cette nouvelle sorte. »