De l'esclavage des nègres - L'ESPRIT DES LOIS De MONTESQUIEU
Publié le 22/02/2012
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Ligne : « Il est impossible de supposer que ces gens là soient des hommes, car [sinon] on commencerait à croireque nous ne sommes pas nous-même chrétiens »à ce raisonnement contient deux présupposés : nous ne considérons pas les noirs comme des hommes, et noussommes chrétiens.
1 Le raisonnement ici enchaîne une relation logique énoncée sous forme négative et qui revient àdire : « si ces gens "là sont des hommes, alors nous nous ne sommes plus chrétiens » 2 il s'agit s'un paralogisme :comme la conclusion que j'attends est menacée par la première hypothèse, au lieu de modifier la conclusion , jemodifie mon hypothèse de départ.
Le texte met donc en évidence la mauvaise conscience des européens ainsi que le mensonge moral dans lequel ilsvivent.
C'est cette mise en accusation que nous étudions dans la seconde partie : elle trouve son fondement dansun humanisme « refoulé » et bafoué
II- Du plaidoyer au réquisitoire : la mise en accusation de l'Occident.
- La « raison » européenne-On observe que l'argumentation se déplace progressivement, et qu'elle passe desesclaves, aux esclavagistes et à leur « raison » :« On ne peut se mettre dans l'esprit que...
»« On peut juger de...
»« Il est impossible [...] que ces gens là soient des hommes.
» : le texte ne dit pas qu'il est impossible qu'ils soientdes hommes, mais qu'il est impossible que nous les supposions des hommes.
C'est la « pensé » qui est impossible pasle fait(que ce soit des hommes).à ces exemples, de façon explicite, renvoient au jugement qui fonde l'esclavagisme.Ces tournures soulignent presque le labeur de la pensée.« ne serait-il pas venu dans la tête des princes d'Europe » : cela ne traduit pas seulement la difficulté de penserune idée fausse, mais la difficulté de penser tout court.
« venu dans la tête » plutôt que dans l'esprit.
Cettetournure exprime la passivité de la pensée.- « Une preuve que les nègres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font plus de cas d'un collier de verreque de l'or, qui, chez les nations policées, est d'une si grande conséquence « les nègres n'ont pas le sens commun »à le « sens commun » est le monopoledes blancs.
Ce sens commun ne se caractérise pas par l'exercice de la Raison, mais par un vice moral, la cupidité (préférer l'or à un collier de perles)-il n'y a au fond de raison européenne qu'économique : en feignant de dénoncerl'absence de sens commun chez les nègres, l'énonciateur du texte accuse les « nations policées » d'une grandecupidité.
La Raison semble entièrement être, chez les occidentaux une raison économiqueè lien étroit entre idée decivilisation avancée (« nation policée ») et cupidité .
De même, nous avons vu que les 2ème et 3ème § dénonçaientles systèmes économiques comme mobile suprême.- Ces expressions traduisent l'effort d'une pensée non seulement laborieuse mais desurcroît fautive, erronée :- La mauvaise foi des occidentaux« Il est presque impossible de les plaindre »Le mot « presque » est de ...trop :il montre la mauvaise foi del'esclavagiste ; on pourrait les plaindre mais on ne les plaint pas.- « On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est très sage, ait mis un âme, surtout bonne, dans un corpstout noir.
»le « surtout » fonctionne comme le « presque » : c'est une dénégation d'une autre dénégation (« il n'y a pas d'âme» : s'il n'y a pas d'âme , inutile de parler « d »âme bonne ».
avant- dernier alinéa : Montesquieu met en doute la qualité de chrétiens des occidentaux.
D'ailleurs, il faut soulignerl'emploi du verbe « croire » ( « croire que nous sommes chrétiens » plutôt que « nous sommes chrétiens ») : ici, «croire » est un affaiblissement de la certitude.
Cet affaiblissement peut être décelé dans « on commencerait à croire» qui marque l'inéluctable début de la remise en cause des chrétiens par eux-mêmes.- L'accusation devient de plus en plus explicite et renonce à l'ironie et l'antiphrase.1er argument énoncé par le texte :l'Europe est génocidaire .
Dans le dernier §, l'auteur se demande comment, pourquoi on a pas fait « une convention [...] en faveur de lamiséricorde et de la pitié ».
L'invocation de la « miséricorde » et de « la pitié » 1- se fait cette fois-ci sur le modepositif affirmatif et non plus par antiphrase 2- est un appel aux sentiments d'humanité.
Appel à la compassion quicontredit le 4ème §, qui disait qu'il « est presque impossible de les plaindre ».
IL et intéressant d'étudier la progression des pronoms au fil du texte :D'abord un « je » presque fictif énoncé dans la seule introduction : on a vu que l'emploi du conditionnel « désengage» le l'énonciateur »(à « avoir à » signifie en outre que l'avocat en question est mis dans l'obligation de faire cettedéfense) .Ensuite le « on » vague du «3 ème alinea : force aveugle de l'histoire et de la violence économique .Puisle « nous » qui implique la responsabilité de chacun .Enfin , la 3ème personne des Princes etc : interpellationindirecte .Ce sont les princes d'Europe qui sont désignés et non plus un « on » vague, ou les « peuples ».Appel àl'action et de surcroît , à l'action politique : autrement dit à la responsabilité .
D'autre part, ces princes sont.
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