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DAUMAL René : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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DAUMAL René (1908-1944). L’expérience spirituelle menée par René Daumal témoigne d'un besoin éperdu d'authenticité et d’absolu, de la nécessité de recouvrer, à tout prix, une foi, un espoir, dans un monde (l’Occi-dent) qui, corrompu par le rationalisme et la pensée dogmatique, a perdu le sens du religieux. Dans le meme temps, Daumal conteste la croyance en une « révélation » qui ferait l’économie de l’expérimentation réelle, en soi-même, de la vérité. Le Grand Jeu, revue qu’il anime avec Roger Vailland et Roger Gilbert-Lecomte, manifeste essentiellement le refus du dualisme de l’être et du connaître et tente de trouver une conciliation entre l’esprit métaphysique et le matérialisme dialectique [voir GRAND jeu (le)]. Mais la métaphysique expérimentale mise en œuvre par le groupe du Grand Jeu vise un point asymptotique, exige de prendre le risque du vertige et du non-savoir, de la découverte éventuelle de l’absence

« d'être.

Sur cette voie, Daumal ne suivra qu'un temps Gilbert-Lecomte; sa rencontre, en 1932, avec Alexandre de Salzmann et, à travers lui, avec le« maître » Gurdjieff le détermine à se tourner entièrement vers l'Orient et la spiritualité hindoue.

Converti, Daumal s'attache alors résolument à l'aventure de 1'« Enseignement», qui représente pour lui « une bouée de sauvetage » (Lettre à Jean Paulhan).

Voulant transmettre son expérience et indiquer le che­ min de la vérité, il choisit le mode d'expression le plus pédagogique, le plus didactique : le conte, qui se donne à la fois comme récit d'édification métaphysique et itiné­ raire initiatique.

La Grande Beuverie ( 1938), ouvrage de pataphysique, vise à détruire les carapaces dont cherche à se vêtir l'individu et, pour ce faire, entreprend une déconstruction systématique de la manière de penser rou­ tinière; alors seulement se révèlent possibles la (re)nais­ sance et la (re)connaissance («L'éternité, c'est la param­ nésie volontaire »).

Le Mont Analogue (1952, posthume), second volet du diptyque, présente le voyage vers l'autre monde : «C'est la montagne symbolique, qui doit maté­ riellement, humainement exister, sans quoi notre situa­ tion serait sans espoir».

Le volontarisme, on le voit, n'est pas exclu, et un dualisme semble se substituer à l'autre, puisque la matière devient la «syphilis de l'éther», selon l'expression de Fargue, grand interces­ seur avec Rabelais et Jarry.

L'entreprise proprement poétique de Daumal déve­ loppe le même désir d'échapper au monde des apparen­ ces et d'enseigner.

Aussi l'évolution du poète le conduit­ elle d'une poésie-cri (le Contre-Cie/, 1936) à une poésie « consciente », gnomique.

Le poème porte en effet la seule connaissance concrète encore accessible à l'Occi­ dental.

Mais il exprime également une contradiction dif­ ficile à dépasser : point de rencontre de la Parole, qui ne peut se dire, qui peut tout juste être suggérée, et de ce qui, dans le monde, peut la manifester, mais en la pol­ luant, le poème oscille à tout instant entre le. »

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