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D'après ses odes : à la Fontaine Bellerie, à la forêt de Gastine, à son Sépulchre, à Cassandre (Mignonne, allons voir si la, rose...) déterminer les caractères de l'ode horatienne de Ronsard.

Publié le 09/02/2012

Extrait du document

fontaine

La cour - où Marot figurait parmi les seigneurs ~ avait, de bonne heure, inspiré à Ronsard la passion des lettres. Le Piémontais Paul Duc, comme lui page de Charles d'Orléans, lui apprit à goûter Horace et Virgile. Sourd, et obligé par la maladie à de longs séjours solitaires en Vendômois, il revit le pays natal à travers l'oeuvre de ses poètes préférés. Les environs de la Poissonnière lui rappelèreut Tibur et Mantoue. Même nature moyenne : coteaux bas; vallons intimes, frais ombrages. Le petit Loir et le Mincio se ressemblaient comme deux frères; la fontaine Bellerie et celle de Bandusie, comme deux soeurs. Et l'imàgination du valétudinaire peupla la campagne familière de nymphes, de dryades, voire des dieux de l'Olympe....

fontaine

« Bandusiael qu'il traduit : 0 Font~ine Bellerie! Mainte strophe est calquée sur le modèle.

Le petit chevreau de lait, A qui l'une et l'autre corne sortent du front nouvelet; la chaleur eaniculaire mvitant au repos, et le souhait d'immortalité : Tu seras sans cesse Des fontaines la princesse, sont com,.

muns aux deux poètes.

· .

Mais le Français ne copie pas servilement le Latin; il le développe, 11 mêle ses impressions aux souvenirs livresques.

Une affection sincère perce dans les vers suivants : Tu es la nymphe éternelle De ma terre paternelle.

Dans une autre strophe il glisse une confidence Près son onde je compose Caché sous tes saules vers.

Aux derniers couplets, inspirés d'Horace, il brode d'originaux et frais détails : Les « bœufs, las de la charrue :.

, l'ombre épaisse et drue ...

l' « enroué bruit :.

de la « source jazarde :.

...

· De telles expressions sont hien des trouvailles spontanées, et nous les · admirons à cause de leul' sincérité.

L'ode à la Forêt· de Gastine est, elle aussi, un heureux mélange de souve­ nirs littéraires et d'émotions vécues.

Si les premiers vers se réduisent à quelques noms antiques, régal des amateurs d'allusions, l'ensemble est une rêverie de Ronsard, sous les « ombrages verts » où, tout enfant, il aimait à folâtrer.

Aussi quelle fraîcheur d'expression 1 Couché sous tes ombrages vers Gastine, je te chante.

Comme plus tard Victor Hugo, il remercie la forêt de lui donner l'inspi­ ration : Toy qui fais qu'à toutes les fois Me respondent les Muses •..

Et n'est-ce point :une confidence toute moderne que nous livrent ces vers : En toy, Gastine, je me perds bien loin, Parlœ1t avec un livre? .

Non 1 simJ?le souvenir d'Horace demandant à Tibulle : « Les bois silen­ cieux te VOient-ils, promenant ta rêverie SOUS leur ombrage Salubre? ••• :.

Ronsard admire sincèrement, mais en humaniste, et .

c'est un des.

meilleurs services.

de l'humanisme d'avoir rappris à.

nos poètes à chanter la nature un peu délaissée depuis.

les troubadours et les.

trouvères.

Voici maintenant l'ode originale et émouvante : de· l'Election de son SéJ!ulchre.

Le poète caresse l'espoir de reP.oser dans une « isle verte :.

du LOir, en plein pays vendômois.

On saisit aisément dans ce morceau.

la marche de l'invention.

La forme y rappelle la strophe saphique; les détails sont empruntés à Properce, à Virgile, à Pétrarque, et surtout à Horace.

Les souvenirs horatïens sont comme les fondations sur lesquelles bâtit la fantaisie ronsardienne.

Les odes du maitre sont pleines du murmure des eaux et de la fraicheur des bois; celle du disciple évoque les forêts, et les · ondes « par les prés vagabondes ».

Horace fait.

danser sur son futur tom­ beau les Nymphes et les Grâces; Ronsard, pour lui complaire, paganise son âme, substitue à la Croix du Sauveur « un arbre qui soit couvert Toujours de vert » - le cyprès italique - et le lierre· et la vigne ...

Il convie à son sépulchre « les pastoureaux ».

Il les voit, faisant l'office « de leur beau sacri­ fice ».

Horace versait un vin généreux au cristal de sa « douce fontaine » et lui immolait un chevreau paré de fleurs nouvelles.

Les bergers français verseront De mainte coupe Le sang d'un agnelet Avec du· lait.

Le ciel chrétien lui-même se transforme au soume des rémi'niscences :· « La vertu ouvre le ciel aux héros dignes de l'immortalité :.

avait dit Horace.

Le « poète. »

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