Dans un parallèle succinct, comparer Lamartine, Victor Hugo et Alfred de Musset hommes et poètes.
Publié le 12/02/2012
Extrait du document
On peut préférer Lamartine, Hugo ou Musset, et cela pour des motifs personnels souvent plus que pour des raisons qui assigneraient à chacun son rang définitif dans le Panthéon littéraire. Tous trois ont eu le génie lyrique; tous trois ont laissé des chants où la jeunesse de bien des générations encore trouvera l'écho de ses propres sentiments :
Les lilas au printemps seront toujours en fleur
Et les arts éternels rajeuniront sans cesse.
«
Avant de dire les dons particuliers de Lamartine, Hugo et Musset poetes,
it convient de les placer tous trois parmi les meilleurs lyriques.
En ce
qu'il a d'essentiel et dans l'infinie variete des formes qui le revelent, le
lyrisme a pour fond le sentiment personnel porte a un degre peu commun.
Que l'excitation lui vienne d'une circonstance exterieure - une mort, une
guerre, le triomphe d'un heros, - ou qu'il naisse d'une contemplation inte-
rieure, toujours le poste chante son ame.
C'est ce que tous trois ont fait;
mais comme leur ame &fait diverse, c'est aussi ce qui donne a leur poesie
un cachet different.
Toutes les formes du lyrisme, - lyrisme personnel et lyrisme historique,
lyrisme familial et lyrisme philosophique - sont, avec des merites divers,
dans l'eeuvre de Victor Hugo.
II kale un moi desole dans A Villequier; un
moi amical et sympathique, dans A M.
de Lamartine; un moi naturel et
simple dans Aux Feuillantines; trop souvent fin moi orgueilleux comme
dans Mon enfance, Ce siecle avait deux ans et Ultima verba.
La famille,
les enfants, lui ont inspire des pieces qui comptent parmi ses plus belles; Napoleon I" semble lui avoir ate l'Achille d'une Made sparse en dix re-
cueils, demeuree incomplete, mais belle toutefois en ses fragments.
Et
toujours, c'est la force de la creation poetique et la puissance du souffle,
la magie enchanteresse d'un style color* mais non sans heurts ni dispa-
rates dans les tons, la virtuosite qui se joue des difficultes techniques et
meme les suscite, croirait-on, pour le plaisir assez vain d'en « epater le
bourgeois ».
Moins complexe est l'inspiration de Lamartine.
Il doit peu aux circonstances exterieures; dans son oeuvre, la nature
meme a moires son veritable aspect que les couleurs dont it la pare.
C'est
lui, toujours lui, melodieux et tendre, souple et un peu monotone, en ses
balancements d'un rythme egal :
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumieres?
Vains objets, dont pour moi le charme est envole?
Fleuves, rochers, forets, solitudes si cheres,
Un seul etre vous manque et tout est depeuple!
Les idees sont bien un peu toujours les memes et les demeurants d'un
autre age n'avaient pas tout a fait tort, jugeant que Lamartine manquait
de lecture, que cet « ignorant » avait peu d'idees.
Oui; mais qui done, jus- qu'a lui et apres lui, a su ecrire des vers ou si hien transpire l'ame, on
les sens sont pour ainsi dire spiritualises? Puis, a part certaines pieces on
l'imagination se complait en des raves vaporeusement sensuels, et telle
strophe et telle autre strophe on la passion est non plus spiritualisee, mais divinisee, it est chretien.
A chaque page, s'exhale en cantiques sa foi
l'omnipresence divine et a la Providence.
Pour lui, le nom de Dieu sort du concert infini des choses et des 'Ames, des montagnes et des abimes, des
joies de l'humanite et de ses larmes, de ses eras et de ses chants, du torn-
beau de la mere et du berceau de l'enfant.
On trouver le pendant de ces
poesies : le Crucifix, les Etoiles, la Priere, l'Hymne de l'enfant et son reveil,
la Benediction de Dieu dans la solitude, la Pensee des morts, l'Hymne au
Christ, le Cantique sur un rayon de soleil? Le vers coule de source, it
s'exhale sans effort comme le parfum, mais ce n'est pas la lame d'or on
d'airain forgee sur une enclume d'acier, pour en resserrer les grains et
lui imprimer des carres nettes et precises.
Lamartine semble meme se
desinteresser des questions de forme, comme s'il cut deroge a sa dignite de
gentilhomme en s'astreignant an labeur de la correction.
Pourtant it sait
aussi presenter une pensee philosophique en un style adequat et nerveux.
Ainsi, on ne pent mieux parler de la hberte de l'homme :
Libre quand it descend et libre quand it monte,Sa noble liberte fait sa gloire ou sa honte.
Quand il a depouille ce corps materiel,
Descendre ou remonter, c'est l'enfer ou le dell
•"'
* **
Avant de dire les dons particuliers de Lamartine, Hugo et Musset poètes, il convient de les placer tous trois parmi les meilleurs·· lyriques.
En ce qu'il a d'essentiel et dans }?infinie variété des formes qui le révèlent, le lyrisme a pour fond le sentiment personnel porté à un degré peu commun.
Que l'excitation lui vienne d'une circonstance extérieure - une mort, une guerre, le triomphe d'un héros, -ou qu'il naisse d'une contemplation inté rieure, toujours le poète chante son âme.
C'est ce que tous trois ont fait;
mais comme leur âme était diverse, c'est aussi ce qui donne à leur .poésie un cachet différent.
Toutes les formes
du lyrisme, -lyrisme personnel et lyrisme historique, lyrisme familial et lyrisme philosophique -sont, avec des mérites divers, dans l'œuvre de Victor Hugo.
Il étale un moi désolé dans A Villequier; un moi amical et sympathique, dans A M.
de Lamartine; un moi naturel et simple dans Aux Feuillantines; trop souvent Un moi orgueilleux comme dans Mon enfance, Ce siècle avait deux ans et Ultima verba.
La famille,
les enfants, lui ont inspiré des pièces gtli comptent parmi ses plus belles;
Napoléon J•• semble lui .avoir été l'Achille d'une Iliade éparse en dix re cueils, demeurée incomplète, mais belle toutefois en ses fragments.
Et toujours, c'est la force de la création poétiqùe et la puissance du souffle, la magie enchanteresse d'un style coloré, mais non sans heurts ni dispa rates dans les tons, la virtuosité qui se joue des difficultés techniques et même les suscite, croirait-on, pour le plaisir assez vain d'en « épater le bourgeois:..
Moins complexe est l'inspiration de Lamartine.
Il doit peu aux circonstances extérieures; dans son œuvre, la nature même a moins son véritable aspect que les couleurs dont il la par~.
C'est
lui, toujours lui, mélodieux et tendre, souple et un peu monotone, en ses balancements d'un rythme égal :
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières? Vains objets, dont pour moi le charme est envolé?
Fleuves, rochers, forêts, S{)litudes si chères, Un seul être vous manque et tout est dépeuplé!
Les idées sont bien un peu toujours les mêmes et les demeurants d'un autre âge n'avaient pas tout à fait tort, juMeant que Lamartine manquait - de lecture, que cet «ignorant» avait peu d'Idées.
Oui; mais ~ui donc, jus· .
qu'à lui et après lui, a su écrire des vers où si bien transpire l'âme, où les sens sont pour ainsi dire spiritualisés? Puis, à part certaines pièces où l'imagination se complait en des rêves vaporeusement sensuels, et telle strophe et telle autre strophe où la passion est n.on plus spiritualisée, mais divinisée, il est chrétien.
A chaque page, s'exhale en cantiques sa foi à l'omniprésence divine et à la Providence.
Pour lui, le nom de Dieu sort du concert infini des choses et des âmes, des montagnes et des abimes, des
joies de l'humanité et de ses .Jarmes, de ses cris et de ses chants, du tom beau de la mère et du berceau de l'enfant.
Où trouver le pendant de ces.
poésies : le Crucifix, les Etoiles, la Prière, l'Hymne de l'enfant à son réveil,
la Bénédiction de Dieu dans la solitude, la Pensée des morts, l'Hymne au
Christ, le Cantique sur un rayon de soleil? Le vers coule de source, il s'exhale sans effort comme le parfum, mais ce n'est pas la lame d'or.
ou d'airain f{)rgée sur une enclume d'acier, pour en resserrer les grains et lui imprimer des carres nettes et précises.
Lamartine semble m~me se désintéresser des questions de forme, comme s'il eût dérogé à sa dignité de gentilhomme en s'astreignant au labeur de la correction.
Pourtant il sait aussi présenter une pensée philosophique en un style adéquat et nerveux.
Ainsi, on ne peut mieux parler de la liberté de l'homme :
Libre quand il descend et libre quand il monte,
Sa noble liberté fait sa gloire ou sa honte.
Quand il a dépouillé ce corps matériel,
Descendre
ou remonter, c'est l'enfer ou le ciel!.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « Il y a du peintre chez Victor Hugo, de l'orateur chez A. de Musset, du philosophe chez Alfred de Vigny, Lamartine est un pur poète. Il ne suit pas de là qu'il soit le premier de tous, mais à coup sûr, il est unique. » Expliquer et discuter ces lignes de Paul Bourget ?
- Expliquez pourquoi Alfred de Vigny fut moins goûté de ses contemporains que les autres poètes romantiques, Lamartine ou Victor Hugo.
- Comparaison Ruy Blas de Victor Hugo et de Lorenzaccio d'Alfred de Musset
- D'après cette description de George Sand (au début de Valentine), vous direz quels sont certains des caractères essentiels de ses romans champêtres. Si vous ne connaissez pas ces romans. vous pourrez comparer le sentiment de la nature qui s'y exprime avec ce que vous connaissez du sentiment de la nature chez Rousseau, Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo ( en choisissant un ou plusieurs d'entre eux)
- On a dit de la poésie de Lamartine qu'elle était « la poésie de l'âme ». D'autre part, Victor Hugo a dit des Contemplations qu'elles étaient l'« histoire d'une âme », de son âme. Faudrait-il en conclure qu'on trouve et dans ce recueil et dans l'ensemble de l'œuvre de Victor Hugo une inspiration semblable à celle de Lamartine? Peut-on comparer, dans leur sensibilité profonde, l'âme de Victor Hugo et celle de Lamartine ?