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Dans un article intitulé « L'Artiste et la Société », l'écrivain allemand Thomas Mann (1875-1955) affirmait : « L'artiste est le dernier à se faire des illusions au sujet de son influence sur le destin des hommes. Dédaigneux du mauvais, il n'a jamais pu arrêter le triomphe du mal. Soucieux de donner un sens, il n'a jamais pu empêcher les sanglants non-sens. L'art ne constitue pas une puissance, il n'est qu'une consolation. » Dans le domaine particulier de la littérature, et en songean

Publié le 01/09/2012

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L'influence de l'artiste sur le destin des hommes. Si l'on se place au point de vue du grand public, l'artiste apparaîtra volontiers comme un mage, un magicien, un devin, une pythie : il éclaire le monde, et nous montre le chemin... Le gros bon sens populaire a du mal à se faire à l'idée que l'artiste puisse être un mauvais; c'est un bon génie au contraire, il pratique comme Victor Hugo, « l'art d'être grand-père «.

 

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« puissance; il n'est qu'une consolation.

» Que l'art puisse être le grand consolateur du public, relève de l'évidence première que l'art n'est pas seulement dans ce mouvement qui met du baume au cœur de l'écorché vif qu'est l'artiste.

Le public y trouve aussi son compte : l'art le console des malheurs de la vie.

Tentons de démêler dans la formulation touffue que lui donne Thomas Mann ce qu'il y a d'essentiel dans la mission de l'artiste.

Première partie L'influence de l'artiste sur le destin des hommes.

Si l'on se place au point de vue du grand public, l'artiste apparaîtra volontiers comme un mage, un magicien, un devin, une pythie : il éclaire le monde, et nous montre le chemin...

Le gros bon sens populaire a du mal à se faire à l'idée que l'artiste puisse être un mauvais; c'est un bon génie au contraire, il pratique comme Victor Hugo, « l'art d'être grand-père ».

Ou bien comme le sculpteur Rude il nous montre la Marseillaise qui elle-même guide le bon peuple et le pousse à.

une action héroïque.

L'artiste c'est aussi le grand compositeur, le musicien qui, tel Beethoven crée l'Héroïque (la rue symphonie) et nous enchante en nous montrant la voie des purs héros sans faille, sans lâcheté, sans mollesse.

Telle est la conception que le sens commun se fait de l'artiste, fanal, phare, qui tel la Liberté éclairant le monde illumine les autres hommes et leur fait comprendre où est la vraie voie.

Deuxième partie Que l'artiste n'influence guère le destin des hommes.

Que si l'on se place au point de vue du critique avisé et non plus du grand public réceptif, on se rend compte que l'artiste est plus près de la définition de Thomas Mann que de la conception qu'en a le spectateur de base, l'auditeur type, ou le lecteur moyen.

L'artiste · l est toujours plus ou moins incompris, inadapté, mal dans sa peau, peu compréhensible.

C'est un grand enfant : telle le Chatterton d'Alfred de Vigny ou le véritable Gérard de Nerval, il se suicide facilement car il est très fragile.

En revanche l'artiste peut souvent consoler des malheurs authentiques par le récit de ses petits· chagrins propres.

Nous pensons ici au passage où la « Folle de Chaillot>> dans la pièce de Giraudoux conseille au noyé (un jeune homme qui a tenté de se jeter à l'eau mais qui a été repêché in 207. »

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