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Dans son ouvrage, Le Retour du tragique (1967), Jean-Marie Domenach définit ainsi notre intérêt pour le théâtre : « Vivre une vie plus intense dans un monde où se produisent des événements et des passions extraordinaires, tel est sans doute le ressort classique de la fascination théâtrale». Vous présenterez vos réflexions en les justifiant par des exemples précis pris dans les œuvres théâtrales que vous connaissez.

Publié le 29/03/2011

Extrait du document

(Partie descriptive)    I. Événements et passions extraordinaires : pouvoir, amour, violences diverses dirigent des personnages qui vont jusqu'au bout de leurs désirs, de leurs projets et d'eux-mêmes.    (Partie plus analytique)    II. Tout ceci débouchant sur une vie plus intense du spectateur, — et vie par    personnages interposés -- > phénomène de la «projection« et de la «catharsis«.    (contrepartie ou nuances)    III. On pourrait, en revanche, concevoir une autre fascination dont le ressort ne serait plus l'extraordinaire, mais au contraire, le quotidien, le plus «réaliste«, voire le plus plat.   

« I.

Événements et passions extraordinaires : pouvoir, amour, violences diverses dirigent des personnages qui vontjusqu'au bout de leurs désirs, de leurs projets et d'eux-mêmes. (Partie plus analytique) II.

Tout ceci débouchant sur une vie plus intense du spectateur, — et vie par personnages interposés -- > phénomène de la «projection» et de la «catharsis». (contrepartie ou nuances) III.

On pourrait, en revanche, concevoir une autre fascination dont le ressort ne serait plus l'extraordinaire, mais aucontraire, le quotidien, le plus «réaliste», voire le plus plat. INTRODUCTION : On peut se demander d'où vient notre intérêt pour le théâtre, sachant que celui-ci repose essentiellement sur lefaux, sur l'illusion et sur une stylisation dont je ne suis jamais dupe; sachant aussi qu'il met en scène des gens quine me ressemblent que de très loin, dans la société, dans l'espace géographique ou dans le temps (que me «font»les «problèmes» de Phèdre, d'Œdipe, de Dom Juan, d'Hernani ou des bourgeois de Feydeau?)... La réponse ne se trouverait-elle pas dans le fait que le théâtre nous inviterait à « vivre une vie plus intense dans unmonde où se produisent des événements et des passions extraordinaires » et en conséquences entraînerait en nousune véritable «fascination»? On pourrait donc voir dans un premier temps, etc.

: reportez-vous ci-dessus à la rubrique «suggestion de plan» (ilest souhaitable d'annoncer ce plan en fin d'introduction). I.

Un roi qui se livre à une enquête « policière » et se crève les yeux au dénoue-I ment (Œdipe Roi), une forêt enmarche (Macbeth), une trentaine de morts au cours d'un festin «cannibale» (Titus Andronicus de Shakespeare), unestatue qui parle et bouge (Dom Juan), un homme qui revient des Enfers (Thésée dans Phèdre), une femme déguiséeen homme, que certains vont prendre pour ce «qu'elle est et d'autres pour ce qu'elle paraît être (Le Triomphe del'Amour de (Marivaux), les coïncidences du théâtre de Feydeau, tout, finalement, dans les textes de théâtre, nousparle d'événements hors du commun.

Or, si le théâtre a ce goût de l'extraordinaire, c'est que d'une part cela permetde « faire du spectacle », de mettre des actions sur scène, que d'autre part cela permet de transporter lespectateur dans un «ailleurs» désiré (tous les éléments matériels du spectacle jouent alors un rôle : décors ouéléments scéniques, physique et voix des comédiens, etc.).

Bref, la scène devient, non seulement le lieu de l'actionthéâtrale (plus ou moins réaliste, plus ou moins stylisée), mais aussi un lieu symbolique (dans la mesure où tout yest signe), — lieu exceptionnel qui dépasse le cadre du théâtre (pour Shakespeare, « le monde est une scène » —et le théâtre est l'univers, comme dans Le Roi Lear), où peuvent se libérer et se réaliser les passions les plusextrêmes et plus particulièrement celles qui sont étouffées dans l'univers quotidien de la réalité. II.

Dans le monde «sage» où nous vivons, les passions, sauf exceptions qui appartiennent au fait divers, sont,effectivement, dominées ou canalisées. A l'opposé, une fois de plus, le théâtre abonde en passions hors du commun, soit parce qu'elles sont en elles-mêmesmonstrueuses (celle de Phèdre, celle d'Œdipe, celle, inexplicable comme la folie du Roi Lear), soit parce qu'elles sontune sorte d'anti-nature (celle de Lady Macbeth pour le pouvoir, celle de Cléopâtre dans la Rodogune de Corneille,celle d'Agrippine dans Britannicus, toutes femmes ayant renoncé à leur féminité; celle d'Ubu, cynique et «bête»),soit parce qu'elles révoltent mon sens de l'équité et de la justice (Orgon devant Tartuffe ; tous les grands criminelsshakespeariens), soit, et ce sont les cas les plus nombreux, parce qu'elles ont le courage d'aller jusqu'au bout,jusqu'à l'absurde même (une promesse tenue : Hernani; un couple qui se réalisera jusque dans la mort comprise :Romeo & Juliette, etc.). Tout un aspect grandiose et accompli des sentiments humains, dans lequel je me reconnais, émerveillé, étonné etgrandi (les grands, monstres comme les héros vertueux ont ceci de commun qu'ils «osent» et ainsi m'éblouissent).C'est ce qui expliquerait ma fascination pour le théâtre : actualisation de ce qu'il y a en moi d'enfoui et de frustré ;réalisation par personne interposée et sans punition de tous les interdits; dépassement de mon aliénation ;purification...

Les choses sont peut-être plus complexes dans le cas de la comédie : apparemment, la fascinationviendrait d'une sorte de joie que l'on éprouverait au spectacle de personnages perdus dans des situationsembrouillées à plaisir.

Mais, ici encore, les choses sont ambigües, et il n'est pas certain que les «comédies» soient sicomiques que cela (voir la « tendance» actuelle à découvrir la gravité la plus terrible sous la légèreté apparente :cas de Marivaux et même de Feydeau). III.

Ne voir dans le théâtre que cet « extraordinaire » serait assurément le limiter à son aspect le plus excessif etignorer tout un courant qui va de Molière à Sam Shepard (L'Ouest, le vrai) en passant par Marivaux (chez qui lesintérêts les plus bassement matérialistes passent souvent avant les passions extrêmes).

Tout un théâtre donc qui. »

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