Dans son livre Au coeur du fantastique, publié en 1965, Roger Caillois réfléchissant sur le fantastique au sens large (histoires extraordinaires, contes féériques, récits de science-fiction, etc.) pense que ce dernier exprime «la tension entre ce que l'homme peut et ce qu'il souhaiterait pouvoir. » Vous commenterez ce jugement en vous appuyant sur des exemples empruntés à votre culture personnelle - littéraire, cinématographique...
Publié le 10/10/2011
Extrait du document
Les spécialistes s'accordent pour dire que la notion de fantastique
est difficile à définir, car son champ d'extension est
très vaste et ses frontières floues. Pour certains, son territoire
engloberait le merveilleux, la féerie, la poésie, pour d'autres,
l'allégorie, la fable, l'occultisme, etc.
«
tés.
Parmi les nombreuses directions que peut prendre ce thème, l'on choisira de traiter ici de la science-fiction (S.F.), pour vérifier si, comme le dit R.
Caillois, elle est l'expression d'une tension entre ce que l'homme peut et ce qu'il souhaite
rait pouvoir.
Jouer è se faire peur
Si l'articulation entre les pouvoirs réels de l'homme et les pouvoirs imaginés ne pose pas de problème de compréhension il n'en est pas de même du terme tension qui mérite une expli cation.
Le mot implique nécessairement une idée d'effort, pro duit par une forte application.
La tension peut être physique et matérielle ou psychique et spirituelle.
L'auteur l'emploie pour
caractériser une situation intermédiaire entre deux états, le réel et l'imaginaire, situation qui désignerait comme une force
d'auto-dépassement en l'homme.
Mais cette force n'est-elle pas génératrice de douleur ou de tourment 7 C'est ici que l'ambivalence du fantastique signalée plus haut (production
d'une peur acceptée) prend tout son sens.
Oui, cette tension
peut devenir fièvre et donc anxiété, voire effroi, mais générale ment, on n'y adhère que le temps de la «représentation», et l'on consent au trouble dans la mesure où l'on peut sortir à tout moment du jeu.
Le premier personnage fantastique dans une Antiquité fer
tile en dieux et héros en tous genres semble bien être Icare :
insatisfait de n'avoir reçu du créateur que deux bras et deux
jambes, il rêva de voler, c'est-à-dire d'étendre son pouvoir sur le monde.
On cannait la suite : il en mourut.
Les mythologies ne sont-elles pas les premiers exemples de participation de l'esprit humain aux frissons de l'aventure fantastique 7
La S.F.
fait surgir tout un monde de choses et d'êtres qui
nous ressemblent suffisamment pour que nous puissions y
croire, mais que l'on dote de pouvoirs extraordinaires, et qui
deviennent alors les porte-paroles de nos phantasmes : Puis que ces mystères me d~psssent, écrivait Jean Cocteau, fei gnons d'en ltre l'organisateur (Les Mari~s de la tour Eiffel).
Les thèmes de la science-fiction
Un rapide examen des grands thèmes abordés dans la S.F.
prouve l'état de tension entre ce que l'homme peut et ce qu'il projette d'être.
S'il a réalisé son rêve de voler, en revanche, il n'a pas encore acquis la vitesse suffisante qui l'autorise, comme les héros américains des années 30, à franchir mille
années-lumière en deux enjambées, ni à crever le mur de l'espace-temps (qui l'enserre comme un carcan) qui permet au.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le fantastique a toujours connu, sous la forme des contes, des légendes, des histoires extraordinaires ou de la science-fiction, un vaste succès populaire. En vous appuyant sur des exemples précis, qui pourront ne pas être uniquement littéraires, tentez de dégager quelques-unes des significations possibles de cette attirance.
- Le fantastique a toujours connu, sous la forme des contes, des légendes, des histoires extraordinaires ou de la science-fiction, un vaste succès populaire. En vous appuyant sur des exemples précis, qui pourront ne pas être uniquement littéraires, tentez de dégager quelques-unes des significations possibles de cette attirance.
- « Les histoires à dormir debout sont de celles qui tiennent le mieux éveillé », écrit Marthe ROBERT dans Roman des origines et origines du roman. Vous direz, d'après vos lectures personnelles, comment vous vous expliquez ce pouvoir des contes, des récits merveilleux, de la littérature fantastique, de la science fiction...
- Henry Miller écrit : « A quoi servent les livres, s'ils ne nous ramènent pas vers la vie ?... Notre espoir à tous, en prenant un livre, est de rencontrer un homme selon notre coeur, de vivre des tragédies et des joies que nous n'avons pas le courage de provoquer nous-mêmes, de rêver des rêves qui rendent la vie plus passionnante, peut-être aussi de découvrir une philosophie de l'existence qui nous rende plus capables d'affronter les problèmes et les épreuves qui nous assaillent. » En v
- Le fantastique exprime « la tension entre ce que l'homme peut et ce qu'il souhaiterait pouvoir»