Dans son essai sur les Personnages, Sylvie GERMAIN, romancière contemporaine, écrit :
Publié le 27/02/2008
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DISSERTATION
Sujet : Dans son essai sur les Personnages, Sylvie GERMAIN, romancière contemporaine, écrit : \"Tous les personnages sont des dormeurs clandestins nourris de nos rêves et de nos pensées\". On a souvent reproché au roman d'entretenir les rêves et les illusions du lecteur. Ce reproche vous paraît-il pleinement fondé ?
Jusqu'au XIIe siècle, la chanson de geste et la poésie lyrique dominent dans la littérature, mais progressivement, un genre nouveau fait son apparition : le roman.
De nos jours le roman reste le genre dominant de la littérature et le plus fournit car il s'agrémente toujours de nouvelles oeuvres au fil des années.
Récit en prose se distinguant de la nouvelle et du conte pour de multiples raisons, on a souvent reproché au roman d'entretenir les rêves et les illusions du lecteur.
Certaines personnes réticentes au genre romanesque ne voient en lui qu'irréalité et fiction plongeant le lecteur dans un monde imaginaire, fondé de rêves et d'illusions. Quand bien même, le roman peut aussi être perçu comme une oeuvre argumentaire ou historique basée sur des faits réels.
Dans une première partie, nous analyserons les divers éléments qui caractérisent la fiction dans le genre romanesque. Puis, dans une toute autre perspective nous nous intéresserons au fait que le roman peut aussi, à travers la société qui est la nôtre, sa politique et son histoire être un miroir de celle-ci, en nous renvoyant la réalité.
En regardant uniquement la définition du terme roman nous pouvons noter que celui-ci se caractérise par son contenu fictionnel : il s'agit donc pour lui, au premier abord, de raconter une histoire inventée, parfois dans le seul but de divertir un public. On pourra donner l'exemple de romans fantastiques et de romans d'aventures.
Revenons d'ailleurs à ces premiers qui ont pour caractéristiques \"d'introduire du surnaturel\" dans le cadre réaliste d'un récit, autrement dit l'apparition de faits inexpliqués et théoriquement inexplicables dans un contexte connu du lecteur.
Nous pouvons donc ainsi citer un genre assez récent, l'héroique fantaisie, il s'agit d'oeuvres centrées sur des aventures héroiques dans des mondes imaginaires au contexte fortement médiéval.
Parmi ces oeuvres on retrouve \"l'Assasin Royal\" écrit par Robin HOBB, où un personnage, dénommé Fitz, héritier batard de la couronne des six duchés, va devoir affronter de multiples péripéties.
Cet ouvrage pourrait donc satisfaire un désir de conquête et de puissance où par le biais d'une identification au personnage, l'auteur donne l'illusion au lecteur de vivre ses aventures.
De même que dans le roman \"Mr VERTIGO\" de Paul AUSTER où un jeune homme dénommé Walt, neuf ans gamin misérable des rues va avec l'aide de Yehundi, vivre une aventure incroyable, apprendre à voler et devenir une idole, ne laissant pas indifférents tous types de lecteurs, qui peuvent s'idenfifier au héros et s'imaginer posséder un jour les mêmes \"talents surnaturels\" que le jeune homme.
Cette notion d'identification au personnage principal est très utilisée, et cela dans la plupart des genres de romans. En effet, on la retrouve aussi dans le roman policier avec un certain dénommé \"Sherlock Holmes\" créé par Sir Arthur Conor Doyle, qui par le biais d'indices va pouvoir désigner le coupable lors de l'enquête qui lui a été confiée, le tout dans un suspens prenant. Ce procédé se retrouve dans ces ouvrages, le lecteur va en effet suivre l'enquête avec le détective par l'intermédiaire du docteur Watson, le narrateur, qui se trouve être dans l'histoire, le biographe de Holmes.
Le lecteur pourra ainsi réfléchir à l'enquête, avoir l'illusion d'y participer non comme le ferait un simple spectateur. Il peut faire appel à son intuition.
Avec le roman de Kafka nommé \"La Métamorphose\" le lecteur recherche au plus profond de son imagination, fait travailler sa mémoire, ses pensées pour pouvoir s'approprier et mettre en image la transformation en cancrelat (qui le mènera d'ailleurs à sa perte), du personnage principal Grégor Samsa. L'auteur de l'oeuvre donne l'illusion au lecteur d'être dans la peau de l'homme. Il permet à celui-ci de se transposer dans la peau de la bête et ainsi de ressentir ce qu'est l'abandon d'une famille, la perte de ce que l'on a de plus cher, de plus précieux, et la perte de son identité. (ce roman pouvant être ainsi rapproché par la perte d'identité du personnage principal à celui de Sylvie Germain intitulé \"Magnus\"
Cette notion d'illusion revient aussi dans les titres à succès comme \"Twilight\" dans lequel une jeune et jolie étudiante fait la connaissance et tombe sous le charme d'un mystérieux garçon dont elle découvrira les origines pour le moins sanguines. Dans cet ouvrage l'amour est un des thèmes dominant, les deux personnages principaux en éprouvent ce sentiment mais leur relation est impossible de par leurs origines respectives. On pourra observer le mythe du vampire beau, mystérieux et énigmatique et romantique de quoi faire rêver bien des jeunes filles qui auront l'illusion d'être Bella le personnage féminin et principal du roman. Et c'est là bien le but recherché, le rêve, l'assouvissement du désir, l'illusion d'un amour passionnel et impossible. Ainsi, la satisfaction du désir, du rêve sont aussi employés dans le roman avec par exemple les ouvrages de Voltaire, \"La princesse de Babylone\" et \"Candide\" dans lesquels les personnages principaux vont faire le tour du monde pour retrouver leur amour perdu.
Cependant le roman même étant une oeuvre de fiction ne peut avoir pour seul but d'entretenir ces rêves et ses illusions. En effet, le roman n'a d'autre source que le réel lui-même, il fait simplement un travail d'interprétation de ce réel, et parvient par le détour de la fiction à ramener le lecteur à la réalité et surtout à la réflexion sur cette réalité.
Les courants romanesques du réalisme et du naturalisme se donnent ainsi pour but de donner à voir le réel, de mettre au jour ses mécanismes et ses plus grands défauts comme le fait Zola dans \"Germinal\" avec une description très appuyée de la mine et de ses travailleurs exténués ainsi que de leur situation quotidienne. Il exécute et dresse dans ce roman une critique abhérante des inégalités entre les ouvriers de la mines dont le travail est épuisant et les bourgeois qui la dirige et qui vivent dans l'oisiveté la plus totale par le biais d'une représentation, d'une fiction de cette dure réalité.
Le roman peut aussi nous plonger dans une réalité qui choque le lecteur à travers l'horreur de la guerre, les corps mutilés, calcinés, des familles détruites, la peur panique des jeunes soldats de la première guerre mondiale dans le roman intitulé \"a l'ouest rien de nouveau\" de E. M. REMARQUE ainsi que la notion de génocide à travers le romant de Primo LEVI, \"Si c'est un homme\" racontant l'expérience de son auteur dans les camps d'extermination d'AUSCHWITZ pendant la seconde guerre mondiale. Dans cet ouvrage, Primo Levi explique, non plus à travers des chiffres, mais à travers des expériences, des émotions, la lutte et l'organisation pour la survie des prisonniers.
Ainsi à travers ces oeuvres autobiographiques réalistes, le roman rend le lecteur sensible à certaines souffrances, celles des déportés dans les camps de la mort, ainsi que celle d'une vie pendant la guerre.
De même on retrouve une sorte de satire de la société dénonçant le pouvoir de l'argent dans le roman \"BEL AMI\" de Maupassant relatant l'évolution d'un être dans un milieu aisé d'homme à femmes faciles des premières pages qui devient le bel ami des dames de haute société, et du pauvre Georges du départ devient le fortuné Georges du roi de Cantel.
Mais le genre romanesque peut aussi traduire du réalisme à travers une réflexion sur la nature humaine et ce qui fait de l'homme ce qu'il est : tristesse, amour, de la haine, douleur, malheur, bonheur, autant de thèmes et de réflexions imuables qu l'on retrouve dans le roman \"Magnus \"de Sylvie Germain dans lequel le lecteur suit la grande aventure et les péripéties de la vie d'un homme en quête de son identité.
Le roman ne tient donc pas pour seul rôle que celui de faire rêver il peut aussi faire penser en critiquant une société, une situation, une institution par le biais d'ironie et de satires. En effet, le romancier écrit très souvent parce qu'il entend donner à voir le réel à travers sa propre vision.
Nous pouvons conclure du roman, que même s'il a pour objectif de rendre compte de la réalité en denoncant les vices, les inhumanités et autres défauts de notre société, il n'en est qu'une illusion, un reflet illusoire qui a pour but de déconnecter le lecteur de cette réalité, d'assouvir ses désirs d'évasions en plongeant dans un monde imaginaire créé de son vécu, dans son fort intérieur. Ainsi, même si les romanciers réalistes et naturalistes ont veillé à créer cet effet de réel, leurs romans restent des fictions et le fruit de leur subjectivité.
Le thêatre étant lui aussi preuve d'éxagération et donc d'illusion, nous pouvons nous demandez si le genre thêatral peut modifier la vision qu'a un homme de la société.
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