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Dans quelle mesure peut-on dire de Montaigne qu'il est un humaniste ?

Publié le 29/03/2014

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montaigne

communes aux principaux courants de l'humanisme. Chaque fois qu'il est amené à porter un jugement sur une attitude morale qui lui est étrangère, l'auteur des Essais nous donne une remarquable leçon de tolérance. Il examine avec une étonnante ouverture d'esprit les arguments de ceux qui sont favorables à la torture, et la condam¬nation qu'il prononce est l'effet d'un désir constant de bonté. Il se révolte surtout contre l'aspect inhumain de ces pratiques : « A peine me pouvais-je persuader, dit-il, avant que je l'eusse vu, qu'il se fût trouvé des âmes si monstrueuses. «

Malgré ces réalités décevantes, il conservera jusqu'à la fin de son existence une profonde confiance en la nature humaine. « Nature est un doux guide, mais non pas plus doux que prudent et sage. « L'homme selon lui demeure maître de son bonheur : « La vie n'est de soi ni bien ni mal : c'est la place du bien et du mal selon que vous la leur faites. «

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« 22 MONTAIGNE certain style d'existence «à l'antique».

Sa conception d'une édu­ cation qui doit tendre à la fois à «raidir l'âme» et «les muscles» (1, 25), sa participation désintéressée aux affaires publiques, son goût de la réflexion morale, les « gaillardes escapades » du style même de ses écrits qu'il calque sur celui de Platon ou de Plutarque en offrent le témoignage.

Par son esprit critique Mais ce qui rapproche sans doute le plus Montaigne des grands huma­ nistes qui l'ont précédé, c'est surtout la qualité de son esprit critique.

Faisant preuve sans cesse d'une remarquable honnêteté intellectuelle, il a su revenir sur ses convictions premières et appliquer sa réflexion aux données essentielles de son époque, s'efforçant de repenser certains problèmes comme la torture, les guerres de religion, le Nouveau Monde, en fonction de son expérience.

Le mouvement d'ensemble des Essais semble bien s'orienter vers une approche constante de la vérité.

Mais l'attitude de Montaigne ne se limite pas à cette soif de la connaissance pour la connaissance, qui animait les grands humanistes.

II.

MONTAIGNE EST UN HUMANISTE AU SENS LARGE Il étudie Comme ceux de nos contemporains exclusivement l'homme qui se veulent humanistes, Mon­ taigne aurait pu se réclamer du vers de Térence : « Homo sum : humani nihil a me alienum puto ».

Les Essais constituent en effet, par-delà leur fin « domestique et privée », une étude approfondie de la nature humaine.

C'est sur ce point que Voltaire a insisté, en réponse aux reproches de Pascal.

Montaigne lui-même n'avait-il pas précisé que «Chaque homme porte en soi la forme entière de l'humaine condition»? Curiosité pour tout ce qui est humain Au cours de son livre il a tenté d'appréhender l'homme sous ses multiples formes.

Sa curiosité s'applique à tout ce qui porte le sceau de l'humanité.

Il voyage pour mieux connaître les hommes dans leur diversité.

Il note avec intérêt tout ce qu'il peut apprendre sur les usages des pays qu'il traverse, les coutumes des peuples qu'il rencontre.

Les légendes qu'on lui rapporte constituent pour lui autant de témoignages précieux.

Il s'interroge sur tous les grands pro­ blèmes qui engagent le destin des hommes : la pédagogie, la justice, la politique, la morale, la mort.. »

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