Dans quelle mesure les oeuvres de fiction sont-elles un outil efficace pour convaincre le lecteur ?

« 2 Ainsi ce même fabuliste extraordinaire résumera cette idée en écrivant : « Si la vérité vous offense, la fable au moins peut se souffrir ».

Illustrations concrètes des vices de la société, critique implicite de l’auteur, leçons de vie, les œuvres de fic tion sont, au-delà des apparences, porteurs d’un message que chaque lecteur est amené à saisir.

La fiction quant à elle facilitent la transmission de ce savoir en favorisant la légèreté de la lecture et en suscitant la curiosité du lecteur.

Cependant, cett e argumentation implicite s’adresse davantage aux sentiments qu’à la raison.

En s’adressant au cœur du lecteur plutôt qu’à sa raison, l’auteur qui choisit d’écrire une œuvre de fiction prend également le risque que le lecteur ne décèle pas clairement s on message.

L’auteur d’œuvre de fiction s’adresse en premier lieu au cœur de ses lecteurs, à ses sentiments.

Il cherche à susciter chez eux la compassion, la pitié, pour transmettre ses idées et son opinion.

Par exemple, Diderot dans un passage du supplé ment au voyage de Bougainville évoque l’histoire de Polly Backer, une mère de plusieurs enfants condamnée en justice.

A travers ce récit, Diderot cherche à faire naître la compassion chez le lecteur pour faire passer sa critique de la justice.

IL ne s’agit donc plus de convaincre mais de persuader le lecteur.

De plus, l’auteur qui choisit d’écrire une œuvre de fiction court le risque de ne pas être compris de ses lecteurs.

Le message n’étant pas explicite, il peut être difficile pour le lecteur de saisir tout le poids des mots, ce qui fait de l’argumentation de l’auteur, un échec.

« Je me sers des animaux pour instruire les hommes » disait le célèbre fabuliste Jean de La Fontaine.

La fiction, et en particulier les apologues telles que les fables, perm ettent en effet à l’auteur de transmettre des idées ou des valeurs morales grâce à une histoire, à caractère merveilleux dans le cas des fables, mais qui peut aussi être réaliste.

Le ton, plus léger que celui d’un essai, facilite l’accès à ces œuvres, et f acilitent par là même l’argumentation.

Et en effet, qui n’a pas lu Le Corbeau et le Renard , fable de La Fontaine ? Qui ne connaît pas le célèbre proverbe : « Pour vivre heureux, vivons caché », morale d’une fable de Florian ? La valeur didactique et le p oids argumentatif des œuvres de fictions sont en cela incontestables.

Néanmoins, elles font davantage appel aux sentiments qu’à la raison ; il ne s’agit plus alors de convaincre le lecteur mais de le persuader.

A l’opposé, l’essai, l’argumentation directe est plus difficile d’accès, voire même réservé à une élite intellectuelle, mais s’adresse directement à la raison du lecteur en cherchant à le convaincre.

Cependant, ce classement est assez simpliste et il conviendrait de le nuancer en étudiant les lien s que peuvent entretenir les différentes formes d’argumentation, directe ou indirecte, avec les genres littéraires.. »