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Dans quelle mesure Bossuet représente-t-il le Grand Siècle ?

Publié le 09/02/2012

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bossuet

 

Pour comprendre à quel point Bossuet appartient à son siècle, il n'est que d'essayer à le situer dans l'époque précédente ou dans la suivante. Impossible de le concevoir au temps de Rabelais ou de Montaigne, en ce XVIe siècle où tout bouillonne et fermente; où les esprits s'agitent dans le chaos et versent dans les monstrueux excès à la Gargantua; où les têtes « bien faites « s'accommodent de l'incertitude et se reposent nonchalamment sur le «mol oreiller du doute«. Nous ne pouvons davantage nous le représenter au siècle de Voltaire, négateur, irrespectueux, ricaneur, impie, sapant les bases de la société telle que la concevait l'évêque de Meaux....

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« -2- se forcer, de se guinder pour atteindre les hauteurs, son vol d'aigle l'y porte naturellement.

Rien de mesquin sur ses lèvres ou sous sa plume : il pense grand, il parle, il écrit grand, soutenu par la sublimité des principes auxquels une fois pour toutes il s'est attaché, et par l'élan intérieur qui est chez lui un don, mais qu'il a su maintenir par la méditation continue.

Il soulève avec lui auditeurs et lecteurs, il les surprend par ses audaces, les étonne par la soudaineté de son essor et leur laisse, avec la fierté de servir un Dieu si grand, l'impression que la seule grandeur de l'homme réside en ce service.

Ne citons que deux exemples de ce grand style : l'exorde de l'Oraison funèbre d'Henriette de France : « Celui qui règne dans les cieux ...

» et la péroraison de celle de Condé : « Venez, peuples, venez, princes ...

» Ces textes témoi­ gnent à la fois de la grandeur du siècle et de celle de l'orateur ...

.

** Un deuxième caractère essentiel de ce temps fut la prépondérance de la raison.

On n'attendit pas le «Discours de la Méthode» (1637) pour ap­ prendre à raisonner.

L'œuvre de Descartes ne fut que l'écho des préoccu­ pations intellectuelles d'une époque.

On éprouvait le besoin de sortir de l'anarchie, du désordre.

Avant l'énoncé des règles fameuses du philosophe en quête de la vérité, Malherbe avait déclaré la guerre à tout ce qui bron­ chait sur la voie du bon sens; il demandait des comptes rigoureux à Ron­ sard et à Desportes; il substituait, avec Vaugelas, à une grammaire fantai­ siste, une grammaire raisonnée, vraie logique du langage; il créait unepoésie raisonneuse et éloquente que nous retrouverons tout le long du siècle.

Balzac, avec les mêmes préoccupations d'ordre et de logique, forgeait à la sueur de son front l'instrument dont Bossuet allait se servir en virtuose.

Corneille, avocat normand, génie sublime, crée des héros raisonneurs qui analysent leurs situations, leurs sentiments avec une subtilité parfois excessive; ce parti pris de n'agir que d'après les lois de la raison en fait des êtres excep­ tionnels, au-dessus de l'humanité, sinon en dehors.

Ils accomplissent, au nom de la raison souveraine, des actes contre nature.

Le jeune Horace s'écrie, au moment de tuer sa sœur : C'est trop, ma patience a la raison fait place; Va dedans les enfers joindre ton Curiace ...

Pascal, contempteur de l'humaine raison, affirme que «le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ».

Mais il se sert comme pas un de cette raison qu'il dénigre.

Racine connaît à fond la logique des passions.

Boileau prêche la vérité, le vraisemblable, la nature, le bon sens, autant de synonymes de raison pratique.

On a dit qu'en ce temps-là tout tendait au grand.

Il serait aussi juste d'affirmer que chacun alors se conformait au précepte de Despréaux : Tout doit tendre au bon sens ...

Bossuet n'échappe pas à la règle.

Il est un des spécimens les plus mar­ quants de ces grands hommes dont le génie semble avoir été le bon sens porté à son maximum.

Ce Bourguignon robuste, capable de supporter égale­ ment les fatigues du ministère pastoral et celles de l'écrivain rivé à son bureau de travail, offre un parfait équilibre en son âme comme en son corps.

Pondéré, ennemi des excès en tout genre, adversaire de la singularité, il pointe l'oreille dès que l'erreur, même sous les formes les plus insaisissables, élève la voix.

C'est ce solide bon sens qui le pousse à combattre le protes­ tantisme, religion individualiste et, par là, le contraire même de la religfon : vraie, universelle.

C'est lui qui arme son bras contre les jansénistes trop rigoureux qui damnent même les justes et contre les casuistes trop com­ plaisants « qui mettent des coussins sous les coudes des pécheurs ».

C'est lui qui le met en garde contre les doctrines morbides du quiétisme et le. »

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