Dans Le Taureau blanc, Voltaire fait dire à la princesse Amaside: « Les contes qu'on pouvait faire à la quadrisaïeule de la quadrisaïeule de ma grand-mère ne sont plus bons pour moi (...). Je veux qu'un conte soit fondé sur la vraisemblance, et qu'il ne ressemble pas toujours à un rêve. Je désire qu'il n'ait rien de trivial ni d'extravagant. Je voudrais surtout que, sous le voile de la fable, il laissât entrevoir aux yeux exercés quelque vérité fine qui échappe au vulgaire. » Vous mont
Publié le 30/03/2015
Extrait du document
Tous les aspects des traditions romanesques sont repris par Voltaire : il en utilise les procédés et les thèmes dans un but proprement philosophique en prenant grand soin de se distancier constamment à leur égard (au risque d'être compris seulement d'une élite).
Chaque conte s'inscrit dans un projet philosophique. Micromégas apporte une leçon de relativité. Zadig essaie de résoudre le problème du destin. Candide présente un naïf confronté au scandale du mal et propose une morale de l'action. L'Ingénu dénonce la corruption du pouvoir monarchique et du fanatisme* religieux.
Conclusion. : Le conte de Voltaire emprunte à des traditions contradictoires une superstructure romanesque dont il se distancie ironiquement afin d'offrir une leçon philosophique.
Il resterait à se demander si cette distanciation* ironique n'offre pas elle aussi un « voile « derrière lequel on discerne les expériences de l'écrivain et sa vérité intérieure.
«
DISSERTATIONS LITTÉRAIRES
répond à l'attente d'un public en quête d'histoires lestes et permet de lui proposer
une morale« naturelle».
Admirateur du philosophe anglais Locke -qui se fie
à lobservation, attaque la
métaphysique* et ruine le principe d'autorité-, Voltaire considère qu'au siècle des
Lumière* un conte doit être enrichi
d'une signification philosophique.
Il -UNE DÉFINITION DU CONTE PHILOSOPHIQUE
Le « voile de la fable »
On le retrouve dans tous les contes de Voltaire, où foisonnent le merveilleux et
les miracles.
Le géant Micromégas se
déplace« de globe en globe comme un oiseau
voltige de branche en branche
».
Dans Zadig, un ermite se métamorphose en ange
qui prend son vol.
En Eldorado, Candide découvre que les pierres jonchant le sol
sont des rubis et des émeraudes.
Dans
Le Taureau blanc, on voit le roi Nabuchodo
nosor transformé
d'homme en bœuf, puis de bœuf en homme.
La « vraisemblance »
Le merveilleux des contes est apprivoisé et familier, Voltaire s'y garde de toute
extravagance ridicule.
Malgré l'incohérence objective du récit ou l'illogisme des
événements qui assaillent Zadig ou Candide, toutes les aventures finissent par
s'expliquer de façon parfaitement logique: l'imaginaire, complaisamment déve
loppé par une trame romanesque extravagante, comportant même des résurrections,
est nié
par!' exercice de la raison, qui réussit finalement à déceler la vérité, à dissi
per les ténèbres et à expliquer !'absurdité apparente.
« Rien de trivial »
Profitant de la tradition gauloise pour obtenir l'adhésion du public, Voltaire va
sensiblement moins loin dans cette voie que la plupart des conteurs du xvme siècle.
Il procède par allusions, qui éclairent sur le caractère de ses personnages: la sen
sualité de Cunégonde ou de Pangloss, l'homosexualité
du baron jésuite.
«Une vérité fin~.q~i éc.~.l11>1>~ ..
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Tous les aspects des traditions romanesques sont repris par Voltaire: il en uti
lise les procédés et les thèmes dans un but proprement philosophique en prenant
grand soin de se distancier constamment à leur égard (au risque
d'être compris seu
lement d'une élite).
Chaque conte s'inscrit dans un projet philosophique.
Micromégas apporte une
leçon de relativité.
Zadig essaie de résoudre le problème du destin.
Candide pré
sente un naïf confronté au scandale du mal et propose une morale de !'action.
L 'Ingénu dénonce la corruption du pouvoir monarchique et du fanatisme* religieux.
Conclusion.
: Le conte de Voltaire emprunte à des traditions contradictoires
une superstructure
romanesque dont il se distancie ironiquement afin
d'offrir une leçon philosophique.
Il resterait à se demander
si cette distanciation* ironique n'offre pas elle
aussi
un« voile» derrière lequel on discerne les expériences de !'écrivain
et sa vérité intérieure..
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