Dans La Métamorphose des dieux (1957), André Malraux écrit : « L'oeuvre surgit dans son temps et de son temps, mais elle devient oeuvre d'art par ce qui lui (le temps) échappe. » Vous expliquerez et au besoin discuterez cette affirmation en appuyant votre raisonnement sur des exemples précis tirés de la littérature et, éventuellement, d'autres formes d'art.

« tisserands brugeois pour peindre les tapisseries qui apparaissent dans leurs oeuvres. - Plus près de nous, au xix siècle, l'invention de la photographie libère les artistes du souci d'une représentationobjective et fidèle de la nature, l'objectivité photographique étant indépassable.

Les Impressionnistes entamentdonc une révolution picturale en renonçant à une vision géométrique, formelle de l'espace, et en adoptant uneconception subjective et intuitive. - Littérature : l'invention de l'imprimerie permet une large diffusion des oeuvres latines et grecques, qui inspirent auxpoètes de la Pléiade un retour aux sources de l'Antiquité.

La Renaissance est ainsi marquée nettement par cetteinvention. L'état des connaissances scientifiques d'une époque influence la conception du monde des artistes. - Peinture : les tableaux de la Renaissance italienne doivent beaucoup aux découvertes de l'époque sur l'anatomiedu corps humain, l'astronomie, la cartographie, la géographie.

L'exactitude de la représentation des hommes et despaysages s'en trouva considérablement améliorée. Ex.

: Léonard de Vinci, Michel-Ange, Piero Della Francesca. - Littérature : le développement des sciences humaines et celui de la psychanalyse au xx' siècle renouvellent laconception de l'être humain, dont on découvre l'inconscient.

La littérature trouve dans ce domaine une sourcenouvelle d'inspiration et de description de la réalité. Ex.

: André Breton, qui a fait des études de médecine et lu Freud, utilise l'écriture automatique et reproduit desrêves dans ses livres (Nadja ou L'Amour fou).

Les surréalistes explorent les éléments de notre vie intérieure jusque- là enfouis et s'intéressent aux psychoses. B.

L'art et la société de son temps Le rôle des artistes dans la société et le contenu de leurs oeuvres sont conditionnés par la place qu'elle leurréserve. - Soumis à un mécène qui les nourrit, les artistes chantent sa gloire. Ex.

: Michel-Ange et son protecteur le pape Jules II.

Ex.

: éloge du roi à la fin du Tartuffe de Molière. L'influence des monarques ou des chefs d'État sur l'art de leur temps. Ex.

: Louis XIV (le « Roi-Soleil »), aidé de Colbert, accroît sa renommée et l'éclat de l'État français par uneambitieuse politique artistique.

Versailles sera le symbole de cette monarchie absolue.

Des pensions sont instituéespour les principaux artistes ; les Académies sont organisées et centralisées ; le Soleil devient un thème privilégié despeintres (Le Brun...).

Comme le note Élie Faure dans son Histoire de l'art : « Toutes les créations artistiques sont déposées comme un hommage au pied du roi.

» Ex.

: plus récemment, voir l'influence de Georges Pompidou sur la conception du Centre Beaubourg, et la politique degrands travaux de François Mitterrand qui transforme notre capitale (pyramide du Louvre, Arche de la Défense,Grande Bibliothèque). C.

L'art et les idées de son temps Influence de la religion Ex.

: le catholicisme imprègne l'art du Moyen Age. Ex.

: les oeuvres de Jean Racine doivent beaucoup à la notion de prédestination et au pessimisme du Jansénisme. 2) Influence des idéologies Ex.

: le réalisme socialiste dans la peinture des pays communistes de l'Est. Ex.

: l'idéologie nazie et la représentation de la gloire d'une race aryenne parfaite, dans les sculptures d'ArnoBrecker. Dans ces régimes, les artistes ne pouvaient échapper à l'expression de l'idéologie dominante, sous peine d'êtrepourchassés comme dégénérés. Transition L'oeuvre d'art n'est pas seulement conditionnée par son époque.

Elle la reflète également et constitue un témoignage historique. Ex.

: l'évocation des salons littéraires et des salons mondains du début de notre siècle dans A la Recherche du temps perdu de Marcel Proust.. »