CYRANO DE BERGERAC (1619-1655) ET LE COURANT LIBERTIN
Publié le 29/03/2012
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Le courant libertin qui se manifeste au début du XVII° siècle est provoqué par des causes de plusieurs sortes. Les unes sont la conséquence d'une évolution historique et d'une crise sociale qui affectent la première moitié du siècle; les autres sont produites par la révolution scientifique dont Copernic avait été le promoteur dès 1550 environ; les dernières coïncident avec la poussée d'un intellectualisme antichrétien que Montaigne avait sournoisement suscité, et qui rejoint avec bien des nuances le matérialisme de Lucrèce, l'épicurisme incrédule, le naturisme de Rabelais.
La situation historique évolue dès les premières années du XVIIe siècle dans un sens qui, sous la pression des ressources considérables qu'exigent des guerres continuelles et l'appareil sans cesse croissant de l'administration, accélère le centralisme monarchique : cette concentration des pouvoirs (et des bénéfices) ne profite guère qu'à la grande bourgeoisie marchande ou de robe qui, grâce à la fortune dont elle dispose, peut acheter les charges qui lui permettent l'accession aux plus hautes dignités. D'où l'aigreur des classes bourgeoises plus modestes; d'où la tendance critique que donnent à leurs productions des écrivains, des professeurs, des pamphlétaires qui, pour la plupart, sortent de ces couches sociales: c'est leur façon de manifester leur indépendance d'esprit et leur distance vis-à-vis de l'absolutisme étatique.
«
que la Terre fût située au centre du monde dont elle était
l'âme et le cerveau.
Or l'Eglise ne pouvait admettre que la Terre ne fût qu'une
planète parmi les autres: comment expliquer, s'il en était ainsi,
que le Christ l'aurait choisie de préférence aux autres mondes,
probablement habités, pour y être supplicié en vue du rachat
de tous les hommes? L'édifice du christianisme était ainsi
menacé d'écroulement, sans compter que la théorie du mou-
vement de la Terre contredisait sur divers points les explica-
tions de la « Genèse ».
Aussi la hiérarchie ecclésiastique
condamne-t-elle en 1633 Galilée et, sous la contrainte, l'oblige-
t-elle à abjurer « l'hérésie du mouvement de la terre ».
On a vu précédemment, à propos des libertins, comment
ce divorce entre la pensée scientifique et la pensée théologique
ne pouvait que favoriser chez les penseurs une attitude ratio-
naliste, critique et sceptique.
Cette attitude atteindra même des groupes sociaux que
l'on avait lieu de croire intouchables : c'est ainsi que vers 1620
de jeunes aristocrates, rendus sceptiques par les violences
réciproques et intéressées des défenseurs de la foi, lors des
guerres de religion, adhérent plus ou moins ouvertement aux
thèses dangereuses des libertins.
Sans doute il ne faut pas voir dans cet engouement pas-
sager et contraire aux intérêts d'une classe privilégiée, le
résultat d'une conversion mûrement réfléchie à des idées anti-
conformistes : il s'agit d'un esprit de fronde, d'un défi juvénile
lancé à « l'ordre moral ».
Mais c'est la preuve de l'influence certaine dont jouit la
« secte libertine », de la faveur où les opposants la tiennent
jusque dans les milieux qui touchent à la cour.
Ainsi s'explique le renom inattendu que l'on fait, dans ces
mêmes sphères, à
Théophile de Viau,
un des rares poètes du
XVII' siècle qui ose faire appel aux ressources de l'imagi-
nation.
D'autres vont obtenir une audience plus discrète, mais
plus assurée, dans des cercles restreints où la culture est
envisagée avec autrement de sérieux.
Il s'agit de groupes consti-
tués surtout par des bourgeois « éclairés », amateurs de livres
et d'érudition, volontiers incrédules ou sceptiques, et toujours
très attentifs à ne pas se compromettre, comme
La Mothe
Le Vayer ou Naudé.
Il va sans dire que chez ces auteurs la critique des idées
religieuses est toujours enveloppée, indirecte, et que, par son
caractère érudit, elle ne s'adresse qu'à un public d'initiés.
Leur influence se trouve, de ce fait, très réduite..
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