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CROS Charles : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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CROS Charles (1842-1888). Poète et savant, Charles Cros est un Janus déroutant, un homme de fantaisie, de liberté et de surprise. On ne peut le réduire, cependant, à ces points d’interrogation qu’il chasse sur une caricature du temps, juché sur le célèbre « hareng saur ». Car le bizarre et l’incongru contribuent chez lui à la création
Alchimiste des mots et des choses
 
Le grand-père et le père de Charles Cros étaient eux-mêmes auteurs, linguistes et amateurs de littérature. Lorsque ce père, engagé à gauche, doit quitter Narbonne et son poste de professeur, il vient à Paris où son fils, tout seul et très vite, s’initie aux langues anciennes et y excelle, sans préjudice pour ses curiosités scientifiques et artistiques. En 1860, Charles Cros est nommé « aspirant-répétiteur » à l’institut des Sourds-Muets où sa conduite (un duel, notamment!) et son efficacité professionnelle laissent à désirer. D’où un renvoi, qui le laisse libre pour d’autres travaux.
 
Sur le plan scientifique, il invente un télégraphe automatique (exposé en 1867), dépose à l'Académie des sciences un pli cacheté (ouvert en 1876) à propos de « l’enregistrement et de la reproduction des couleurs, des formes et des mouvements », prolongé plus tard par une plaquette et une communication (1869); il va même jusqu’à s’intéresser aux moyens éventuels de communication avec les planètes, puis, plus tard, à la synthèse des pierres précieuses, à la photographie céleste, à l’astronomie...
 
Mais la fin des années 1860 est aussi l’époque de ses premières tentatives poétiques, orientées par des rencontres comme celles de Coppée, de Verlaine, de Villiers de L’Isle-Adam, de tous ceux qu’il croise dans le salon parnassien de Nina de Villard, devenue sa maîtresse. Bientôt Cros donne des poèmes dans l'Artiste et dans la Parodie, publie dans le deuxième Parnasse contemporain et continue même à écrire durant la guerre de 1870. Après la Commune, c’est chez lui que Rimbaud habite quelque temps, mais leur amitié ne dure pas, surtout après le départ de Rimbaud et de Verlaine — dont la femme reste l’amie de Cros.

« Avant de mourir, il publie encore la Vision du grand canal royal des Deux Mers (1888); bien après parattront les vers inédits du Collier de griffes (1908).

La fantaisie de l'ingénieur L'humour est l'originalité la plus voyante de cette œuvre, capable, selon l'avant-dernier vers du «hareng saur» (inclus dans le Coffret de santal), de « mettre en fureur les gens- graves, graves, graves ...

».

Cet humour naît en effet de la volonté de rompre avec les conventions de thème, de ton ou de forme, et on le retrouve ailleurs, dans les monologues par exemple.

Apparaissent ainsi des sources nouvelles de poésie qui vont bien avec le goût de Cros pour une certaine étrangeté mélancolique, schu­ mannieone pour prendre la métaphore musicale chère à ce poète : les manies des fous, les rues bizarres, les châ­ teaux abandonnés, les visions d'alcool, vermouth, bitter ou absinthe, tout cela définit un climat à la fois triste et gai, onirique.

Un mot revient souvent, en effet, dans les titres de Cros : « Drames et fantaisies », « Fantaisies en prose >> (deux sections du Coffret de santal), « Fantaisies tragiques» (section du Collier de griffes) ..

.

Plutôt que de l'humour de cette poésie, il faut alors parler de sa fantaisie au sens fort du terme, de son aptitude à faire surgir un autre monde de fictions et de fantasmes, de fantômes instables, de fées.

Et le rapprochement s'im­ pose ici avec la science : comme le bromure et la mem­ brane restituent la couleur et le son du passé, le poème fixe des visions, souvent bizarres et incongrues : Ma pensée est un perce-neige Qui pousse et rit malgré le froid Sans souci d'heure ni d'endroit.

« École buissonnière " (le Collier de griffes) D'où le goût de Cros pour certaines impressions impalpables, pour les parfums et les souffles, les ombres, les apparitions immatérielles.

D'où, aussi, son choix de certaines formes nouvelles ou renouvelées : la comptine, la ronde, la chanson, le poème en prose semblent capa­ bles de restituer plus fidèlement, plus sincèrement peut­ être, une émotion, une tristesse, un état d'âme.

Ainsi l'apparente simplicité se charge-t-elle d'un poids inat­ tendu, tandis qu'un autre texte « Sur trois aquatintes de Henry Cros » (le Coffret de santal) raconte le scénario d'un rêve ou d'une rêverie: dans l'une des parties, des employés de chemins de fer portent des caractères caba­ listiques sur leurs casquettes administratives; dans l'au­ tre, d'étranges personnages sortent d'un meuble en mar­ queterie, avant qu'on ne nous montre, dans la dernière section, un curieux « vaisseau-piano » :. »

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