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Crime, Malheur et Souffrance dans Phèdre

Publié le 13/04/2023

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« Le classicisme est un mouvement littéraire qui se développa en France, et plus largement en Europe, dans la deuxième moitié du XVIIe siècle.

Il désigne un ensemble de valeurs et de critères qui définissent un idéal s'incarnant dans l’« honnête homme » et qui développent une esthétique fondée sur l'idéal de perfection.

C’est cet idéal de perfection qu’on retrouve dans toutes les œuvres classiques et particulièrement dans PHEDRE.

En effet dans cette pièce de théâtre Jean Racine écrit dans la préface que : « Les moindres fautes y sont sévèrement punies.

La seule pensée du crime y est regardée avec autant d’horreur que le crime lui-même.

Les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faiblesses.

Les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont causes ; et le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font connaître et haïr la difformité.

» Thésée est ici présenté comme un héros tragique.

Phèdre a commis une véritable faute, en avouant son amour et en laissant sciemment sa servante accuser Hippolyte d'un crime qu'il n'avait pas commis.

Thésée par contre n'est pas coupable.

Il a été trompé, manipulé et trahi.

Il ne s'agit pas seulement de montrer les passions, 0mais, en même temps, que le désir est un crime.

Et qu'en pense Racine lui-même ? Ici, comme toujours, le poète est double.

Le désir est effectivement un crime pour lui, et Phèdre est sa dernière pièce avant qu'il ne devienne, la même année 1677, historiographie du roi.

Mais aussi le désir dans Phèdre proteste contre l'infamie du crime (le désir proteste seul, comme un personnage autonome de la tragédie).

Les personnages de Patrice Chéreau, eux, sont, littéralement, poursuivis par la lumière.

Les trois poursuites, venues du dispositif employé pour Dans la solitude des champs de coton (Koltès), découpent l'aire des acteurs, les signalent comme proies, rendent les machinistes intensément actifs (ce sont les dieux de ce spectacle).

Dès lors, chacun aura pour fonction d'échapper au destin qui l'enserre, de tenter le pas de côté qui l'éloignerait d'un rôle qu'il ne peut esquiver, avant d'être ressaisi par la lumière froide.

Hors scène, Hippolyte (Éric Ruf) a rencontré le monstre, et le monte-charge peut ramener son cadavre ensanglanté.

Puisque la poursuite est terminée, la lumière devient alors plus chaude, comme teintée de pleurs et de compassion : le jeune homme dénudé est enfin pris dans les bras d'une pietà coupable qui mêle la bave d'Emma Bovary au sang pur du martyr.

Et parce qu'il faut terminer par cette image, Patrice Chéreau, comme l'avait fait Luc Bondy, supprime tout espoir en censurant les derniers vers de la pièce : Thésée (Pascal Greggory), père revenu sur scène pour se tromper et punir, ne prendra donc pas soin d'Aricie (Marina Hands) puisqu'on considère ici que cette tragédie de la lumière a pour pivot Hippolyte, point de croisement de toutes les passions.

« L'œuvre de Racine est plus philosophique qu'on ne le croit ordinairement en France.

Il ne s'agit pas seulement de montrer les passions, mais, en même temps, que le désir est un crime. L'influence de Molière est sensible sur les premières Satires : la deuxième lui est dédiée ; la quatrième est adressée à son meilleur ami, l'abbé Le Vayer ; la cinquième contient un couplet imité d'une tirade de Dom Juan (à moins que Molière n'ait mis Boileau en prose) ; la troisième renouvelle le thème du « repas ridicule » : ce n'est plus le dîner manqué qui fait rire, mais le gourmand lui-même, qui se plaint d'un mauvais repas comme d'un malheur public ; le début de cette satire a la vivacité et l'imprévu d'une scène d'exposition moliéresque.

S'il a ses instants de joie, l'homme n'en est pas pour autant délivré du malheur : le malheur ne fait, pour un temps, que changer de camp.

Voici Héraclès : il approche de la retraite ; ses travaux achevés, il retrouve sa femme, ses enfants ; il a tout pour être heureux ; mais la justice attire la persécution ; une déesse encore jalouse s'acharne à le perdre ; rendu furieux, il massacre sa femme et ses enfants.

Dans Phèdre, Vénus s'acharne contre la famille de la reine, dont l'ancêtre, le Soleil, avait révélé les amours coupables de la déesse et de Mars.

La fatalité prend ainsi la forme de cette haine implacable attachée à toute la descendance du Soleil.

Phèdre est triste et malade.

Sa confidente Oenone nous apprend qu'elle va mal au point d'en oublier ses devoirs de reine, de refuser de manger, et de se laisser mourir.

Phèdre avoue quelle est cette maladie qui la ronge : elle aime Hippolyte, son beaufils. Racine réutilise le procédé de Mithridate (1673) le retour du roi qu'on croyait mort- comme axe essentiel du texte C'est le moyen d'un renversement de situation qui intervient juste au milieu de la pièce.

De part et d'autre de cet axe, Phèdre souffre Dans la première partie, alors qu'elle croit son époux Thésée disparu, sa douleur vient de son amour incestueux pour son beau-fils Hippolyte, et de l'aveu qu'elle en fait à Œnone, sa nourrice et confidente « J'ai conçu pour mon crime une juste teneur / J'ai pris la vie en haine et ma flamme en horreur » (1, 3).

Dans la deuxième partie, quand Thésée revient et qu'il fait de son amour un crime encore plus grand son mal vient de sa jalousie et de la faute terrible qu'elle fait en laissant none (excessivement attachée à sa maîtresse, objet d'horreur, être «< bas» qui ne respecte ni les lois ni les valeurs).... »

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