Correspondances de Baudelaire in les Fleurs du mal
Publié le 07/09/2013
Extrait du document
L'évolution de« L' Albatros« est attestée par des marques matérielles
(ne serait-ce que l'ajout de la troisième strophe), qui
témoignent d'une élaboration et d'un souci de perfectionnement,
mais il est d'autres poèmes pour lesquels nous ne
disposons pas de variantes, dont la forme visiblement n'ajamais
changé et dont la lecture, cependant, est appelée à varier selon
la période et le contexte auxquels on convient de les rattacher.
C'est, entre autres, le cas de l'un des poèmes les plus
célèbres et les plus importants des Fleurs du Mal, un poèmemanifeste,
«Correspondances « :
"La Nature est un Temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens."
Les deux lectures
Les éditeurs et les commentateurs des Fleurs du Mal sont
partagés quant à la date de composition de ce sonnet. Les uns
le rattachent à la période 1845-1846, les autres, comme Antoine
Adam, estiment qu'il a été écrit en 1855. Or, comme le
montre précisément Antoine Adam et comme le rappelle
Claude Pichois dans sa dernière édition de La Pléiade, la
lecture de ce poème dépend largement du moment où on le
situe dans l'évolution de la vie et de la pensée baudelairienne.
Si on opte pour les années 45-46, il faudra tenir compte de
l'influence de Hoffmann, de Balzac, d'Esquiros et de l'abbé
Constant.
Si au contraire on retient l'année 1855, il faudra interpréter
«Correspondances« à la lumière des articles que Baudelaire
écrit à cette époque sur Victor Hugo, sur Gautier, sur Poe,
ainsi que de la lettre à Toussenel dans laquelle, à propos de
Fourier, il exprime sa foi dans le principe de l'analogie universelle.
«
Les deux lectures
Les éditeurs et les commentateurs des Fleurs du Mal sont
partagés quant
à la date de composition de ce sonnet.
Les uns
le rattachent à la période 1845-1846, les autres, comme An
toine Adam, estiment qu'il a été écrit en 1855.
Or, comme le
montre précisément Antoine Adam et comme le rappelle
Claude
Pichois dans sa dernière édition de La Pléiade, la
lecture de ce poème dépend largement du moment
où on le
situe dans l'évolution de la vie et de la pensée baudelairienne.
Si on opte pour les années 45-46, il faudra tenir compte de
l'influence de Hoffmann, de Balzac, d'Esquiros et de l'abbé
Constant.
Si au contraire on retient l'année 1855, il faudra interpréter
«Correspondances» à la lumière des articles que Baudelaire
écrit à cette époque sur Victor Hugo, sur Gautier, sur
Poe, ainsi que de la lettre à Toussenel dans laquelle, à propos de
Fourier, il exprime sa foi dans le principe de l'analogie uni
verselle.
Dans le premier cas,
il s'agit simplement d'une psychologie
des sensations, de ce que l'on appelle
«les synesthésies».
Dans le second, on se trouve en présence d'une véritable
mystique de l'unité de l'homme et du monde, fondée sur les
«correspondances» et qui s'ouvre sur une notion de synthèse
des arts, chère
à Wagner.
Baudelaire citera, d'ailleurs, en
1861, dans son essai sur Wagner, les deux quatrains de son
poème
pour illustrer la théorie des correspondances qu'il
développe dans un sens philosophique et spirituel plus que
sur le plan
d'un sensualisme esthétique.
Dans les commentaires de son édition, Claude Pichois
rap pelle les références sur lesquelles s'appuient les partisans de la
première interprétation.
L'unique indice matériel irréfutable
de ces sources est, à vrai dire, une citation des Kreisleiriana
d'Hoffmann que l'on trouve dans le Salon de 1846 et dont
certains passages seront repris textuellement dans le sonnet :
«Ce n'est pas seulement en rêve, et dans le léger délire
qui précède le sommeil, c'est encore éveillé, lorsque
j'entends de la musique, que
je trouve une analogie et.
»
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