Pensez-vous, comme Bussy-Rabutin, que le personnage de la princesse de Clèves est invraisemblable ?
Publié le 30/04/2021
Extrait du document
«
I.
Thèse : Un personnage
invraisemblable .
II.
Antithèse : Un personnage humain
malgré tout ?
1.
Un personnage exceptionnel : dès sa 1 ère
apparition la PC est présentée comme un
personnage parfait, extraordinaire : par sa beauté,
par son statut social, par son éducation hor s
norme. La scène du bal produit le même effet .
Le vocabulaire mélioratif, les superlatifs sont là
pour signaler ce caractère idéal.
Le lecteur peut avoir l ’impression de se
trouver dans un conte de fée.
Idéalisation du
personnage qui peut aussi faire penser aux
ro mans baroque s ou précieux.
1.
Le comportement de la PC n’est pas
« extravagant » dès lors que l’on réfléchit à
l’éducation qu’elle a reçue : elle suit les conseils
et les leçons de sa mère, sa méfiance envers le DN
et la passion (qui explique aussi bien l’aveu que le
renoncement final) viennent de l’image des
hommes que lui a transmis sa mère .
Le comportement de l ’héroïne est finalement
très lo gique , il s’explique ratio nnellement .
On voit
à quel p oint son éducation a déterminé le
personnage.
2.
Par conséquent , elle suscite l’admiration
tout au long du roman : par ses qualités de
réflexion (elle est très lucide, n’hésite pas à se
remettre en cause et à réfléchir sur son
comportement, comme dans les monologues
intérieurs), par sa sincérité poussé e à l’extrême
qui va la conduire à l’aveu, par son choix final de
rester fidèle à son mari et de renoncer à l ’amour
alors que la société et la morale lui autorisent
d’épouser le duc de Nemours …
Le lecteur admire l es qualités morales du
personnage, qui peut alors peut -être lui servir de
modèle .
On ret rouve l ’idéal classique « placere et
docere » (plaire et instruire : la littéra ture doit
plai re mais aussi déliv rer une l eçon morale)
2.
Les sentiments éprouvés par la PC sont des
sentiments universels, que tout être humain
peut ressentir : l’amour et la jalousie pour le DN,
les remords envers son mari,…
Ces sentiments n ’ont rien d ’ « extravagant » !
Ils permettent au contraire au le cteur de
s’identifier plus fa cilement au personnage,
d’autant plus que l ’util isation de la focalisation
interne permet d ’accéder à son intériorité et donc
de vivre ses émotions, s es hésitations, son
questionnement « de l ’intérieur »
3.
Mais n ’est -elle pas u n personnage trop
parfait pour être vrai ? Peut -on croire en la
réalité de ce personnage exceptionnel ? Pour
Bussy -Rabutin elle est « invraisemblable » et
« extrav agante ».
L’aveu notamment n’est pas
vraisemblable, ni conforme à la morale de
l’époque.
La PC ne correspondrait notamment
pas à l’idéal classique (la vraisemblance est une
norme très importante au XVIIe si ècle) .
Cette idéalisation e xcessive du personnage
pou rrait avoir un autre effet négatif : ne croyant
pas en la réalité du pers onnage, le lecteur peut -il
vraiment s ’y a ttacher ?
3.
La princesse de Clèves n’est peut -être pas si
parfaite qu’on peut le penser, comme l’a
montré René Pommier dans son analyse de la
scène de l’aveu : elle ne dit pas toute la vérité à
son mari, elle fait même preuve de mauvaise foi.
Elle perd en perfection mais gagne en vérité
humaine.
C’est sans doute la raison pour laquelle
ce personnage peut nous toucher aujourd ’hui
encore .
Bilan / t ransition : Un personnage hors -norme ,
admirable, mais donc invraisemblable ? Cependant ,
si la princesse de Clèves était vraiment un
personnage invraisemblable, le roman au rait-il eu
autan t de succès , et surtout aurait -il pu traverser les
siècles ?.
»
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