Corpus : Le théâtre et sa représentation.
Publié le 21/11/2018
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Corpus : Le théâtre et sa représentation.
Nous allons étudier quatre textes présents au sein de ce corpus. Ces textes sont des extraits de pièce de théâtre et présentent un thème commun, celui du monologue. Dans un premier temps, nous étudierons dans quel but les personnages s'expriment seuls en scène.
Le premier texte est un extrait de Lorenzaccio, d'Alfred De Musset qui présente Lorenzo, seul sur scène, en train de répéter la scène du meurtre du duc. On constate que Lorenzo est seul et qu'il semble, en plein désarroi, angoissé. On le voit à l'emploi de nombreuses phrases exclamatives, interrogatives et nominales. \"Où diable vais-je donc ?\" (l. 14-15) illustre parfaitement son égarement et son état de panique. Il ne sait pas où il va mais il va droit vers le Diable, il doute sur le sens de son acte. Les tirets ponctuent son monologue alors le monologue prend la forme d'un dialogue et donne un effet de dédoublement : \" -Est-elle la bonne fille ? -Oui, vraiment. \" (l.16). Lorenzo a envi de se calmer avant de commettre le crime. On le voit grâce à la didascalie \"il s'assoit sur un banc\" (l.29). Et enfin, le jeune bourgeois est inquiet sur les conséquences de son acte sur sa mère : \"-Que ma mère mourût de tout cela, ce serait triste.\" (l.17-18), Lorenzo est anxieux. En effet, nous avons remarqué qu'ici Lorenzo s'exprime seul sur scène dans le but d'exprimer ses émotions et ses sentiments.
Le second texte, est un extrait de la pièce Les Mouches, de Jean-Paul Sartre et il présente Electre, seule sur scène, devant le cadavre d'Egisthe qui fut tué par son frère, Oreste, afin de venger son père assassiné. Electre est seule et elle extériorise ses sentiments de haine et de vengeance, en regardant le corps d'Egisthe: \"Ah ! Je l'ai voulu ! Je le veux, il faut que je le veuille encore (Elle regarde Egisthe)\" (l.2-3). \"Qu'est-ce que je voulais donc ? \" (l.12) exprime une hésitation, un doute entre un sentiment de joie suite à la mort d'Egisthe et Clytemnestre ou un sentiment de remords, qui est mis en scène par l'application du manteau sur le visage du cadavre. Ensuite la question \"Est-ce que je me suis menti pendant quinze ans?\" (l.15-16) est en rapport avec le doute, elle se demande si elle a vraiment voulu la mort de ses ennemis ou est-ce pour avoir le même avis que son frère. Ensuite, il y a une répétition de l'exclamation \"Qu'elle crie !\" (l.20), ici Electre, après avoir été prise de doute, laisse libre court à l'évocation de ses sentiments. Elle a un sentiment de haine, elle est libérée et affirme enfin son soulagement et son enthousiasme de manière intensive : \"Que m'importe ton regard de poisson mort. Je l'ai voulu ce regard, et j'en jouis. \" (l.18-19) \"Joie ! Joie ! Je pleure de joie. \" (l.20-21).
En effet, nous avons remarqué que ce monologue est un le lieu d'un questionnement qui montre le trouble intérieur du personnage, donc Electre s'exprime seule, ici, dans le but d'extérioriser ses émotions et d'exprimer ses sentiments les plus profonds.
Ensuite, dans le texte de De Musset, Lorenzo répète la scène du meurtre, il se projette dans un avenir immédiat, il visualise la scène, d'où l'emploi du futur pour les verbes : \"j'irai\" ; \"je n'emporterai\" ; \"je passerai\" ; \"il posera\". Ici, le but de la représentation du personnage seul sur scène est de dire au public ce qu'il ne verra pas, c'est-à dire le meurtre du duc.
Dans le texte de Sartre, Electre décrit ce qui se déroule hors scène, c'est-à dire le meurtre que va commettre Oreste. Electre rapporte tout ce qu'elle entend : \"Est-ce qu'elle va crier ? \"(l.1) ; \"J'attends\" (l.8) ; \"Et tout à l'heure elle va crier\" (l.9). Il y a un effet d'attente. Electre fait le lien entre le hors-scène et les spectateurs : \" Il l'a frappée. C'était notre mère et il l'a frappée. \" (l.12). Il y a ici une répétition, ce qui insiste, met en évidence que c'est un moment marquant. De plus, Electre rappelle la filiation ce qui accentue la pitié du spectateur. Le temps est l'imparfait, pour marquer l'aspect achevé de l'acte. Puis, la terreur du spectateur est renforcée par la fureur d'Electre contre ses victimes : \"L'autre est vivante.\" (l.8) ; \"J'ai voulu voir ce porc immonde couché à mes pieds.\" (l.17) ; \"ton regard de poisson mort\" (l.18) ; \"elle va crier comme une bête\" (l.10). On a vu dans cet extrait, le but de la représentation d'Electre seule sur scène, qui est de raconter au public ce qu'il ne voit pas, en l'occurrence, ici, le meurtre de Clytemnestre, car cela fait partie des règles de la bienséance dans la tragédie de ne pas représenter le meurtre sur scène.
«
En suite, le texte Le Dindon , de Georges Feydeau présente Vatelin "seul" sur scène, mêlé à un
quiproquo : il est couché, sans le savoir à coté de Mme Pinchard qui est sourde, alors qu’il croyait
que c’était sa maitresse.
Il va de quiproquo en quiproquo : "Hein ! on a ronflé là -dedans ! " (l.4) ;
"Comment, elle s’est couchée ? Ah ! non, elle est étonnante ! Rien ne la trouble ! " (l.5 -6) .
Il y a ici
erreur sur la chambre et la femme que découvre Vatelin n’est pas sa maî tresse.
Les didascalies
viennent à appuyer sur le comique de situation et font rire le spectateur/lecteur. Et enfin, Vatelin
boit un verre d’eau contenant un somnifè re et pense qu’il s’agit de poison : "De la strychnine,
comme tout à l’heure ! de la strychnine…" (l.24) , ce qui entretient le rire chez le spectateur.
On a
vu dans cet extrait, que le but de la représentation de Vatelin seul sur scène vient à développer l e
comique de situation avec ses situations cocasses.
A posteriori, dans l’extrait de Papa doit manger , de Marie N’Diaye , Mina réalise un monologue où
elle explique pourquoi elle refuse d’assister son père. Elle prend la parole au nom de sa famille :
"Nous reprocher" ; "Nous semblons" pour répondre aux accusations.
Mina, par un raisonnement
concessif, explique son abandon suivie d’une question rhétorique "Et, oui, pourquoi pas ? Mais
qu’ai -je à faire avec ce t homme -là ? (l.3 -4), qui insinue l’irresponsabilité du père vis -à-vis de ses
enfants. Elle réalise un portrait dévalorisant de son père , qui est présenté comme un homme
déchu : "Mon père est maintenant un homme sans âge à la face détruite." (l.5) ; "il es t maigre,
d’une maigreur de pauvre, raide, mal répartie, sans élégance" (l.6 -7) ; "Mon père est à plaindre"
(l.12) ; "mon père est toute contenue dans l’être insignifiant, morne, taciturne et sans manières qui
prend place à son coté dans le canapé orange." (l.22 -23 -24).
Mina réalise un portrait physique et
moral de son père. Nous avons remarqué qu’ici Mina argumente et explique pourquoi elle refuse
d’assister son père et c’est pour cela qu’elle est représentée seule sur scène.
Nous avons vu dans quel but les personnages s’expriment seuls en sc ène.
Dans certains cas
c’était pour exprimer des émotions et/ou des sentiments profonds, ou pour dire au public ce qu’il
ne voit pas ou ne verra pas dans le cas d’un meurtre , pour respecter la règle de bienséance dans
la tragédie , ou pour développer le comique de situation , ou bien pour simplement argumenter sur
une décision à prendre.
Dans un second temps, après avoir étudier dans quel but les personnages s’exprimaient seuls en
scène, nous allons voir quelle relation les protagonistes instaurent avec le public.
Dans Lorenzaccio , le public est un confident pour Lorenzo.
En se posant des questions, Lorenzo
amène le public à s’interroger sur le sens de l’acte criminel : "Et quand je lui aurais -dit mon projet,
qu’aurais -je pu y faire ?" (l.18) .
Dans Le Dindon , Vatelin commente ses faits et gestes et pense à haute voix, il fait ainsi du
spectateur son complice ou son confident.
Il s e met à nu devant le public : "commençant à se
déshabiller" (l.11) et il pose des questions au public "croyez -vous qu’elles ont des pieds" (l.13) .
Il
entraîne le spectateur dans ses péripéties : "Allez, couchons -nous" (l.18) .
Dans Les Mouches , Electre se confie au public, on peut comparer cela à une consultation chez un
psychiatre. Elle présente le cadavre au spectateur : "Celui -ci est mort" (l.3) et elle explique
clairement la situation pour que le spectateur comprenne : "Voici : mes ennemis sont morts" (l. 13 -
14).
Ici, le public est forcé d’assister aux confidences d’Electre, mais il ne peut pas être son
confident, vu l’horreur des évènements.
On a vu que ces textes mêlent tous les trois une relation d’intimité avec le public.
Ensuite, dans Lorenzaccio , il y a une sorte d’effet cathartique, libérateur dans la relation de
Lorenzo avec le public, car le personnage est seul ce qui en devient pathétique.
Le spectateur
devient donc spectateur de son désarroi : "je tombe de lassitude" (l.21) .
Dans Le Dindon , Vatelin fait rire le spectateur, qui trouve la scène absurde.
Le public voit les
quiproquos, plus que le personnage en lui -même.
La scène re ste du pur divertissement. De plus,
les didascalies viennent appuyer le comique de situation..
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