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Corinne, figure prophétique du renouveau de l'art

Publié le 11/12/2012

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Corinne, figure prophétique du renouveau de l'art Corinne a été écrit en 1805. Le roman est alors encore un genre nouveau. Il se propage aux côtés de la lecture et de l'alphabétisation, notamment des femmes, pendant le siècle des Lumières. Ce genre ne cesse de se métamorphoser, d'explorer le sujet. La marche triomphante de Corinne est un passage qui possède une dimension visionnaire qui échappe en partie aux Lumières. Et c'est pourquoi ce texte est à nos yeux intéressant. Il ne donne plus à voir la ratio, ou le dialogisme philosophique, mais une exaltation poétique et antique de la muse et de la femme propre au romantisme. Avec Corinne, Madame de Staël n'ouvre pas seulement le roman à la modernité et à la poésie, elle n'annonce pas seulement la vision d'un monde poétique mais une poétique du monde. I. Corine allait à travers Rome vers le palais du capitole. Oswald attend la venue de cette figure de l'artiste triomphante que Madame de Staël exalte comme la figure réunissant tous les talents de l'esprit et de la beauté. Le début du passage donne à entendre les voix de ceux qui, formant la foule en liesse du peuple italien, rapportent les multiples éloges évoquées à son propos. Cette masse d'individus désignée par „l'un“ ou „l'autre“ accompagne tout le long du passage la marche de Corine, et fonctionne sur un mode impersonnel et collectif qui rappelle le fonctionnement du choeur antique dans la tragédie grecque. Le choeur est morcelé par des voix qui, s'individualisant, sont juxtaposées et s'additionnent pour former un corps rassemblé autour de l'artiste et de la femme. Ce corps symbolise le corps de la cité, le peuple italien. Le morcellement des voix du choeur est rythmé par la variation d'un verbe à l'imparfait qui sert à l'énumération des différents talents artistiques du personnage. Chacun de ses talents caractérisent un domaine artistique. Il lui est attribué le don de la voix, et donc du chant et de la musique, l'art de jouer la tragédie, de danser, elle est à la fois dessinatrice et poète, et possède l'éloquence de l'esprit, talent qui caractérise la rhétorique. Corine est donc la figure de l'artiste totale. Elle renvoie à la conception antique de l'Idée tragique de l'art, Idée platonicienne que développera Aristote dans sa Poétique, et qui conçoit la Tragédie comme la synthèse de tous les arts, ce qu'affirmera également Nietzsche. Corinne est elle même donnée comme la représentation allégorique et mythologique de l'Idée d'art total dans le passage, incarne cette synthèse. Elle suggère un changement d'époque et de siècl...

« de jouer la tragédie, de danser, elle est à la fois dessinatrice et poète, et possède l'éloquence de l'esprit, talent qui caractérise la rhétorique.

Corine est donc la figure de l'artiste totale.

Elle renvoie à la conception antique de l'Idée tragique de l'art, Idée platonicienne que développera Aristote dans sa Poétique, et qui conçoit la Tragédie comme la synthèse de tous les arts, ce qu'affirmera également Nietzsche.

Corinne est elle même donnée comme la représentation allégorique et mythologique de l'Idée d'art total dans le passage, incarne cette synthèse.

Elle suggère un changement d'époque et de siècle.

Madame de Staël commence à s'éloigner de l'imaginaire encyclopédique et rationnel particulier au XVIIIème siècle.

Dans cette manière qu'elle a de faire retour à l'antiquité et à la poésie, elle invoque une conception poétique et synesthésique du monde plus proche du romantisme allemand que des lumières, et annonce le début du romantisme français.

La pensée romantique est de celle qui ouvrira la modernité à la question du mal et du sujet, à la question de l'absence de Dieu et de l'origine.

La redondance du vocabulaire mythologique pour caractériser et comparer Corinne aux figures légendaires de la mythologie antique appuie bien le fait que le personnage possède une dimension allégorique se rapportant à une origine primitive et sans archive.

Sa naissance est marquée par l'absence de lieu et de nom d'origine.

Il est dit qu'on ignore qu'elle ville d'Italie lui a donné naissance et qu'elle nom de famille elle porte.

En plus de symboliser l'Idée de tragédie comme réunion de tous les arts, elle symboliserait l'Italie comme étant le foyer imaginaire d'une naissance et d'une genèse.

En cela, elle réaffirme la dimension atemporelle, impersonnelle et immuable de l'art, dimension que Baudelaire définira et opposera à l'éphémère du changement caractérisant la Modernité.

L'éloge de Corinne en tant que figure allégorique imaginaire de la poétique antique, témoigne du culte qu'allait vouer le XIXème siècle à la poésie et à l'art en général, culte du renouvellement des formes et de l'ouverture de la modernité à la conscience d'elle-même.

II.

Corine incarne aussi ce personnage de femme écrivain moderne qui va vers son. »

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