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CONSTANT (Benjamin-Henri de Rebecque, dit Benjamin)

Publié le 23/02/2019

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constant

CONSTANT (Benjamin-Henri de Rebecque, dit Benjamin), écrivain et homme politique français d'origine suisse (Lausanne 1767 - Paris 1830). Pour l'écho-tier, c'est avant tout le joueur invétéré criblé de dettes et l'homme aux tumultueuses amours ; pour le politologue, c'est l'un des créateurs de l'idéologie libérale ; pour l'historien des religions, il est l'auteur de deux traités importants. De la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développements ( 1824-1830) et Du polythéisme romain (1833) ; pour le plus grand nombre, enfin, il est l'auteur d'un bref récit, Adolphe (1816)... Ainsi, le goût de l'éparpillement que Benjamin Constant aura cultivé sa vie durant semble aujourd'hui encore diriger le regard critique plus souvent soucieux d'éclairer un aspect particulier de la vie ou de l'œuvre que de rechercher l'unité d'une existence où l’écrit n'est peut-être que la théorisation dominée d'un vécu.

 

Un vécu qui démarre sous le signe de l'errance : ayant perdu sa mère peu après sa naissance, le jeune Constant erre au sein de sa famille avant que son père, militaire au service de la Hollande, ne se charge de son « éducation ». L'enfant erre alors de nouveau, parcourant les villes européennes, passant d'un précepteur à l'autre, découvrant le monde, le jeu et les femmes plus par instinct que par nécessité pédagogique. Ces expériences que consignera le Cahier rouge ne laissent guère augurer d'un

 

avenir stable : à l'image d'un monde que bouleversent les turbulences de l'Histoire, Constant multiplie les points de vue. Avec les femmes il connaît des bouffées amoureuses, des passions capricieuses, des aventures grotesques, des intimités intellectuelles (avec Mmc de Charrière par exemple), toutes attitudes souvent vécues avec la même personne ; même le mariage s'astreint chez lui au rythme obligé désir/rupture (Constant épousera ainsi Wilhelmine von Cramm en 1788 et en divorcera sept ans plus tard, puis s'unira secrètement à Charlotte de Hardenberg en 1808, avec laquelle alterneront phases d'enthousiasme, épisodes tragiques — la tentative de suicide de Charlotte en 1810 — et périodes d'ennui entremêlées d'infidélités nombreuses). Il est vrai que le tempérament de Benjamin ne pouvait s'accommoder longuement d'une relation qui lui imposait de n'être pas lui-même : si l'on admet avec Georges Poulet que « tout son développement mental se cristallise autour de l'image d'une passivité constante » (et de ce point de vue Adolphe serait bien la projection romanesque de Constant), la seule relation satisfaisante sentimentalement parlant (si l'on excepte la pulsion du désir fréquente chez lui) ne peut qu'être celle d'une dépendance suscitant une perpétuelle soif de liberté mais aussi l'incapacité de l'assumer. Tel fut le lien de Benjamin et de Germaine de Staël, conflictuel — nécessairement pourrait-on dire — jusqu'au déchirement, passionnel jusqu'au romanesque (on ne compte pas les adieux, les retours, les disputes, les rencontres d'un instant), pierre de touche d'une conception de l'amour fondé avant tout sur la douleur : « La grande question dans la vie c'est la douleur que l'on cause », dira l'éditeur d'Adolphe reprenant les propos d'une lettre de Constant : « Je suis convaincu que la véritable moralité est d'épargner le plus qu'on peut de la douleur... »

 

Cette généralisation de l'expérience individuelle — qui prend souvent, dans les Journaux intimes comme dans les récits, la forme de la maxime — se retrouve dans le comportement politique

constant

« de Constant.

Homme de terrain, on le retrouve à la tête du Cercle constitution­ nel en 1795, naturalisé français en 1798, au Tribunat de 1799 à 1802, opposant à Napoléon puis collabo rant avec lui pour rédiger l'A cte additionnel aux Constitutions de l'Empire, défenseur de la Charte au retour des Bourbons, res­ ponsable de la Minerve française, député de la Sarthe en 1819, puis de Paris en 1824 ..

.

Mais cette activité en apparence fluctuante n'est que la mise en œuvre d'une idéologie patiemment élaborée à travers brochures (De la force du gouvernement actuel et de la n�ces­ sit� de s'y rallier, 1796), pamphlets (De l'esprit de conq�te et de l'usurpation, 1814), traités (R�jlexions sur les Consti­ tutions, 1814; De la liberu? des bro­ chures ...

, 1814) et discours multiples.

Évolutif, le système libéral de Constant s'appuie sur deux valeurs éthiques -la liberté individuelle et le respect de la propriété -au nom desquelles se juge tout gouvernement : dès lors Constant ne peut qu'espérer de la Révolution, puis de l'Empire, de la monarchie restaurée enfin, qu'ils satisfassent ses aspirations.

D'où, comme en am our , cette relation au pouvoir, hybride d'adhésion et de refus où certains ont cru voir la marque de l'opportunisme et qui n'est en fait que la conséquence d'un désir toujours déçu.

et une écriture « classi­ que », entre un univers entièrement centré sur le sujet (et là encore Adolphe, mais aussi Cécile, le Cahier rouge mon­ trent que la seule focalisation de Constant est celle du moi-narrateur) et la volonté d'une transcription objectivée par l'élargissem ent de la réflexion.

C'est que.

pour Constant comme pour les hommes de sa génération, 11nsertion du je ne peut être vécue sur Je mode de la marginalité : le confiit de l'individu et de la société tourne encore au triomphe de celle-ci.

Adolphe n'est pas Antony ...

ou du moins pas encore.

Et finalement écrire c'est marquer les limites d'une rupture sans en assumer les consé­ quences.. »

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