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« Conjointure »et signification de l'oeuvre - Le Chevalier à la charrette de Chrétien de Troyes

Publié le 06/08/2014

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« Conjointure «et signification de l'oeuvre

Le terme même de « conjointure « apparaît sous la plume de Chrétien de

Troyes dans le Prologue de son premier roman, Érec et Énide; !'écrivain

déclare à cette occasion qu'il« tire d'un conte d'aventure/ une très belle

con jointure«. On a abondamment discuté cette formule dans un effort pour

déterminer la valeur de ce concept nouveau .

« E X P 0 S É S F l C H E S autres sentiments, et le pousse à de telles extrémités qu'il en devient presque ridicule.

Cependant, cette exagération dans son comportement est présentée constamment comme une vertu dans l'optique courtoise : Gauvain peut bien être le modèle du chevalier courtois en général, Lancelot l'emporte infiniment sur lui et devient le modèle du« fin'amant »,aux dépens de deux autres codes essentiels du XII° siècle.

« Fin'amor », chevalerie et religion Le premier est le code chevaleresque : Lancelot, en se pliant à tous les désirs de sa dame, va parfois contre ses propres intérêts et sa propre renommée en tant que chevalier : lorsqu'il combat« au pire » lors du tournoi, lorsqu'il monte dans la charrette d'infamie sans se soucier de sa réputation.

Cette disproportion entre une conduite chevaleresque classique et l'attitude du «fin' amant» Lancelot provoque un certain nombre d'effets comiques.

Il en va de même pour le second code, qui est encore plus important dans le sys­ tème médiéval, puisqu'il s'agit du code religieux.

Un chevalier est avant tout chré­ tien.

Or, La Charrette démontre, par le biais de plusieurs scènes dont la portée mo­ rale n'est pas diminuée par l'humour du style, qu'en matière de courtoisie, la religion passe au second plan, et qu'un véritable amant ne saurait avoir d'autre Dieu que sa dame : à deux reprises, en particulier lors de la scène du peigne et plus tard lors de la nuit d'amour, la dévotion de Lancelot à l'égard des cheveux de la reine, puis de son corps même, manifeste combien l'amour courtois du héros, en empruntant les formes de la religion, est proche d'un véritable sacrilège .

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Ill -LA DIMENSION MESSIANIQUE Le Pays dont on ne revient pas Dès l'ouverture du roman, il est manifeste que les enjeux du récit sont doubles: d'une part, bien sûr, ce qui est en cause, c'est l'enlèvement et la délivrance de la reine -et pour les personnages principaux, c'est l'essentiel.

Mais d'autre part, il y a de longue date un lourd contentieux entre les royaumes de Logres et de Gorre, et la crise déclenchée par Méléagant porte non seulement sur le sort de Gue­ nièvre, mais sur celui de tous les prisonniers du royaume « dont on ne revient jamais », qui attendent depuis longtemps leur libération.

Comme souvent, en effet, Arthur semble s'être peu soucié du destin de ses sujets, et cette indifférence va être réparée dans le cours de La Charrette : Lancelot est constamment désigné et acclamé comme le sauveur de tous les prisonniers, pas seulement de la reine.

Il semble que deux niveaux de récit donc coexistent dans toute la première par­ tie du roman, jusqu'au combat avec Méléagant qui entérine la victoire de Lancelot et la libération de tous les habitants de Logres jusqu'alors contraints à l'exil.

Sans doute, le conte primitif présentait cette structure messianique* « simple » sur la­ quelle est venu ensuite se greffer le motif plus moderne de la quête amoureuse.

Ainsi s'explique la présence d'éléments qui n'appartiennent pas directement à l'his­ toire des amours de Lancelot et de la reine: par exemple l'épreuve du Lit périlleux, la visite du cimetière futur, et peut-être même l'épisode-clé de la charrette d'infa­ mie, bien que celle-ci soit récupérée par la suite dans le cadre de l'histoire courtoise.

Conclusion: Que l'on prête davantage d'attention à la trame narrative mes­ sianique* ou au récit courtois, La Charrette répond à l'exigence du temps, selon laquelle un roman ne se limite pas à un «conte d'aventure » dis­ trayant, mais doit être doté à un autre niveau d'une « senefiance »profonde.. »

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