Confessions de Rousseau: Livre IV (pp.211-212) : «Je n'ai pas promis d'offrir au public un grand personnage ( ... ) mais c'est de ne pas tout dire, et de taire des vérités. »

« Le passé composé sert à exprimer des moments antérieurs à la réflexion auto­ biographique menée par Rousseau.

En cela il souligne un aspect accompli et s'oppose au présent(« En lui détaillant[ ...

) tout ce que j'ai senti, je ne puis l'induire en erreur » ).

Les deux seuls emplois du futur offrent à Rousseau l'occasion de jouer le pro­ phète et d'exprimer une forte certitude.

6.

Comment l'auteur des Confessions procède-t-il pour faire découvrir sa vérité au lecteur ? (2 pts) Rousseau, au lieu de se décrire, cherche à expliquer ses comportements et ses sentiments en remontant à leur genèse et en dévoilant leur origine.

Se refusant à définir lui-même sa singularité, il transpose sur le lecteur la responsabilité de se for­ ger une vision de l'auteur : « Le résultat doit être son ouvrage.

» Cet appel au juge­ ment d'une conscience extérieure conduit l'autobiographe à « tout dire », c'est-à­ dire à proposer les nombreuses pièces d'un puzzle qu'il appartient au lecteur de trier et de mettre en place:« C'est à lui d'assembler ces éléments et de déterminer l'être qu'ils composent.

» Sa volonté affirmée d'éviter le défaut qu'il reproche à Mon­ taigne -faire son apologie -conduit Rousseau à recourir au lecteur pour faire res­ sortir sa transparence.

7.

Pourquoi les contemporains de Rousseau n'ont-ils pas compris le projet littéraire des Confessions ? (4 pts) Les contemporains de Rousseau n'ont pas compris Les Confessions parce qu'ils étaient habitués à des Mémoires dont l'auteur -un personnage célèbre - se présen­ tait comme spectateur ou auteur des événements de son époque.

Rousseau propose au contraire l'introspection du fils d'un simple artisan genevois qui retrace l'évolu­ tion de sa personnalité.

Rousseau bouleverse aussi la conception traditionnelle des premières années de l'enfance, considérées par ses contemporains comme peu dignes d'intérêt : il y découvre l'origine des complexes et des troubles de la personnalité de l'adulte, devançant de plus d'un siècle la psychologie de Freud.

Enfin, Les Confessions mettent en question la notion classique de littérature : l'intérêt n'est plus centré sur l'œuvre, mais sur l'auteur, et de plus un auteur qui s'en remet au lecteur pour découvrir le sens de son œuvre.

8.

Étudier et discuter la conception du mensonge présentée dans le second paragraphe.

(4 pts) Rousseau a reconnu lui-même dans les Rêveries que les lacunes de sa mémoire ne le préoccupaient guère quand il a écritLes Confessions et qu'il a menti en s'accu­ sant avec trop de sévérité ou en embellissant les événements.

Il avoue dans le texte ne pas hésiter à « trop dire ou [ ...

) dire des mensonges ».

L'addition de détails vrai­ semblables ne lui paraît pas mensonge, car Rousseau confond volontiers souvenir et imagination.

En revanche, l'omission volontaire relève pour lui du mensonge.

En fait, le but de Rousseau n'est pas de raconter sa vie, même s'il applique aux Confessions bien des règles du genre romanesque.

La vérité n'est pas dans l'image représentée, mais dans la présence du moi, dans la trace de son âme.

L'œuvre ne doit pas reproduire un être extérieur, mais constituer progressivement l'unité de Rous­ seau.

Dès lors que l'authenticité découle de la spontanéité, l'invention n'outrage pas la vérité.. »