Conclusion sur La Chute de Camus
Publié le 14/08/2014
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Les années qui suivent la publication de La Chute sont, pour Camus, celles de la consécration définitive tout comme elles marquent, pour son oeuvre, la possibilité d'un nouveau départ.
Le 16 octobre 1957, alors qu'il dîne au restaurant, Camus apprend que l'Académie suédoise vient de lui décerner le Prix Nobel de Littérature. Il reçoit la nouvelle comme un choc. Le Prix est sans doute la plus haute consécration qu'un écrivain puisse connaître. Agé de quarante-quatre ans seulement, Camus devient l'un des plus jeunes lauréats et voit son nom s'inscrire aux côtés de celui de maîtres prestigieux tels que Gide ou Faulkner. La presse du monde entier salue son oeuvre. Lorsque Camus prononce à Stockholm son discours d'acceptation — un modèle du genre — il peut avoir le sentiment légitime de figurer maintenant dans le grand livre de l'histoire littéraire mondiale.
Mais la médaille a son revers. Le prix rassure moins Camus qu'il ne l'inquiète et le plonge plus profondément dans le doute. En 1957, il traverse une crise véritable. Ecrire lui semble de plus en plus difficile et il

«
confie à son ami, le poète René Char: «Je n'ai rien fait
pendant cet été sur lequel je comptais beaucoup pour
tant.
Et cette stérilité, cette insensibilité subite m'affec
tent
beaucoup».
L'Académie suédoise aurait-elle cou
ronné
un écrivain fini? C'est en tout cas ce qu'avec
perfidie susurre une bonne partie de
la presse fran
çaise.
L'histoire plus récente nous en donne au moins
un autre exemple : si les journalistes parisiens se déso
lent régulièrement du peu d'intérêt que le jury Nobel
manifeste pour notre littérature,
ils sont les premiers à
«assassiner» dans leurs articles les lauréats français.
Camus sortira affecté d'une campagne de presse qui
ravive les souvenirs douloureux de
L'Homme révolté.
A cela s'ajoute que, se retrouvant brutalement sur le
devant de la scène, Camus se voit mis en cause pour sa
position dans la crise algérienne.
On l'accuse de déser
tion
et de trahison.
A l'occasion d'un débat organisé à
Stokholm, Camus est violemment pris à partie par un
militant de la cause algérienne prétendant s'exprimer
au nom du F.L.N.
L'écrivain a alors cette réponse
célèbre dont l'ambiguïté ne contribuera peut-être pas à
clarifier sa position :
«J'ai toujours condamné la terreur, je dois condam
ner aussi un terrorisme qui s'exerce aveuglément, dans
les rues d'Alger par exemple, et qui un jour peut frap per ma mère ou ma famille.
Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice.»
La gloire plonge donc Camus dans la solitude, le
doute et la détresse au moment même où la maladie
s'apprête à le frapper à nouveau.
Progressivement, ce
pendant, l'horizon se dégage.
Camus peut compter sur
la joie et le plaisir que lui procure le théâtre et surtout,
il se remet à écrire.
II travaille désormais à un nouveau
roman intitulé
Le Premier Homme.
II s'agirait là du
livre de sa maturité, une sorte
d' «éducation sentimen
tale» qui relaterait à la fois l'existence de son auteur et
l'épopée algérienne.
Camus avait ainsi le sentiment et
la volonté de renouer avec la lumière
et l'inspiration.
»
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