Conception du pouvoir dans Antigone
Publié le 06/09/2018
Extrait du document
Enfin, Créon décrit avec force comment le métier de roi demande des décisions à un
autre niveau que le niveau individuel : « on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans
le tas ! Cela n’a pas de nom. », « la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom » et « Il
n’a plus de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom […] Il n’y a plus que le bateau qui ait un
nom et la tempête » sont des exemples de ce changement de niveau. Quand il s’agit de sauver
l’Etat, on ne peut plus s’arrêter sur un nom ou une amitié personnelle ; la répétition « plus de
nom » montre le côté inhumain, en apparence, du rôle du roi.
Nous avons montré que l’Etat est ici présenté sous forme d’un bateau, face aux dangers
qui le menacent. La tempête, l’équipage et le capitaine sont autant d’éléments qui renvoient
à l’Etat, aux dangers qui le menacent et aux personnes qui le composent. Par cette
image, Créon veut faire sentir l’urgence d’agir puisque les dangers sont nombreux.
Créon essaie de persuader Antigone en présentant la situation comme une situation de
crise, en lui faisant comprendre qu’elle n’est pas assez mûre pour bien réagir et en insistant
sur l’impossibilité de poursuivre des intérêts trop personnels quand l’enjeu est d’un autre ordre,
celui de tout un Etat.
«
dangers sont nombreux et que beaucoup d’énergies s’opposent à la bonne marche du bateau.
Nous nous demanderons maintenant comment Créon essaie de persuader Antigone.
La persuasion est une forme d’argumentation qui agit sur les sentiments de
l’interlocuteur : ses attentes, ses craintes, contrairement à d’autres formes d’argumentation qui
se situent plus dans le domaine de la logique.
La didascalie initiale, ligne 14, montre comment
Créon essaie de persuader Antigone avec une certaine force, d’abord physique, puis verbale :
« la secoue soudain, hors de lui » fait comprendre que face à la résistance d’Antigone, Créon
utilise maintenant
des moyens plus forts.
L’indication « hors de lui » souligne la force des
paroles qui suivront.
En effet, quand on regarde la ligne 14, on retrouve le ton véhément de Créon grâce à la
ponctuation : « Mais bon Dieu ! Essaie […] petite idiote ! ».
Les points d’exclamation et le
juron « bon Dieu », mais aussi l’expression « petite idiote » montrent que Créon parle dans le
but de briser la résistance d’Antigone, en lui faisant peur pour qu’elle cède.
Les mots « petite
idiote » rabaissent Antigone, font d’elle une enfant face au roi, ce qui peut l’intimider.
La dernière
phrase du passage va dans le même sens : « Est-ce que tu le comprends, cela ? » puisque
Antigone est présentée comme une enfant trop jeune encore pour comprendre les vrais enjeux
importants.
De la même manière, Créon décrit la situation de l’Etat comme s’il y avait danger
d’une catastrophe : « c’est plein de crimes, de bêtise, de misère », « cela prend l’eau de toutes
parts » (ligne 16).
L’évocation imagée de l’Etat, livré à une tempête et menacé de l’intérieur
par les citoyens renforce cette idée d’une catastrophe, devant laquelle il faut réagir.
Créon se
décrit lui -même comme étant le seul ou un des seuls à prendre ses responsabilités : « Il faut
pourtant qu’il y en ait qui disent oui.
Il faut pourtant qu’il y
en ait qui mènent la barque.
» La
répétition « Il faut pourtant » renforce le caractère urgent et nécessaire de son action ; difficile
pour Antigone ensuite de le critiquer, puisqu’il se positionne en tant que protecteur responsable.
Créon tente également de persuader Antigone en lui montrant qu’être roi n’est pas
toujours un rôle agréable et qu’il faut prendre des décisions cruelles.
Cela fait référence à la
situation d’Antigone, menacée d’une peine de mort parce qu’elle n’a pas respecté la loi.
Ici
s’opposent intérêt individuel et intérêt de la collectivité, de l’Etat.
Créon critique les préoccupations
trop personnelles, qui n’ont plus beaucoup de valeur quand l’Etat est menacé :
« Crois -tu, alors, qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire « oui » ou « non »,
de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un
homme après ? » (lignes 21 à 23).
« Faire le raffiné » critique ceux qui ne pensent qu’à leurs
préoccupations personnelles devant le « gros » danger qui menace l’Etat ; les autres questions
(« si on pourra encore être un homme après », entre autres) ridiculisent l’hésitation de ceux
qui ne voient pas la nécessité d’agir.
Créon s’en prend ici directement à Antigone, qui a agi
parce qu’elle ne peut pas s’écarter de
ses sentiments.
Enfin, Créon décrit avec force comment le métier de roi demande des décisions à un
autre niveau que le niveau individuel : « on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance.
Dans
le tas ! Cela n’a pas de nom.
», « la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom » et « Il
n’a plus de nom.
Et toi non plus, tu n’as plus de nom […] Il n’y a plus que le bateau qui ait un
nom et la tempête » sont des exemples de ce changement de niveau.
Quand il s’agit de sauver
l’Etat, on ne peut plus s’arrêter sur un nom ou une amitié personnelle ; la répétition « plus de
nom » montre le côté inhumain, en apparence, du rôle du roi.
Nous avons montré que l’Etat est ici présenté sous forme d’un bateau, face aux dangers
qui le menacent.
La tempête, l’équipage et le capitaine sont autant d’éléments qui renvoient
à l’Etat, aux dangers qui le menacent et aux personnes qui le composent.
Par cette
image, Créon veut faire sentir l’urgence d’agir puisque les dangers sont nombreux.
Créon essaie de persuader Antigone en présentant la situation comme une situation de.
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