Conception de la tragédie dans Antigone d'Anouilh
Publié le 23/01/2020
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Et pourtant l’idée que se fait Anouilh de la tragédie n’est pas très différente en apparence de celle du poète grec, et il a tenu à l’exposer dans sa pièce même.
A trois reprises, le personnage qu’il appelle au début le Prologue puis le Chœur intervient dans Antigone, un peu comme l’avaient fait « l’Annoncier » dans Le soulier de satin de Claudel et le jardinier dans Électre de Giraudoux. Le Prologue, comme l’Annoncier, explique la pièce et présente les personnages; le Chœur, comme le jardinier, expose au nom de l’auteur sa conception de la tragédie, et vient tirer enfin la morale de l’histoire.
Dès le début, nous avons été prévenus : cette histoire, célèbre depuis quelque trois mille ans, l’auteur ne va pas se donner le ridicule de la découvrir. S’insérant dans un mythe antique, il ne prétend pas davantage en modifier le déroulement. Tout ce qu’il demande, c’est que les acteurs jouent le jeu : « Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. » Et que chacun joue son rôle jusqu’au bout. Car « Les jeux sont faits 1 » et il n’y a rien à faire. On dirait presque que le Prologue éprouve un cruel plaisir à tout nous annoncer à l’avance, la mort d’Antigone, la mort d’Hémon, et à ne pas laisser la moindre chance à l’espoir. Tant pis pour nous ! Il faudra chercher ailleurs que dans la surprise l’intérêt du spectacle.
C’est au milieu de la pièce, au moment où les gardes viennent d’arrêter Antigone - c’est le moment de la « crise » -,
1. C’est îe titre d’un scénario de Sartre.
«
L
que le Chœur, porte-parole de l'auteur, vient nous dire dans
un style familier, et quelquefois en jouant sur les mots, ce
qu'il pense de la tragédie.
• «.
C'est propre, la tragédie.
C'est reposant, c'est sûr ...
»
(p.
161).
Propre? Sans doute à la façon des « retombées ''
des explosions atomiques ! Reposant et sûr? Oui, comme la
mort inéluctàble.
Dans son langage où abondent les adjectifs
à double sens (.
»
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- Dans Antigone Anouilh fait dire à l'un de ces personnage : « et puis surtout, se reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il y a plus d'espoir ; qu'on est pris, enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et qu'on a plus qu'à crier – pas à gémir, non, pas à se plaindre – à gueuler à pleine voix ce qu'on avait à dire, qu'on avait jamais dit et qu'on ne savait même pas encore, et pour rien, pour se le dire à soi, pour apprendre . » Cette définition de la tragédie peut-elle
- C’est reposant, la tragédie, parce qu’on sait qu’il n’y a plus d’espoir. Jean Anouilh in Antigone
- « C'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu’il n'y a plus d'espoir, le sale espoir ; [...] et qu'on n'a plus qu'à crier [...] à pleine voix ce qu'on avait à dire, qu'on n'avait jamais dit et qu'on ne savait peut-être même pas encore. Et pour rien : pour se le dire à soi. Dans le drame, on se débat parce qu'on espère en sortir. C'est ignoble, c'est utilitaire. Là, c'est gratuit. C'est pour les rois. » Jean Anouilh, Antigone, le Choeur. (1942). Dans quelle mesure cette célèbre déf
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- Vous commenterez la conception du tragique que nous propose Jean Anouilh dans la préface de ses œuvre : « Finalement, c'est reposant la tragédie parce qu'il n'y a plus d'espoir, de sales espoirs… D'une manière ou d'une autre les jeux sont faits ». Vous commenterez la définition tu tragique en vous inspirant de vos lectures personnelles.