COMMYNES Philippe de : sa vie et son oeuvre
Publié le 22/11/2018
                             
                        
Extrait du document
 
                                L'art d'un moraliste réaliste et habile
Cette œuvre frappe d’abord par le réalisme et le goût de la précision, des nuances, que l’on retrouve partout : dans sa politique et sa sociologie, qui se fondent sur la méchanceté, la cupidité et la déloyauté des hommes; dans sa psychologie, que ne dupent pas les apparences mensongères; mais surtout dans son style, éloquent à l’occasion, mais le plus souvent dense et nerveux, débarrassé des fioritures inutiles, refusant les jugements abrupts, les formules définitives, riche en réserves et limitations. Ce style procède à la fois d’un goût profond de l’exactitude, condition de la réussite, et de la volonté de persuader en donnant l’impression de ne rechercher que la vérité. De là, le refus d’un style luxuriant à la Froissait, des comparaisons et des assimilations prodiguées par Chastelain et Molinet, pour ôter aux princes une auréole de grandeur qu’ils ne possèdent pas et pour respecter la vérité : proche de Montaigne, Commynes est très sensible à l’originalité irréductible de chaque être et de chaque situation. Au plus, des images rares et discrètes, souvent ironiques, des termes précis et des détails concrets, de nature à entraîner l’adhésion. Cette volonté d’aller au plus près de la vérité, ce refus de tous les artifices, par ce souci de respecter la vérité à l’égard de tous, en toute liberté d’esprit, font que Commynes ne donne jamais l’impression de démontrer. De surcroît, il a senti que, pour donner l’illusion du vrai, en restant fidèle à la vérité, il fallait respecter l’ambiguïté du monde. Aussi l’œuvre demeure-t-elle souvent ambivalente, et l’art de l’auteur n’y est pas étranger : il reproduit les jugements d’autrui sans indiquer sa propre pensée, il s’en tient à des pronoms indéfinis, il renvoie dos à dos deux adversaires, tel ou tel passage est susceptible d’une double interprétation, en sorte que nous ne pouvons plus deviner quels sont ses sentiments à l’égard des personnages évoqués.
COMMYNES Philippe de (1447-1511). Dès que l’on s’interroge sur la vie, la pensée politique et l’art de Com-mynes, on est frappé par l’étonnante complexité de l'homme, du penseur et de l’écrivain. Aussi s’explique-t-on qu’il ait suscité une vive attention et des jugements contradictoires depuis la première édition de ses Mémoires en avril 1524. Hanté, selon Ronsard, par le souci de la vérité, il fut un traître répugnant aux yeux de Voltaire, hésitant à dire ce qu'il savait même après la mort de Louis XI. Montaigne le jugea modeste, Walter Scott, vaniteux. Anti-Machiavel pour Innocent Gentillet, un des classiques de la pensée politique au xvic siècle, « notre Machiavel en douceur » selon Sainte-Beuve, intellectuel pur d’après Marcel Arland mais paysan pour Henri Pourrat, on l'a comparé à Polybe, à Thucydide, à Plutarque, à Tacite, à Holbein, à Talleyrand, à Paul-Louis Courier.
Né dans une famille de hauts fonctionnaires bourguignons, il perd tout jeune son père; de graves difficultés financières limitent son éducation. Au service du duc de Bourgogne, il participe à la bataille de Montlhéry (1465), aux négociations qui la suivent et aux expéditions punitives contre les villes belges révoltées. Conseiller et chambellan de Charles le Téméraire, il aide, lors de l’entrevue de Péronne (1468), à tirer Louis XI des griffes de son vassal. Il continue à accomplir pour le duc des missions à l’étranger : à Calais (1470), en Angleterre (1471), en Bretagne, puis en Espagne (été 1471). Au cours de ce dernier voyage, il passe par la cour de France et accepte de changer de camp. Il le fait dans la nuit du 7 au 8 août 1472. Louis XI ne lésina pas sur le prix, lui accordant une substantielle pension, des biens considérables, le mariage avec une riche héritière, des titres; surtout il fit de lui un ministre tout-puissant.
Mais cette situation exceptionnelle dura moins de cinq ans; peu après la mort du Téméraire (janvier 1477), Com-mynes, supplanté par d’autres favoris, tomba dans une sorte de demi-disgrâce, et il fut envoyé tour à tour à Dijon, à Florence, en Piémont. Revenu à la cour, mais sans avoir retrouvé sa puissance, il défendit les intérêts italiens et assista au vieillissement, puis à la mort de Louis XI (août 1483).
S’il joua un rôle aux États généraux de 1484, il dut restituer sa principauté de Talmont aux La Trémoille qui en avaient été injustement dépossédés. Il complota avec Louis d'Orléans contre les Beaujeu, les régents, mais il échoua complètement : chassé de la cour, emprisonné de janvier 1487 à mars 1489, condamné le 24 mars 1489 à l’exil dans une de ses propriétés et à la confiscation du quart de ses biens, il se retira à Dreux.
Gracié, il demeura suspect. Pendant l’expédition d’Italie (1494-1495), il représenta Charles VIII à Venise; il ne put empêcher la formation contre le roi de la Sainte Ligue. Il assista à la bataille de Fornoue, conclut le traité de Verceil. Il échoua dans de nouvelles missions diplomatiques à Venise et à Milan; aussi, revenu en France, fut-il rejeté au second plan.
La montée sur le trône, en 1498, de Louis XII, jusqu’alors duc d'Orléans, n’apporta aucun changement pour lui : éloigné des affaires publiques, occupé à plaider contre des vassaux ou des voisins, il termina ses jours le 18 octobre 1511.
La chronologie des Mémoires
Commynes rédigea les cinq premiers livres des Mémoires en 1489-1490, au sortir de prison; il leur ajouta, en 1492-1493, le sixième. Quant aux livres VII et VIII, consacrés à l’expédition de Charles VIII en Italie, ils datent, le premier, de la fin de 1495 et du début de 1496, le second, de la fin de 1497 et de 1498. Commynes commença de rassembler et de rédiger ses souvenirs sur Louis XI à la demande d’Angelo Cato, archevêque de Vienne, Napolitain entré au service de Louis XI vers 1476 comme médecin et astrologue. Il n'est donc pas étonnant qu’à l’occasion il flatte Cato et ménage ses amis. Mais, au fur et à mesure qu’il avançait, ou peut-être même dès le début — soit que l’œuvre ne fût destinée qu’à procurer des documents à Cato, soit qu’elle acquît très vite son autonomie —, Commynes eut conscience de la possibilité qui lui était offerte d’exalter son rôle, voire de se venger. Il pouvait à tout le moins orienter ou déformer quelque peu l’histoire. En fait, il poursuivit ses Mémoires après la mort de Cato et, de temps à autre, il s’adressa directement aux princes. Il semble aussi qu’il ait pris goût à l’écriture.
 
                                «
                                                                                                                            Le 
poids  de la trahison 
L'abandon  de Charles  le Téméraire  fut pour  Commy
nes  le fait  capital  de sa vie,  d'autant  plus important  qu'il 
fut  un traître  à ses  yeux  et  aux yeux  des autres,  et qu'il 
ne  cessa de  se le reprocher,  plus ou moins  consciemment.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Il  s'efforça  de prouver  qu'il avait eu raison  de changer 
de  camp,  n'étant  pas certain  d'avoir  le droit  pour lui.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il 
ne  cessa  de Je reprocher  au Téméraire  et à Louis  XI,  qui 
l'avaient  amené à trahir,  le premier  par son  emportement, 
son  entêtement  et sa  parcimonie,  le second  en l'alléchant 
par  des  promesses  et de  l'argent,  puis en le contraignant 
à  franchir  le pas  décisif.
                                                            
                                                                                
                                                                     La défection  eut dans  la vie  et 
les  réflexions  du mémorialiste  un grand  retentissement, 
comme  le montrent  plusieurs  faits.
                                                            
                                                                                
                                                                    Des digressions  lui 
permettent  d'élimjner Je mois  d'août  1471, au cours 
duquel  il promü  sans doute  à Louis  Xl de le rejoindre.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il 
signale  sa venue  à la  cour  de France  par une  seule  phrase, 
qui  est précédée  de pages  où il présente  les défauts  et 
les  crimes  du Téméraire  et suivie  de l'étude  d'un cas 
semblable,  celui de Lescun,  qu'il invite  à juger  plus 
grave.
                                                            
                                                                                
                                                                     Quant à ceux  qui ont joué  un rôle  dans  sa défec
tion  ou dans  le"> actes  qui en ont  découlé,  il ne  les  cite 
que  pour  les critiquer,  afin sans  doute  d'éloigner  de 
l'esprit  du lecteur  tout soupçon  de collusion  entre ces 
gens  et lui.
                                                            
                                                                                
                                                                     ou leur  reproche  d'avoir facilité la conclusion 
d'un  accord  qu'il considère  maintenant  comme une faute 
et  comme  une erreur.
                                                            
                                                                                
                                                                     Car, en changeant  de camp,  il 
croyait  faire une bonne  affaire  au double  point de vue 
politique  et financier,  c'est-à-dire  se créer  un fief  dans 
l'ouest  de la France  (Talmont.
                                                            
                                                                                
                                                                     Argenton)  et inspirer  le 
comportement  de Louis  XI.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or, après  cinq années  heu
reuses  de toute-puissance  (1472-1477), ses espoirs  com
mencèrent  à être  déçus.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Pour  se fondre  dans la masse,  Commynes  persuade 
peu  à peu  son lecteur  que la trahison  est un fait  universel 
dont  ses Mémoires  constituent  une véritable  anthologie.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Il  s'acharne  à découvrir,  puis à suggérer  dans la vie  de 
chacun  le signe  d'une  traîtrise,  jetant le doute  sur des 
gens  qui passaient  pour des  modèles  de loyauté  (Pierre 
de  Brézé)  ou des  ennemjs  de Louis  Xl (Hastings),  ou qui 
étaient  morts sans avoir  eu le temps  de changer  de camp 
(Humbercourt  et Hugonet).
                                                            
                                                                                
                                                                     Il démontre  en douceur  que 
certaines  défections  ont été plus  graves  que la sienne 
(Lescun,  Crèvecœur),  que grands  et petits,  hommes  et 
femmes,  clercs  et laïcs,  Français  et étrangers,  individus 
et  collectivités,  familiers et ambassadeurs  des princes 
ont  trahi,  trahi>sent  ou trahiront.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il n'y  a pas  dans  son 
univers  de héros  fidèle  jusqu'à  la mort.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Tl  semble  aussi que l'abandon  du pays  natal  et de  son 
duc  soit  resté  comme  une plaie  saignante  au cœur  de cet 
homme  qui se couvrit  le visage  d'un  masque  d'impassi
bilité,  au point  de tromper  nombre de commentateurs.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Après  avoir wmpu  ces premiers  liens, il demeura  un 
déraciné  et  un  >olitaire.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Sa  défection  a donc  déterminé,  pour une bonne  part, 
son  attitude  à l'égard  du duc  de Bourgogne  qu'il avait 
abandonné.
                                                            
                                                                                
                                                                     Peu à peu,  il parvient  à nous  convaincre  qu'il 
a  eu  raison  de quitter  ce premier  maître.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si l'on  considère 
la  réussite  militaire  ou politique,  le Téméraire  a désolé 
sa  maison,  ruiné les efforts  de ses  prédécesseurs,  étant 
constamment  inférieur à Louis  Xl dans  la conduite  de la 
guerre  et  la négociation.
                                                            
                                                                                
                                                                     La bataille  de Montlhéry  (1465) 
et  le siège  de Beauvais  (1472) témoignent  qu'il ne fut 
pas  un grand  capitaine,  et  ses fautes  sont énumérées.
                                                            
                                                                                
                                                                     Peu 
importe  le succès,  dira-t-on,  s'il a été  le «patron  de 
chevalerie » (Molinet).
                                                            
                                                                                
                                                                     Commynes  démontre que le  duc, 
héros  exemplaire  de ce monde  sournois  et dur,  a été 
orgueilleux,  impitoyable et  cruel,  déloyal  et parjure.
                                                            
                                                                                
                                                                     Son 
comportement  criminel lui valut  d'être  abandonné,  puis 
châtié  par  Dieu, qui lui ôta  l'intelligence.
                                                            
                                                                        
                                                                     N'est-ce pas suggérer 
que Commynes  avait  eu raison de fuir  celui  que 
le  ciel  allait  frapper? 
Son  attitude  en face  de Louis  XI est  plus  complexe.
                                                            
                                                                                
                                                                     11 
veut  que l'on  voie  en lui un  homme  reconnaissant  pour 
les  bienfaits  reçus, et tout  autant  un esprit  libre.
                                                            
                                                                                
                                                                     D'autre 
part,  comme  il a préféré  Louis XI au Téméraire,  le pre
mier  doit apparaître  supérieur au second;  mais il ressent 
de  la rancœur  envers le roi,  qui ne lui  a pas  conservé 
jusqu'au  bout une faveur  entière,  en sorte  qu'il  ne mas
que  pas certaines  fautes ou faiblesses.
                                                            
                                                                                
                                                                     De surcroît,  il lui 
faut  passer  pour un bon  serviteur  de l'État  jouant  un 
grand  rôle dans  l'élaboration  des succès  royaux.
                                                            
                                                                                
                                                                     Enfin, 
il  illustre  une idée  qui lui est  chère  : les  princes  ne 
sont  pas des  images  de Dieu,  ils n'échappent  pas aux 
vicissitudes  de la condition  humaine, ne connaissant  ni 
perfection,  ni bonheur,  ni grandeur.
                                                            
                                                                                
                                                                     Aussi trace-t-il  un 
portrait  assez véridique  de Louis  Xl, encore  que sa criti
que  s'exerce  surtout sur les périodes  qui vont  d.e 1464  à 
1472  et de  1477  à 1483,  quand  il n'a  pas  ou n'a  plus 
d'influence  sur la politique  royale.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Enfin,  Commynes  essuya aussi des échecs.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il com
mença  à dicter  ses Mémoires  juste après  avoir  connu 
la  prison  pour avoir  participé,  pendant la minorité  de 
Charles  VUI, aux complots  des orléanistes  contre les 
Beaujeu.
                                                            
                                                                                
                                                                     Traçant son propre  portraü,  il voulut  faire 
oublier  ses insuccès  et effacer  la méfiance.
                                                            
                                                                                
                                                                     Aussi tend-il 
à  montrer  qu'on  a intérêt  à l'employer- n'est-il pa 
habile,  prudent,  bien informé,  supérieur  à ses  contempo
rains?  -et qu'on  peut l'employer  sans crainte,  car il 
est  fidèle,  dévoué  jusque dans les plus  petites  choses, 
soignant  Louis Xl comme  un humble  valet de chambre.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Mais  il faut  éviter  de simplifier  un auteur aussi intelli
gent  que Commynes  qui a un  sens  aigu  de l'ambiguïté et 
de  la complexité  d'un réel difficile  à saisir  dans sa tota
lité,  dont  la connaissance  précise est nécessaire  à la  réus
site  politique.
                                                            
                                                                                
                                                                     Aussi est-il nuancé  et prudent,  au point  de 
nous  laisser  souvent  le choix  entre deux interprétations.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Un  portrait  lucide des princes 
Sa  lucidité  s'est  exercée  sur l'uillvers  et le comporte
ment  des princes,  hommes  comme nous,  écartant tous les 
masques  du faste  princier,  tournois,  ordres de chevalerie, 
comparaisons  élogieuses, pour montrer  les rapports 
réels.
                                                            
                                                                                
                                                                     Les fils haïssent  leurs pères,  les trompent,  les 
emprisonnent,  le,s tuent;  les exemples  ne manquent  pas 
en  France,  en Ecosse,  au duché  de Gueldre.
                                                            
                                                                                
                                                                     Partout 
règnent  la déloyauté,  l'envie, la cupidité,  la méfiance,  la 
haine,  comme  le montrent  des thèmes  privilégiés  : les 
princes  accordent  à contrecœur  l'hospitalité  à des  alliés 
malheureux  qui ne se sentent  pas en sécurité  chez eux; 
beaucoup  ont usurpé  leur trône;  les mariages  font l'objet 
de  tractations  misérables  ou sont  imposés par  les circons
tances;  des  engagements  solennels ne sont  pas tenus;  les 
rencontres  entre princes  sont dangereuses  et n'apportent 
qu'inimitié  et méfiance.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il en  est  de même  dans les rap
ports  avec les  sujets  : pas  de confiance  ni d'affection.
                                                            
                                                                                
                                                                    
mais  chacun  s'efforce  d'affaiblir  l'autre.
                                                            
                                                                                
                                                                    Égoïstes  et 
déloyaux,  les maîtres  font fi du  bonheur  de leurs  sujets, 
ou  à la  fin  de leur  vie, et trop  tard,  quand  ils redoutent  la 
mort.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ils  ne connaissent  le bonheur  ni dans  la jeunesse  ni au 
sommet  de leur  puissance,  dévorés par des  soucis  sou
vent  injustifiés  ou bien  contraints  à l'exil,  ou terrorisés 
par  le succès  de leurs  ennemis,  ou humiliés,  emp rison 
nés,  exécutés.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ils souffrent  par leurs  enfants.
                                                            
                                                                                
                                                                     Que dire de 
la  fin  de  leur  vie?  Commynes  suit pas à pas  les  effets  du 
vieillissement  chez Louis  XI, et décrit  les horreurs  de la 
mort  qui est toujours  la plus  cruelle  possible.
                                                            
                                                                                
                                                                     Dieu ne les 
épargne  pas : il  rend  coup  pour coup  et châtie  durement 
les  coupables..
                                                                                                                    »
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