Commentez et discutez cette appréciation de Fernand Gregh au sujet des « Contemplations » : « Hugo y a passé définitivement du romantisme, du roman-tisme qui n'était qu'un moment littéraire, à l'humanisme éternel des grands classiques. »

« VICTOR HUGO Madame Bovary et que Les Fleurs du Mal, occupent une place privilégiée dans la vie de leur auteur, presque au milieu de la période de son activité créatrice.

Ce livre apparaît par bien des aspects comme la manifestation suprême du romantisme.

Cepen­ dant, comme nous le fait remarquer Fernand Gregh, il dépasse ce qui ne fut qu'un «moment littéraire», à la fois par sa signi­ fication et par la qualité de sa forme, rejoignant peut-être ainsi «l'humanisme éternel des grands classiques».

1.

LE ROMANTISME DES «CONTEMPLATIONS» Une application des procédés Il est légitime de considérer de la versification romantique les Contemplations comme une illustration du roman­ tisme.

Les poèmes groupés dans ce recueil obéissent à une conception de la versification qui se fit jour dans les lettres fran­ çaises aux environs de I 820.

Le principe fondamental de ce nouvel art poétique était celui de la liberté, par réaction contre les contraintes implacables imposées au vers classique.

Victor Hugo a réuni là des textes de factures très diverses.

Les mètres utilisés tour à tour varient, à l'intérieur même d'une seule pièce, s'adap­ tant à l'idée qu'ils expriment.

Le rythme est extrêmement souple, transfigurant l'alexandrin d'une évocation à l'autre : il se fait ample, équilibré, solennel lorsqu'il doit suggérer le spectacle de Paris sous la nuit : «La haute Notre-Dame à présent qu'elle Juit, C'est l'ombre ayant deux tours, le silence et la nuit»; il se fait badin et primesautier Iorsqu 'il peint le printemps : « Premier mai.

L'amour gai, triste, brOlant, jaloux Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups.

» Le goût des images vives et des rencontres hardies d'impressions est aussi l'un des traits originaux de la poésie romantique.

Victor Hugo semble avoir eu une prédilection particulière pour les contrastes expressifs associant curieusement les sensations aux idées comme dans la description de cet « intérieur » misérable : « Un beau soleil couchant, empourprant le taudis, Embrasait la fenêtre et le plafond, tandis Que ce couple hideux, que rend deux fois infâme La misère du corps et la laideur de l'âme, Étalait son ulcère et ses difformités.

» (Les luttes et les rêves). »