Commentez et discutez ces propos de Montesquieu : «Aujourd'hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde — ce qu'on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières.»
Publié le 22/02/2011
Extrait du document
■ L'œuvre de Montesquieu est connue de l'élève. Dans ce cas, il la présente brièvement. Les Lettres persanes décrivent le voyage de deux Persans en Europe. Le spectacle qu'ils rencontrent les étonne souvent. Il contraste avec ce que l'éducation parentale et magistrale leur avait appris de ces pays. La liaison peut être ainsi établie avec la citation. ■ Le candidat ne connaît pas Montesquieu. Mais il a étudié des textes qui se rapportent à l'éducation : des pages de Montaigne, Y Emile de Rousseau. Il constate que la réflexion se porte souvent sur le rôle du maître. L'intérêt de la citation proposée est alors de rappeler l'existence d'autres sources d'apprentissage : «nos pères«, «le monde«.
«
l'expérience le fait de façon beaucoup plus désordonnée.
La famille cherche souvent à modeler la personnalité del'enfant en fonction de ce qui « devrait être » ; le monde en fonction de ce qui est.L'idée principale de Montesquieu est que les parents et les maîtres, d'une part, le monde, d'autre part, agissent defaçon contradictoire : «ce qu'on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières ».
La pratiquedément la théorie : dans la forme, mais aussi dans le contenu des enseignements.
L'écart entre les deux premièreséducations et la troisième crée souvent une angoisse.
Dans A l'ouest rien de nouveau de E.
M.
Remarque, toute lagénération de 1914 constate le fossé qui existe entre l'enseignement et la réalité : «ils écrivaient, ils parlaientencore et nous, nous voyions les ambulances et les mourants».
La cruauté de la guerre anéantit les principesmoraux, les idéaux édulcorés.
Avec les premiers morts, les premiers bombardements s'écroulent les conceptionsinculquées.
Sous une autre forme, Candide, dans le conte de Voltaire, découvre peu à peu combien les leçons dePangloss ne correspondent pas à la réalité.
« Tout est bien dans le meilleur des mondes.
» disait le martre, et notrejeune héros ne rencontre que guerre et misère.
Devant une telle dissonance le jeune homme se retourne contre sesmaîtres : Vallès invective les lycées, les collèges qui n'ont su le préparer à la vie.L'opposition peut également se manifester entre les parents et les maîtres.
Montesquieu n'en parle pas et elle neprend pas la forme tragique que nous venons d'évoquer : des principes s'affrontent, on reproche à l'un trop depermissivité, à l'autre trop de contraintes.Différentes, opposées, ces formations sont-elles nécessairement dissociées? Sans perdre leurs spécificités, lesenseignements pourraient se compléter : les parents ainsi que les maîtres ne vivent pas dans un univers clos.
Ilssont également confrontés au monde.
Cette situation rejaillit sur le contenu de leur enseignement.
L'école reflète lesvaleurs de l'époque.
En ce sens, une convergence existe entre les trois éducations.
CONCLUSION
Il est temps, dans la conclusion, de porter un jugement sur les trois éducations.
La formation qui résulte de la famillea ceci de particulier qu'il s'y mêle une forte part d'affectivité.
Dans l'école il existe aussi (penser à l'admiration d'Alainpour son maître Jules Lagneau) un lien entre professeur et élève, mais c'est l'apprentissage méthodique qui lacaractérise.
Quant à l'expérience personnelle, elle a le prix du vécu.
CITATIONS
« Qui suit un autre, il ne suit rien.
» Montaigne.
«Jette mon livre, dis-toi bien que ce n'est là qu'une des mille postures possibles en face de la vie.
Cherche latienne.
» André Gide, Les Nourritures terrestres (Nouméa / 1977)..
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